Urbike, le vélo pour changer de braquet

Les trois fondateurs : Philippe Lovens, Delphine Lefebvre et Renaud Sarrazin. © PG

Poussé dans le dos par le vent des enjeux urbains autour de l’environnement et de la mobilité, Urbike enfourche son concept BCklet. Une solution de livraison de marchandises par vélo-remorque.

Oui, nous sommes une start -up ! “, assure Philippe Lovens, CEO et cofondateur de la coopérative bruxelloise Urbike. En effet, voici une jeune société dynamique lancée il y a un an et porteuse d’un premier projet innovant : BCklet (prononcez ” bicyclette “). Son défi : changer le paradigme de la livraison de colis et de marchandises en ville en substituant aux camion(nette)s des vélos électriques avec remorque.

Ce ” transfert modal ” repose sur le constat qu’en matière de transport de marchandises, la fin du parcours, le ” dernier kilomètre “, est la phase la plus coûteuse, surtout dans des centres urbains saturés. Pour l’économie, l’environnement et la mobilité. Solution pratique, les produits entreposés ou déchargés d’un camion, train ou bateau seraient chargés par palettes et/ou petits conteneurs sur les remorques des coursiers-cyclistes. Ceux-ci les achemineraient ensuite vers leur destination finale dans les communes bruxelloises. ” L’objectif de BCklet est qu’à terme, une livraison sur quatre en centre urbain se fasse à vélo, alors qu’aujourd’hui, on en est à une livraison sur mille “, note Philippe Lovens.

Pour y parvenir, Urbike s’est bien entourée. Quatre solides enseignes de secteurs différents ont rejoint le peloton de partenaires pour tester l’innovant système de livraison par vélos-remorques, capables de charger 1,5 m3 de marchandises et/ou 200 kg. Depuis octobre, Multipharma, Delhaize, bpost et CSD (Centrale de soins et services à domicile bruxellois) jouent les cobayes. ” Nous avons analysé le flux de chacun et la meilleure manière de s’intégrer dans leur chaîne logistique, explique le CEO de Urbike. Dès juin, une phase en situation réelle et à petite échelle servira à tester quotidiennement le modèle. Ici, la livraison régulière d’un magasin Delhaize. Là, une tournée de distribution de repas à domicile par CSD. Puis, on ajustera et élargira les livraisons pour arriver, fin 2020, à une échelle d’activité quotidienne assurée par une flotte de 20 à 40 coursiers. ”

Bon aussi pour l’emploi

Ces cyclistes-livreurs, la start-up n’a pas du pédaler bien loin pour les trouver. La majorité d’entre eux ont déjà pignon sur pavé bruxellois via les sociétés Molenbike, Dioxyde de Gambettes et Hush Rush. Partenaires de Urbike, ils pourront en être aussi coopérateurs. Au gré du déploiement, la start-up elle-même engagera de nouveaux mollets. Car, foi du trio fondateur (Renaud Sarrazin, Delphine Lefebvre et Philippe Lovens), ” enfourcher BCklet, c’est aussi tout bonus pour l’emploi ” : ” chaque camionnette retirée du trafic, ce seront trois emplois créés “, assurent-ils.

Reste le matériel, clé du modèle : des vélos électriques costauds et souvent ” cargos ” (avec un plateau de transport aussi à l’avant) et des remorques modulables en fonction des produits transportés. Fabriquées par la société française FlexiModal, elles s’avèrent faciles d’emploi, robustes, compactes, légères et profilées pour se faufiler partout. Là aussi, Urbike a bien joué le coup. ” Ces vélos-remorques coûtent autour de 9.000 euros, coût inférieur aux autres solutions. Bien sûr, quiconque peut se mettre dans notre roue pour nous challenger. Mais nous disposons de deux atouts: l’exclusivité de la distribution de l’équipement sur la Belgique, puis nous avons de nombreux coups de pédales d’avance en tant que précurseurs. Avance que nous comptons bien conserver… ! ” Urbike vise les 115.000 livraisons fin 2020.

Par Fernand Letist.

66.000 tonnes de cO2

pourraient être épargnées à Bruxelles à l’horizon 2025 par la solution BCklet déployée à grande échelle.

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