La TV en quête de perfection sonore

Samsung Q900R © photos pg

Pour contrer les portables, la télévision déploie les écrans du futur. Ultra fins, apposés directement sur le mur, ils atteignent des cimes en termes de résolution d’image. Et tentent plus que jamais de conquérir un territoire abandonné : le son.

Jadis, la télé était cet écran obscur, sans vie, qui n’était utilisé que quelques heures par jour. Aujourd’hui, non seulement une télévision peut s’accrocher au mur comme un tableau, mais – telle une voiture – permet d’exhiber ses désirs, ses émotions, sa personnalité. Connectée, intelligente, dotée de commandes vocales et de dalles déclinées en 1,40 ou 1,70 mètre de diagonale, la télé est devenue la pièce maîtresse de la maison. L’objet multimédia par excellence, censé à la fois dialoguer avec le frigo et amener le cinéma dans le salon.

Désormais, les constructeurs partagent une nouvelle vision pour l’avenir du petit écran : toujours plus grand. Du moins, pour ce qui est de la résolution. Après la 4K, présente dans 70 % des téléviseurs vendus de par le monde, place à la 8K, sa grande soeur. Quatre fois plus détaillée, elle vient d’être dévoilée par Samsung à l’IFA de Berlin (le plus grand salon de l’électronique grand public d’Europe) et débarque dès ce mois-ci dans les magasins.

Le but de cette course aux pixels ? Vivre l’immersion à deux ou trois mètres de l’écran. Dans le moindre détail. Sans altérer la qualité de l’image – une tendance lourde dans les foyers. Le tout pour un tarif d’entrée plus important. En 8K, les écrans 65 pouces – plus petite taille proposée, soit 1,65 m de diagonale – seront vendus environ 5.000 euros (pour les moins chers) dès le mois d’octobre, tandis que les plus larges (85 pouces, 2,10 m de diagonale) s’envolent à 15.000 euros.

Véritable casse-tête

Mais si l’image et le design frôlent désormais la perfection, les appareils audiovisuels tentent plus que jamais de conquérir un territoire abandonné : le son. Seulement, voilà: nos télés sont de plus en plus fines. Sur les écrans Oled, qui n’ont pas besoin de rétroéclairage, leur épaisseur peut descendre jusqu’à 3 mm… A ce stade, l’intégration d’enceintes vire au véritable casse-tête pour les ingénieurs. Alors, comment placer un équipement acoustique de qualité dans des téléviseurs de quelques millimètres ? Les puristes diront d’emblée que pour profiter pleinement du son haute définition, rien ne vaut une installation home cinéma, avec cinq ou sept sources sonores. Un vrai kit 5.1 ou 7.1 est indispensable si on recherche de la spatialisation. Mais est-ce utile dans un appartement ou une petite pièce ?

Mieux que la barre de son épurée: l’absence de barre, avec un son émanant directement de l’écran…

Certains constructeurs l’ont compris et vont un pas plus loin en intégrant, par défaut, des barres de son à leurs TV. Panasonic propose par exemple une combinaison téléviseur Oled/barre de son Technics. Sur l’impressionnante série W8, LG propose une barre compatible avec le format audio Dolby Atmos, le plus immersif qui soit sur le marché. La concurrence n’est pas en reste. Samsung vient de racheter les brevets et les marques du fabricant Harman Kardon pour 8 milliards de dollars.

“Beamforming acoustique”

Avec ce rapprochement, de nouvelles technologies liées à l’univers du son pourraient émerger, comme le ” beamforming acoustique “. Cette technique permet de cibler précisément la diffusion sonore, comme le ferait une douche, sans déranger les autres occupants. Mieux, plusieurs personnes pourraient même accéder à des contenus audio différents (un film dans deux langues, par exemple), sans se déranger et sans avoir besoin de porter un casque ou des écouteurs. D’autres acteurs n’hésitent pas à jouer la carte du très haut de gamme, comme la marque Philips qui s’est alliée avec le britannique Bowers & Wiklins – un des cinq meilleurs fabricants d’enceintes sonores au monde. Chez Philips, le besoin est venu du constat suivant . ” Philips a travaillé des années et des années sur la qualité d’image qui est le critère d’achat numéro un. Mais on sentait que le consommateur voulait une qualité de son qui soit l’équivalent, en termes de qualité, de la résolution d’image, explique Kostas Vouzas, CEO de Philips TV (TP Vision) Europe. Et de renchérir : Rares sont les écrans Oled avec de bons haut-parleurs. Les télévisions sont tellement fines que la barre de son devient incontournable, puisque les enceintes qu’elles embarquent sont réduites à leur plus simple expression “. Premier bébé de ce partenariat ? Le modèle Philips Oled+ 903. Une barre de son épurée, recouverte de tissu Kvadrat, avec une puissance totale de 50 W RMS, des tweeters en titane pour les aigus, une membrane en fibre de verre pour les médiums et des woofers à membranes passives, placés à l’arrière de l’écran. Simple, beau et cristallin.

Panasonic FZ950
Panasonic FZ950

Le plus clair et réaliste possible

Pour l’orfèvre du son britannique, c’est une première incursion dans l’industrie de la TV. ” Nous avons mis neuf mois à développer ce projet. Avec un écueil : pour des questions de design, Philips nous a imposé un format taillé au millimètre près, explique Richard Campbell, CRO chez Bowers & Wilkins. Mais même sous cette contrainte, notre philosophie reste identique : il s’agit de rendre le son le plus clair et le plus réaliste possible. Le plus proche, aussi, de l’enregistrement originel. Et de le diffuser, sans aucune complexité, dans votre salon “. Défi relevé haut la main.

