La Lune, Mars, Jupiter… en ligne de mire

Amos conçoit aussi les miroirs adaptatifs des téléscopes pour corriger les perturbations atmosphériques. © PG - Amos

Un système innovant de télescope avec optique adaptative guidée par laser, une technologie développée par Amos, sera testé prochainement dans le ciel au-dessus de Redu. Une fois au point, cette technologie doit permettre de propulser les télécommunications entre la Terre et l’espace dans une toute autre dimension.

Un laser vert dans la nuit

A partir du mois d’octobre et jusqu’en novembre, la société liégeoise Amos, spécialisée dans la conception et la fabrication de télescopes, va tester depuis les installations de Redu Space Services un prototype équipé d’un système d’optique adaptative. Ces tests, qui feront entre autres appel à un laser de couleur verte pointé vers le ciel (petite photo), seront observables la nuit par les riverains. Fruit d’un partenariat qui intègre également le Centre spatial de Liège ainsi que des unités de l’ULiège et de l’UCLouvain, cette innovation baptisée Salto doit notamment rendre les communications entre la Terre et l’espace plus efficaces en améliorant la qualité des télécommunications optiques.

Minimiser les perturbations atmosphériques

En utilisant un faisceau lumineux infrarouge à la place d’ondes radio, les communications optiques permettent d’atteindre des débits beaucoup plus importants dans le transfert d’informations, par exemple entre la Terre et un satellite. Mais si pareils systèmes existent déjà, ceux-ci demeurent encore très tributaires de la qualité du ciel et des perturbations atmosphériques. Pour passer à un stade supérieur, que ce soit en termes de stabilité ou de débit, ces télécommunications doivent pouvoir être réalisées à partir de grands centres urbains, là où la lumière artificielle dégrade la qualité du ciel, voire en plein jour lorsque les perturbations atmosphériques sont les plus fortes. Pour ce faire, un système d’optique adaptative robuste est indispensable.

La Lune, Mars, Jupiter... en ligne de mire
© pg

Une image en théorie parfaite

“C’est l’une des caractéristiques du système développé par l’ULiège, explique Xavier Verians, business development director chez Amos. Le principe de l’optique adaptative est de compenser les distorsions et les déformations créées par l’atmosphère. Lorsque l’on regarde avec un télescope vers l’espace, que ce soit pour de l’astronomie ou des télécommunications optiques, l’image que l’on reçoit est déformée. Elle perd en qualité. Grâce à l’optique adaptative, on peut parvenir à analyser cette image et déduire quelles sont les déformations qu’elle a subies, avant d’ensuite à notre tour déformer un miroir dans le télescope de façon exactement opposée et ainsi recréer une image en théorie parfaite.” Pour déterminer les corrections à effectuer, le système se base sur l’analyse de l’image d’une étoile. Mais comme ce n’est pas toujours possible, une alternative est de projeter un puissant faisceau laser dans le ciel. C’est cet “astre” artificiel que pourront observer les Redutois.

Toujours plus loin

Grâce aux tests programmés cet automne, et à d’autres qui suivront encore, Amos entend être en mesure de produire des télescopes équipés du système Salto à des fins d’observation astronomique d’ici 2023. A moyen terme, lorsque le marché des télécommunications optiques aura réellement décollé, la technologie wallonne pourrait s’inviter à bord de satellites, voire du Lunar Gateway, le projet de station spatiale en orbite autour de la Lune. A plus longue échéance, ces innovations pourraient même permettre d’établir des télécommunications à haut débit quasi instantanées entre notre planète et Mars, et même peut-être Jupiter ou Saturne.

20 kilomètres

L’altitude maximale à laquelle le laser du système Salto peut projeter son point lumineux faisant office d’étoile artificielle.

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