Le MIMA affiche la révolte

© Philippe Cornet

Puisant dans une plantureuse collection privée, le musée bruxellois en bord de canal raconte les années 1968-1973 via une saga d’affiches engagées.

Plus la société est chaotique, désorganisée et contestée, meilleure est l’affiche. Ce principe, qui n’a rien d’officiel, est notre conclusion implicite après la visite au Mima de Get Up Stand Up, une expo sous-titrée La voix du peuple avant Twitter, c’est l’affiche en mai 1968.

L’allusion au mode de communication favori de Donald Trump n’est pas seulement une accroche vaguement racoleuse, mais une réalité physique : lorsque débutent les événements de 1968 en France, la radio et la télévision étant contrôlées par le gouvernement de de Gaulle, les opposants usent de l’affiche comme média de mobilisation. L’avènement de la sérigraphie permet d’imprimer des slogans plus facilement et rapidement que la litho et de mettre sur les murs des slogans – comme le célèbre Nous sommes tous des juifs et des Allemands à propos de Daniel Cohn-Bendit – depuis lors entrés dans l’Histoire. Celle-ci est alors en prise avec une opposition internationale à la guerre du Vietnam : aux Etats-Unis, dans l’oeil du cyclone, l’engagement visuel donne lieu à une impressionnante production, artistiquement supérieure à la française, par exemple lorsqu’il s’agit de fustiger un Nixon bientôt destitué.

Le MIMA affiche la révolte
© pg

Puisées dans la collection du Français Michaël Lellouche, les affiches présentées au Mima font le tour du monde de la contestation jusqu’au coeur des années 1970 : du Chili à l’Allemagne, abordant aussi les thèmes de l’environnement, du féminisme, des inégalités économiques ou des minorités menacées. Le tout en écho à des turbulences étrangement proches de celles de notre époque à une ou deux nuances près : par exemple le fait qu’une telle plongée dans la contestation prenne place dans un musée soutenu par des institutions comme la Loterie Nationale ou une banque franco-belge. Difficilement imaginable en 1968…

Jusqu’au 30 septembre au Mima à Bruxelles, www.mimamuseum.eu

Le MIMA affiche la révolte
© Philippe Cornet

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