Sony, lui, a opté pour une technologie encore plus originale. Ne cherchez pas les haut-parleurs sur la gamme ” Acoustic surface “. C’est l’écran Oled lui-même qui produit le son. Comme au cinéma, celui-ci semble sortir droit de l’image et non du dessous ou des côtés comme avec les systèmes audio habituels. La dalle du téléviseur devient sa propre enceinte. Et c’est une petite révolution. ” Après avoir inventé le walkman et le discman, on devait accompagner le son là où il fait le plus défaut en ce moment. C’est-à-dire sur l’écran “, explique Leopold Boone, product trainer chez Sony. Le système Acoustic Surface restitue le son sur toute la surface de l’écran grâce à des vibrations exercées par de petites enceintes situées à l’arrière. ” Grâce à ce système, on peut émettre un son immersif, sans enceintes, directement à partir de l’écran. Et donc diriger les ondes sonores en leur donnant encore plus de relief. ” Résultat : avec un design qui minimise l’empreinte, l’image et l’audio ne font plus qu’un.

Sony AF9
Sony AF9

5 modèles sous la loupe

1. Philips OLED+ 903. Kostas Vouzas, CEO des TV Philips Europe, a le sourire : l’Oled+ 903 est sans doute ce qui s’est fait de mieux en télé jusqu’à présent. Parce que l’image, grâce au processeur P5 maison, est superbe (d’où le concept d’Oled+) mais surtout parce que ce téléviseur marque le début d’un partenariat entre Philips et Bowers & Wilkins, marque britannique connue des audiophiles. Le son est à la hauteur de l’image. Commercialisé en 55 et 65 pouces (respectivement à 2.500 euros et 3.500 euros), ce modèle a d’ailleurs remporté le prix Best Home Theater TV EISA Award 2018. Ce qui semble mérité, tant cette alliance du son et de l’image, dans un téléviseur au design sobre, s’avère une réussite.

2. Samsung Q900R. Boudant la technologie Oled développée par son rival coréen LG, Samsung met en avant ses téléviseurs Qled. Une astuce marketing ?

Pas tout à fait : une couche de nanocristaux liquides a été placée entre l’écran LCD et le système de rétroéclairage led. Résultat : une image vive, lumineuse, avec des couleurs intenses. Samsung a décidé de frapper très fort cet automne en enrichissant sa gamme Qled de trois téléviseurs 8K, une définition quatre fois plus précise que la 4K. S’il existe encore peu, voire pas, de contenus dans cette résolution, les processeurs Samsung mettent à niveau l’image, quelle que soit la source. Disponible en 140,

165 et 216 cm, le modèle nécessite de débourser de 5.000 à 15.000 euros.

3. LG W8. A ce jour, un seul constructeur fabrique des dalles Oled. Il s’agit du coréen LG, qui commercialise ses propres TV, mais vend aussi des dalles Oled a tous ses concurrents internationaux. L’avantage de cette technologie ? Chaque pixel de la dalle de l’écran émet et contrôle sa propre lumière,

ce qui permet d’obtenir un noir absolu et des contrastes saisissants. Si le prix de certains des modèles LG grimpe à 10.000 euros, le W8 est un bon compromis. Il est équipé du dernier microprocesseur Alpha 9 pour le traitement de l’image et de haut-parleurs d’une puissance correcte bénéficiant du système Dolby Atmos qui projette le son. LG corrige, génération après génération – il en est à la cinquième -, les faiblesses des dalles Oled : la durée de vie a été portée à 30.000 heures

(soit 10 ans à raison de huit heures par jour), un ” nettoyage ” automatique pour éviter les problèmes de marquage sur l’écran ou encore un traitement antireflet qui diminue la teinte rosée parfois observable lorsque l’appareil est placé près d’une baie vitrée. A partir de 6.990 euros, de 165 cm à 195 cm de diagonale.

4. Sony AF9. Attention, ça décoiffe : Oled, 4K, HDR, Smart TV, Google Assistant, Dolby Vision, Acoustic Surface Audio+… Ce téléviseur est un étalage des compétences de Sony. L’écran, dépourvu de socle et de haut-parleurs, est porté par une discrète béquille à l’arrière pour un design minimaliste et élégant. Et donne l’impression de flotter élégamment pour laisser place… au son. L’innovation ? Une technologie audio inédite : des vibrations spatialisant le son qui émane directement de l’écran. La technologie, baptisée ” Acoustic Surface ” par Sony, n’a aucune incidence sur l’image. Mieux, elle permet de localiser la source du son exactement là d’où elle est censée provenir à l’écran. Un must. Disponible en 140 et 165 cm (respectivement à 2.999 euros et 3.999 euros).

5. Panasonic FZ950. La marque nippone reste une valeur sûre, avec une volonté : offrir une expérience cinématographique parfaitement fidèle à la vision du réalisateur. La nouvelle série FZ950 offre un traitement localisé de l’image pour voir les moindres détails, l’ultra-haute définition bien sûr, et une barre de son signée Technics. Le design, qui fut jadis un des points faibles de la marque, a été extrêmement soigné. Taillée comme une lame, cette barre embarque un nouveau système de radiateur passif censé réduire les artefacts et la distorsion causés par les vibrations. La puissance de 80 W reste la même avec un woofer de 40 W, un médium de 20 W et un tweeter de 20 W. Vendu autour de 2.800 euros en 55 pouces, il est également proposé en version 65 pour 4.500 euros.

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