Le BPS22 s’éclate

Margaret Harrison, "Captain America II", 1997. © PG / SERGE HASENBÖLHER

L’entreprenant musée carolo propose, entre autres, de danser sur les missiles en compagnie de l’Anglaise Margaret Harrison et de retrouver les “fous belges” de Ruptz.

En ces temps plutôt gris, le BPS22 concentre pas moins de quatre expositions qui redonnent de la couleur au moral. Merci Facteur! est un épisode de mail art, principe consistant à transformer les missives postales en oeuvres d’art. Dans une petite pièce du BPS22, on peut ainsi se pencher sur l’abondante correspondance entre les artistes liégeois Eric Adam et namurois Bernard Boigelot: c’est ludique, curieux, original. On reste plus circonspect face au Perftoran du Russe Petr Davydtchenko, qui se pose la question du rôle de la culture face au corona. Si sur le fond, on ne peut qu’agréer, la forme plastique n’est pas très vibrante. On est aussi interloqué par l’expo dans la grande halle du rez-de-chaussée: Ruptz (1975-1977) Des fous qui seront des classiques. Soit un mouvement formé par le trio Marc Borgers, Anne Frère et Jean-Louis Sbille qui, au coeur des années 1970, concrétisera son fort désir d’art conceptuel. Même si les performances d’époque, notamment via le body art, semblent en partie datées, elles annoncent ce qui suivra, c’est-à-dire la création à partir de 1978 de l’intéressant magazine Soldes. Fins de séries, entre gonzo journalism et reportages divergents tendance Actuel. Mais le plat de consistance du BPS22 s’appelle Danser sur les missiles, de Margaret Harrison. Cette féministe britannique (Yorkshire, 1940) bénéficie ici d’une rétrospective du début des années 1970 jusqu’à nos jours. L’objectif de cette plasticienne est de montrer “comment s’échafaudent les formes de domination et de violence dans les sphères professionnelles et domestiques”. On est moins convaincu par ses larges installations visuelles du rez-de-chaussée que par les créations de dimensions plus modestes présentées au premier étage. En détournant notamment quelques archétypes de la supposée virilité masculine, tel Captain America, en surprenantes aquarelles, Harrison fait mouche comme cousine de l’actuel #MeToo. Mais avec 40 ans d’avance.

Jusqu’au 23 mai. www.bps22. be

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