La Chine en tête

Liu Zuohu, fondateur et CEO de OnePlus, lors du lancement à Pékin du 7T Pro. © belgaimage

Alors que la guerre froide technologique entre Trump et la Chine fait beaucoup de dommages collatéraux, le principal critère de sélection des utilisateurs restent la fiabilité de l’appareil et son prix. Et ceux qui sortent du lot viennent surtout de l’empire du Milieu…

Depuis quelques années, le point de gravité des smartphones se déplace de la Silicon Valley et de la Corée vers la Chine. Si l’iPhone et le Galaxy S avaient la réputation d’être les meilleurs modèles haut de gamme autrefois, les constructeurs chinois parviennent aujourd’hui à dépasser leurs maîtres… Présenté en septembre à Munich, le nouveau Mate 30 Pro de Huawei apparaît ainsi comme un climax d’innovations. Au menu : un superbe écran dont les bords incurvés recouvrent presque tous les côtés, un appareil photo à trois optiques (dont un ultra grand-angle avec un capteur de 40 mégapixels et un téléobjectif 3x) affichant une sensibilité record de 409.600 Iso, à quoi s’ajoutent un effet de flou en arrière-plan en vidéo et une compatibilité avec toutes les fréquences de la 5G.

Bientôt, il vous suffira d’un geste pour passer du smartphone à la tablette.

Mais cette levée de rideau, très attendue, a viré à l’aveu de faiblesse. On le sait, la série Mate sera la première à être privée des services de Google (Chrome, Google Maps ou YouTube), pourtant considérés comme essentiels pour les Européens. Si Huawei peut écouler ses terminaux en Chine – où les services des géants américains du Net sont difficilement accessibles -, le risque d’un fiasco commercial en Europe est grand. Lors du lancement des Mate 30 et Mate 30 Pro, Richard Yu, le patron de la branche Consumer Business du groupe, n’avait d’ailleurs pipé mot des pays où ils seraient vendus. Ni à quelle date. L’entreprise espère néanmoins encore lancer les appareils sur tout le Vieux Continent d’ici la fin de l’année.

En attendant, à quel saint se vouer ? Trois des cinq plus gros fabricants mondiaux sont désormais chinois, et cela ne doit rien au hasard : à tous les prix, les smartphones de l’empire du Milieu se sont imposés parmi les meilleurs. Plusieurs marques (Oppo, Xiaomi, Redmi, etc.) offrent désormais un rapport qualité prix inégalable, sous la barre des 600 euros. Et depuis quelques mois, des constructeurs comme OnePlus lancent des smartphones vraiment innovants, qui prouvent qu’il y a des idées au-delà d’Apple, Samsung et Huawei.

Longueur d’avance

Des milliers de fans dans le monde. Mais inconnue du grand public. C’est toute la gageure de OnePlus, qui vient de présenter ses deux derniers modèles à Londres. Marque confidentielle à ses débuts en 2013, prisée par les geeks, cette petite pousse hongkongaise s’est aujourd’hui bâtie une solide réputation. Ses atouts : du premium à un prix très agressif, environ 20% moins élevé que ses concurrents Samsung et Huawei, grâce à une approche 100% digitale, qui va à l’encontre des pratiques traditionnelles du marché. ” La marque est née à travers un forum en ligne créé par Pete Lau, le fondateur, afin d’étudier les besoins et les attentes des utilisateurs, explique son représentant en Belgique. Les premières ventes se faisaient sur invitation : OnePlus refusait de produire massivement, mais suivait la demande d’une communauté grandissante prête à faire quasiment n’importe quoi n’importe quand pour co-créer le meilleur smartphone possible. ”

Résultat : 1,5 million d’unités vendues la première année, alors que le point d’équilibre était à 10.000, au mieux 30.000 unités. Sept ans après la sortie du premier modèle, les ventes ont été multipliées par cinq. ” OnePlus, ce n’est pas une structure qui a investi des millions sur le territoire chinois, qui a pu grossir et exporter à l’international, poursuit le représentant. Depuis le tout début, c’est une marque globale. A l’inverse de Huawei et d’Apple, qui ont une identité nationale très forte, nous nous adressons d’abord à une audience internationale, assez technophile. Et nous faisons évoluer le produit en fonction de ses envies, en utilisant ce qui se fait de mieux sur le marché. ”

