Le grand retour du discount austère

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Le casseur de prix sibérien Mere veut occuper la place laissée vacante par Aldi et Lidl, qui montent en gamme depuis quelque temps. Il confirme trois premières localisations chez nous: Opwijk, Couvin et Flémalle.

On connaissait le hard-discount alimentaire, voici désormais l’ultra-discount. Et celui-ci ne vient plus d’Allemagne comme Aldi et Lidl, mais bien de Russie. De Sibérie même! La chaîne de distribution Mere, très connue sur place, vient en effet de lancer une vaste offensive européenne. Offensive qui – elle l’a confirmé la semaine dernière – passera par notre pays. Le groupe entend ouvrir chez nous pas moins de 10 magasins cette année encore. Et il ne compte pas s’arrêter là. “Nous voulons augmenter ce nombre par la suite, explique un responsable que nous avons pu joindre. Notre ambition est de couvrir les principales villes belges.”

Les trois premières localisations révélées fin de semaine dernière par VTM Nieuws nous sont confirmées. Il s’agira d’Opwijk, Couvin et Flémalle, où des points de vente ouvriront dès septembre. “Nous devions normalement ouvrir notre premier magasin en mai, mais nos plans ont été retardés en raison du contexte sanitaire”, précise notre interlocuteur.

Le timing ne doit rien au hasard. Les périodes de crise, caractérisées par la baisse de pouvoir d’achat de tout un pan de la population, sont on ne peut plus propices au développement de ce type d’enseigne. Le groupe annonce d’ailleurs des prix 20% plus bas que ses concurrents Aldi et Lidl. Ses magasins ressemblent plutôt à des entrepôts. Aucune fioriture. Les articles restent dans leurs caisses, posées sur des palettes. L’assortiment, lui, est fortement limité. Mere ne vend que des produits d’épicerie sèche et d’hygiène, ainsi que quelques surgelés.

“Chaîne opportuniste”

Afin d’obtenir des prix avantageux, le groupe russe a la réputation de se montrer peu regardant sur l’origine et la composition des produits. En outre, il n’hésiterait pas à passer d’un fournisseur à l’autre pour profiter des difficultés financières de certains. “Mere ne vend pas ses propres marques de distributeur comme Aldi et Lidl, explique Stefan Van Rompaey, rédacteur en chef du média professionnel RetailDetail. C’est une chaîne opportuniste qui vend ce qu’elle trouve ici et là en déstockage.”

Sur son site belge, l’enseigne lance toutefois un appel aux fournisseurs locaux. “Nous voulons les soutenir, assure le responsable. Il y aura dans nos magasins à la fois des produits importés de Russie et d’ailleurs, et des produits issus de fournisseurs locaux. Nous préférons travailler sur le long terme avec les fabricants, pour autant qu’ils soient capables de suivre au niveau des prix et des quantités.”

Fondé en 2009 par l’octogénaire Valentina Schneider, le groupe Torgservis opère pour l’instant dans neuf pays avec plus de 2.000 points de vente pour un chiffre d’affaires d’1,5 milliard d’euros. Mere est l’appellation sous laquelle il a décidé de s’étendre en Europe. En Russie et dans plusieurs ex-républiques soviétiques, c’est la marque Svetofor qui prévaut. Dans sa conquête de l’Ouest, cet “ultra- discounter” entend bien occuper la place laissée libre par ses concurrents Aldi et Lidl qui ont opéré ces dernières années une montée en gamme stratégique, faisant tourner la roue de la distribution.

1,5 milliard

En euros, le chiffre d’affaires du groupe Torgservis qui compte actuellement 2.000 points de vente.

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