Le réal poursuit sa marche en avant

Le réal brésilien (BRL) a enregistré un net redressement l’an dernier. Il a gagné 20 % depuis qu’il est retombé à un plancher de plus de 4 BRL pour 1 USD. Par rapport à l’euro, la progression opérée l’an dernier atteint même 27 %. L’élection de Donald Trump en novembre n’a causé qu’une correction temporaire, et le terrain perdu a été repris en deux mois.

Une raison importante au succès du réal en 2016 a été le changement de chef d’État brésilien. Le 31 août, le vice-président Michel Temer a pris la succession de Dilma Rousseff, destituée à la suite du scandale Petrobras.

” Carry-trade ”

Ce bouleversement politique a renforcé le ” carry-trade “, qui était déjà à l’origine du redressement du réal face au dollar depuis début 2016. Concrètement, les investisseurs empruntent de l’argent en dollar à des conditions favorables pour l’investir dans des actifs brésiliens à haut rendement. C’est principalement l’énorme écart entre le taux à court terme brésilien (qui culminait à 14,25 % le 19 octobre) et le taux à court terme américain qui a aidé les investisseurs à surmonter leur crainte d’une instabilité politique au Brésil. Surtout après qu’il est apparu clairement que la Réserve fédérale (Fed) ne relèverait les taux que lentement – ce qui a engendré des gains dans tous les pays émergents. Car les marchés émergents sont les plus vulnérables à une hausse des taux américains. Non seulement celle-ci inciterait les investisseurs à ôter leur argent de ces pays pour l’investir en actifs américains, mais elle accroîtrait également les dettes en dollar de ces pays (et de leurs entreprises). Rappelons que finalement, la Fed n’a relevé son taux à court terme qu’une seule fois l’an dernier : de 25 points de base, en décembre.

Aujourd’hui, le carry-trade reste un soutien important pour le réal. Bien que la Banque centrale brésilienne ait ramené son taux directeur de 14,25 % à 13 % en octobre dernier, l’écart par rapport au taux américain reste très élevé. De plus, la Fed ne semble pas impatiente de relever ses taux ; elle attend d’en savoir plus sur la politique du président Trump, afin de mieux en évaluer les effets sur l’économie avant de procéder à un quelconque relèvement de taux. Il est de moins en moins probable qu’il y en ait un premier en mars.

Récession

C’est une poursuite de la baisse des taux brésiliens qui aidera l’administration Temer à relancer les investissements privés et la consommation. Le recul des prix des denrées alimentaires a déjà fait reculer l’inflation sous les 8 %. Un niveau encore largement supérieur à l’objectif de 4,5 % que s’est fixé le gouvernement. Un nouvel abaissement de taux par la Banque centrale brésilienne serait bien utile, car la première économie latino-américaine s’est encore contractée au troisième trimestre de 2016 (pour le septième trimestre d’affilée), à un rythme de 2,9 % sur une base annuelle. Le produit intérieur brut (PIB) est ainsi retombé au niveau de fin 2010. Le Brésil devrait renouer avec la croissance cette année, même si les économistes ont revu leurs prévisions à la baisse à 1,2 %.

Le fragile gouvernement Temer a un rôle important à jouer dans le retour de la croissance. Le pays a besoin de réformes importantes. Il s’agit notamment d’endiguer un déficit budgétaire trop élevé, de réformer les pensions et de développer un meilleur climat d’investissement. Bien que Temer soit parvenu à faire adopter le gel des dépenses publiques réelles pendant vingt ans (amendement constitutionnel), on peut se demander s’il réussira à faire voter les autres réformes – en particulier la très peu populaire réforme des pensions. Que la tête de l’État soit battue en brèche par des scandales de corruption ne favorise pas l’avancée des dossiers. Au cours des six derniers mois, Temer a perdu quelque six ministres impliqués dans l’affaire Petrobras. Une maigre consolation pour lui : le Parlement est aussi populaire que lui auprès du grand public.

Obligations

Malgré sa récente appréciation, le rendement qu’il offre rend toujours le réal attrayant pour les détenteurs d’obligations, même s’il est préférable de limiter l’exposition à quelques pour cent d’un portefeuille. Parmi les obligations intéressantes à solvabilité élevée dans la devise brésilienne, citons l’European Investment Bank 10 % 19/06/2018 BRL (rendement brut de 9,9 % et coupure de 5000 BRL) et l’International Finance Corporation 12 % 29/01/2019 (rendement brut de 9,2 % et coupure de 5000 BRL). L’International Finance Corporation est une filiale de la Banque mondiale. En optant pour ces émetteurs, vous n’avez aucune crainte à avoir quant au remboursement de votre mise en réal.

L’évolution du réal cette année sera déterminée par la reprise de l’économie brésilienne et les relèvements des taux aux États-Unis. Si le Brésil parvient à sortir de la récession, la monnaie pourra encore s’apprécier, à la condition toutefois que la Réserve fédérale ne relève ses taux que progressivement. Si cette dernière est contrainte à mener une politique de taux plus agressive, le réal – comme les monnaies des autres pays émergents – risque d’y laisser quelques plumes. Une nouvelle crise politique peut également peser sur la monnaie brésilienne. Pour vous couvrir contre de tels scénarios, l’une des possibilités est de prendre une position en obligations américaines à brève échéance. Non seulement elle vous protégera contre une perte de change par rapport au dollar, mais elle vous permettra également de réagir rapidement à une hausse des taux américains.

APRÈS SON NET REDRESSEMENT EN 2016, LE RÉAL BRÉSILIEN S’EST ENCORE APPRÉCIÉ EN JANVIER.

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