Le zloty polonais ne nous convainc pas

“Il n’y a aucun projet d’adopter la monnaie unique européenne en Pologne “, a récemment déclaré le Premier ministre polonais. ” Il est préférable d’en rester au zloty. L’introduction de l’euro en Pologne n’est pas envisageable avant vingt ans “, poursuit-on à Varsovie.

Menace d’un ” Pexit ”

Si la Pologne a adhéré à l’Union européenne en 2004, le gouvernement polonais n’a aucune hâte à mettre le zloty (PLN) de côté. Adam Glapinski, le gouverneur de la Banque nationale de Pologne (BNP) a ajouté qu’aucun grand État membre ne devait être obligé d’abandonner un pouvoir décisionnel sur des questions vitales comme l’unité monétaire nationale. Dans les années 2000, la plupart des États membres voyaient l’introduction de l’euro comme un honneur. Mais le constat que chaque État membre avait dû résoudre lui-même sa propre crise de la dette a eu raison de la foi dans l’euro.

Bruxelles et Varsovie sont en opposition frontale sur plusieurs dossiers ces derniers temps. Au point que l’on craint aujourd’hui un ” Pexit “. Bruxelles trouve la Pologne ingrate : elle doit avant tout sa prospérité actuelle à l’UE, mais ne veut plus faire preuve de la moindre solidarité. Il y a d’ailleurs peu de domaines dans lesquels la Pologne n’est pas en désaccord total avec Bruxelles. Quelques exemples marquants (la liste n’est pas limitative) : le climat, les migrations, l’énergie, la politique sociale, le commerce, la protection de la nature.

Nouveau système de retraite

En Pologne, les femmes peuvent prendre leur retraite à 60 ans, les hommes à 65 ans. L’abaissement de l’âge de la retraite était une promesse des conservateurs actuellement au pouvoir. Le gouvernement a ainsi aboli une mesure antérieure visant à porter l’âge de la retraite à 67 ans pour les deux sexes. Elzbieta Rafalska, la ministre de la Famille, du Travail et de la Politique sociale, espère que de nombreux Polonais décideront de différer leur pension et de continuer à travailler malgré les nouvelles règles. La législation polonaise en matière de pensions est contraire à la directive de l’UE. Celle-ci stipule que l’âge de la retraite doit être identique pour l’homme et la femme.

Peu de dettes étrangères

Le Fonds monétaire international (FMI) a déjà mis la Pologne en garde contre un dérapage du déficit budgétaire et a conseillé à Varsovie de rester sous les 3 % du produit intérieur brut (PIB). La Pologne devrait mettre en réserve la hausse des recettes fiscales au lieu de la dépenser. Le gouvernement polonais pense qu’il sera difficile, sinon impossible, de maintenir le déficit budgétaire sous les 3 % du PIB fin 2017. La dette publique totale du pays fluctue autour de 50 % du PIB, et sa dette étrangère est relativement faible par rapport à celle d’autres États membres de l’UE.

Selon le Bureau central des statistiques polonais, l’économie polonaise a enregistré une croissance de 4,0 % sur une base annuelle et en termes réels au premier trimestre 2017. Mais le FMI prévoit un ralentissement à 3,6 % d’ici la fin de l’année. La Commission européenne est sur la même ligne. Ses prévisions en matière de croissance économique s’établissent à 3,5 % pour l’ensemble de 2017. Mais elle table sur une croissance de ” seulement ” 3,2 % pour 2018.

Le marché du travail est performant et la Commission européenne prévoit un recul du chômage de 5,2 % en 2017 et de 4,4 % en 2018. Sur une base annuelle, l’inflation s’élevait à 1,89 % en septembre. La Banque nationale de Pologne pronostique une légère hausse de l’inflation, mais elle ne dépasserait pas 2,5 % fin 2019.

Pas d’enthousiasme excessif

En mai dernier, Moody’s a maintenu la note A2 de la Pologne et a relevé les perspectives à ” stables “. Moody’s estime que le climat d’investissement ne s’est pas détérioré sous la férule du parti Droit et Justice (PiS), arrivé en pouvoir en 2015. Standard & Poor’s avait dégradé la note de la Pologne de A- à BBB + et abaissé les perspectives à négatives en janvier de l’an dernier. Le ministre polonais des Finances avait qualifié d’incompréhensible cette baisse de la note. L’agence de notation a à présent laissé la note de la Pologne inchangée à BBB +, mais a relevé à ” stables ” les perspectives du pays.

Les obligations polonaises de bonne qualité sont plus rémunératrices que les obligations en euro. Cela les rend intéressantes : pour les titres à cinq ans et plus, le différentiel de taux peut dépasser les 2 %. Mais évitez tout enthousiasme excessif. On s’attend à un relèvement des taux en Pologne à partir du deuxième semestre de l’an prochain, qui devrait peser sur les cours des obligations (à long terme).

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