L’univers des masques

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Le prestigieux musée du Quai Branly-Jacques Chirac, créé à l’initiative de l’ex-président français, importe à Liège une précieuse collection d’oeuvres extra-européennes.

Amateur averti des arts primitifs , Jacques Chirac, aujourd’hui affaibli par la maladie, fut un politicien roublard tirant les ficelles d’alliances parfois improbables. Un loup vorace autant qu’un réel esthète, curieux d’exotismes signifiants. Logiquement, il devrait adorer l’expo de la Cité Miroir avec un peu plus de 80 masques de “son” musée, en provenance d’Asie, d’Amérique, d’Afrique et d’Océanie. Parce que cet accessoire conçu en diverses matières, qui transforme le visage, n’est pas seulement un déguisement au sens caricatural du carnaval. Mais une façon installée depuis la nuit des temps de dialoguer avec l’invisible, le surnaturel, le nocturne et les autres espaces de l’imaginaire.

Ce n’est peut-être pas tout à fait un hasard si l’expo se tient à la Cité Miroir, cette ex-piscine (les bains de la Sauvenière) devenue un espace de représentation. L’expo à succès a déjà voyagé (Tokyo, Bahreïn, Pékin) et se pose de manière à la fois géographique et stylistique. Couvrant aussi bien les matières surprenantes parfois utilisées dans la confection des masques (cheveux, plumes, dents de cochon, toiles d’araignée) que leur parcours de contrée en contrée. Ces pièces qui, peu ou prou, ont pour vocation d'” entrer en communication avec ce que l’on ne voit pas ” multiplient les esthétiques.

L'univers des masques
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Le premier degré de lecture consiste à s’abandonner aux morphologies, aux bambous asiatiques ou aux terres rouges des Amériques. De se laisser porter par l’art dramatique des effrayants démons du Sri Lanka ou de ces pièces hallucinantes et distordues venues du Grand Nord. L’autre façon de parcourir l’expo est de comprendre le sens de chaque proposition et d’embrasser une narration souvent complexe, voire désarmante : par exemple, ce masque tigre mexicain, superposant deux couches de laque de couleurs différentes, ou ce tout aussi fascinant Janus anthropomorphe réalisé en bois et pigments du Nigéria. Deux pistes, parmi d’autres, d’un monde de mystères qui brouille les sens tout en les questionnant.

” Masques “, à la Cité Miroir, à Liège, jusqu’au 20 juillet. www.citemiroir.be

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