Microsoft Surface Duo pliable. Sortie prévue mi-2020.
Microsoft Surface Duo pliable. Sortie prévue mi-2020.© belgaimage

Le geste qui compte

Ce sens du détail détonne dans le paysage. Lors de sa dernière keynote, le constructeur chinois a ainsi présenté pendant près de cinq minutes l’écran 90 Hz de ses nouveaux smartphones. Un détail obscur pour la majorité des consommateurs, qui ont déjà du mal à saisir les différences entre écran LCD et Oled, mais qui a son importance pour la marque. Surtout que l’écran recouvre toute la surface avant. Ici, ni encoche ni ” goutte d’eau ” contenant l’appareil photo frontal comme sur tant d’autres smartphones. Ses capteurs photo se cachent dans un volet coulissant. Pour OnePlus, il s’agit avant tout de montrer que l’entreprise a une longueur d’avance sur la concurrence. Est-il pour autant fiable dans la durée ? Le constructeur est confiant dans la solidité du mécanisme : le système a été testé plus de 300.000 fois, explique-t-il, ce qui correspond à 150 ouvertures et fermetures par jour pendant plus de cinq ans. Qui plus est, la caméra est protégée par du verre saphir et le tiroir se referme automatiquement si on relâche involontairement l’appareil.

Ecrans cinématographiques, un troisième capteur photo pour l’iPhone 11 Pro, batteries plus endurantes… Circulez, c’est tout pour cette (fin d’) année. Les fabricants de smartphones ne sauraient- ils plus innover ? Les modèles les plus récents que nous avons eus en main prouvent le contraire et donnent un aperçu des tendances qui devraient s’imposer rapidement. Après la reconnaissance vocale, le pilotage par geste marque la prochaine évolution dans l’usage des mobiles. Samsung, OnePlus, Motorola, LG et d’autres ont déjà défriché le terrain. Le nouveau Pixel 4 de Google confirme la tendance. Sans toucher l’écran, on lève la main vers le haut ou on la baisse vers le bas pour faire défiler l’affichage et on balaye en l’air vers la droite ou vers la gauche pour tourner une page ou passer à l’écran suivant. Equipé d’un capteur comparable à un radar, le Pixel 4 peut analyser la position des doigts, du poignet et de la paume pour interpréter les mouvements et déclencher des actions.

D’autres innovations se popularisent. Asus et OnePlus, par exemple, ont adopté des écrans à haute fréquence d’affichage (120 et 90 Hz) pour améliorer la fluidité de l’affichage et surtout des jeux vidéo. Associée à des processeurs de plus en plus puissants, cette caractéristique permet aux smartphones de rivaliser avec les consoles de jeux portables. Rayon photo, enfin, si les constructeurs ont tendance à multiplier le nombre d’objectifs au dos de l’appareil, les algorithmes sont de plus en plus sollicités pour créer de nouvelles fonctions. Citons le ” Top Shot “, par exemple, proposé sur les smartphones Google. L’idée ? Déclencher une succession de clichés pour proposer le meilleur en termes d’exposition, de netteté et de composition.

Les écrans pliables arrivent

Et du point de vue du design, l’histoire ne s’arrête pas à une taille simplement affinée. Il y eut les briques géantes dans les années 1980, puis les téléphones à clapet, les portables à boutons et enfin les écrans tactiles. A quoi ressemblera votre smartphone en 2020 ? A un grand écran qui se replie pour se loger dans la poche. Comme un calepin. ” Nous pensons que les écrans pliables ou à dérouler vont émerger ces prochaines années “, estime Neil Mawston, directeur de la société de recherche Strategy Analytics. Samsung, Huawei et Xiaomi se sont déjà emparé du marché en dévoilant leur produit phare du futur, le Galaxy Fold pour le premier, le Mate X pour le second et enfin les Mi Fold et Mi Flex pour le dernier. D’autres constructeurs, encore plus connus, ont emboîté le pas. A l’image de Microsoft, qui a levé le voile sur sa gamme de smartphones et de tablettes du futur : les Surface Duo et Surface Neo (sortie prévue mi-2020). Les nostalgiques des années 1990-2000 attendent aussi le retour du Motorola Razr. Dévoilé mi-novembre, l’emblématique téléphone à clapet est le premier des smartphones pliables à se refermer verticalement. Ce concept repose sur une avancée technique – la capacité de la technologie Oled à produire des écrans souples – et sur une vision pratique, la quête d’une grande surface d’affichage dans un appareil que l’on peut glisser dans la poche. Bientôt, il vous suffira d’un geste pour passer du smartphone à la tablette.

