La fin de ” l’opacité ” des points APE

Ces aides financent l’emploi de 60.000 personnes en Wallonie. Les critères d’attribution vont être revus de fond en comble.

“Le dispositif ne remplit plus que marginalement l’objectif initial de permettre l’accès à l’emploi des publics plus éloignés. ” Le ministre wallon de l’Emploi, Pierre-Yves Jeholet (MR) tire une conclusion radicale de l’état des lieux des points APE (Aide à la promotion de l’emploi) réalisé par le Forem et l’administration régionale. Il est vrai qu’avec 29 % des bénéficiaires titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur, on n’est plus vraiment dans l’emploi des personnes peu qualifiées.

Cette proportion est en hausse depuis 2010, au détriment des personnes n’ayant pas achevé leurs études secondaires. En outre, ces aides qui se voulaient temporaires, sont devenues structurelles. Au lieu de servir comme une sorte de mise à l’étrier pour des publics difficiles, elles aident finalement à gérer des postes existants dans les pouvoirs locaux et le non-marchand. On a appris, par exemple, que des sportifs de haut niveau étaient rémunérés grâce à ces points APE. Le soutien public au sport d’élite ou aux centres culturels a certainement son sens… mais pas via les politiques d’insertion.

Comment décidait-on de financer tels ou tels emplois ? Selon Pierre-Yves Jeholet, c’était le règne de ” l’opacité ” et du ” fait du prince du ministre de l’Emploi “. A partir de 2019, chaque ministre fonctionnel déterminera ses critères d’attribution en fonction des orientations prioritaires de son département. Les critères seront publics et un cadastre des bénéficiaires sera publié.

Cela risque d’entraîner des glissements au sein des 60.000 emplois financés actuellement (secteur non marchand, pouvoirs locaux et enseignement), mais a priori, pas de diminution du volume global. Pas d’augmentation non plus. Le mécanisme coûtait de plus en plus cher (1 milliard d’euros en 2018) et le gouvernement entend le bloquer à ce niveau. Il compte aussi récupérer les sommes indûment versées aux employeurs depuis 2014, soit une quinzaine de millions. L’intervention régionale était parfois supérieure au coût salarial réel. Les employeurs avaient l’habitude de conserver la différence afin de financer d’autres emplois. Les précédents gouvernements avaient amnistié ces pratiques. Ce ne sera désormais plus le cas.

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