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Notre sélection

OnePlus 7 Pro le premium au prix juste

C’est dans la catégorie supérieure, à partir de 750 euros, que les constructeurs cherchent le plus à marquer leurs différences. OnePlus vient ainsi de lancer son 7T Pro équipé d’un superbe écran de 6,6 pouces à 90Hz Fluid Amoled. Fluidité, bords incurvés et sans encoche… On va faire simple : c’est sans doute le plus bel écran qu’il nous ait été donné de voir sur un smartphone cette année. Comme Huawei, OnePlus met l’accent sur la photographie. Avec une astuce : la caméra frontale est placée dans un tiroir qui surgit au déclenchement. Le triple module photo, à l’arrière, comprend un capteur de 48 mégapixels (équivalent 26 mm) avec ouverture à f/1,6, un zoom 2x et un ultra grand-angle (117°) de 16 mégapixels (équivalent 17mm), tous pouvant être utilisés pour les vidéos, le mode portrait et les photos de nuit. La batterie n’est pas en reste avec une capacité portée à 4.085 milliampères-heure. La recharge de 0 à 70% s’effectue en 30 minutes. Ce OnePlus 7T Pro tourne avec 8 Go de mémoire vive (contre 4 Go pour l’iPhone 11 Pro) sous le système d’exploitation Android 10. Avec une capacité de stockage à 256 Go et un prix juste (759 euros), OnePlus peut donc faire trembler les machines de guerre.

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Galaxy Note 10+ la stabilité au prix fort

Depuis le premier Galaxy Note lancé en 2011, Samsung a réussi à imposer son concept de smartphone géant qui sert de bloc-note en le faisant évoluer progressivement. Un stylet plus intelligent, un éditeur vidéo 4K intégré, du flou en arrière-plan en vidéo et l’émulation sur Mac et PC… Le Note 10+ (6,8 pouces) est un remarquable outil de travail qui sait rivaliser avec les meilleurs appareils de loisir. Au menu : un affichage exceptionnel de 3040×1440 pixels, des haut-parleurs stéréos compatibles Dolby Atmos, une mémoire extensible de 256 Go et un processeur ultrarapide associé à 12 Go de Ram. Ajoutez trois objectifs-capteurs (dont une optique ultra grand-angle pour des photos à 123°), une batterie longue durée de 4.300 mAh (plus de 15 h d’autonomie) et un éditeur de vidéos vraiment fonctionnel, et vous obtenez un smartphone de luxe. Mais au prix fort : 959 euros pour le Note 10 (6,3 pouces) et 1.109 euros pour le Note 10+ (6,8 pouces).

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Motorola One Zoom petit prix, grandes possibilités

Rachetée par Google en 2011 avant d’être cédée deux ans plus tard à Lenovo, la marque Motorola renaît de ses cendres avec sa série One : quatre modèles spécialisés dans les clichés avec le Vision (photo nocturne), l’Action, le Zoom et un Moto One Macro qui vient juste de sortir (199 euros). Avec le One Zoom, Motorola s’attaque aux plans rapprochés. Sa principale caractéristique : un quadruple module photo à l’arrière, composé d’un objectif principal avec capteur de 48 mégapixels, d’un ultra-grand-angle avec capteur de 16 mégapixels, d’un téléobjectif 3x avec capteur de 8 mégapixels et d’un capteur de 5 mégapixels utilisé pour les mesures de profondeur de champ. Que vaut cet ensemble ? En mode standard, les résultats sont impeccables, avec des clichés nets et bien équilibrés. Quant au téléobjectif, il se montre particulièrement efficace avec une capacité d’agrandissement jusqu’à 10x. Pour le reste, le look & feel est vraiment soigné avec un écran Oled de 6,4 pouces percé au sommet pour abriter la caméra frontale. Livré avec une batterie de 4.000 milliampères-heure, le One Zoom peut tenir jusqu’à deux jours après une seule charge. On apprécie. Prix : 449 euros.

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