L’obligation de la semaine

Les obligations publiques africaines ont le vent en poupe• Les deux nouvelles obligations émises par la Côte d’Ivoire en dollar et en euro ont suscité un intérêt massif. L’obligation en dollar, qui propose un coupon de 6,25 % à 16 ans, a fait l’objet d’une demande quatre fois plus importante que le montant finalement récolté de 1,25 milliard de dollars. Pour l’obligation en euro, assortie d’un coupon de 5,125 % à 8 ans, les investisseurs étaient disposés à mettre sept fois plus d’argent sur la table que les 625 millions d’euros finalement obtenus. Elle était pourtant émise en coupures de 100.000 euros (200.000 dollars pour l’obligation en dollar).

• Les investisseurs en obligations ont clairement retrouvé leur appétit pour le risque. Les obligations des pays émergents sont très populaires à présent qu’il est clair que la Réserve fédérale se montrera très prudente au moment de relever le taux (ce qui permettra aux pays émergents de s’adapter à la hausse du taux). Le Sénégal n’avait déjà éprouvé aucune difficulté à récolter 1 milliard d’euros par le biais d’une obligation à 16 ans pour un coupon de 6,25 %.

• Mais si les coupons sont attrayants, ils sont en réalité trop faibles pour compenser le risque – surtout vu l’échéance (8 et 16 ans). La Côte d’Ivoire et le Sénégal se voient tous deux assortis d’une note Ba3 auprès de l’agence de notation Moody’s. Leurs émissions sont donc largement en terrain spéculatif. Standard & Poor’s place même le Sénégal un échelon plus bas (B+). Ces pays sont particulièrement fragiles sur le plan politique. Un conflit électoral avait encore mené la Côte d’Ivoire à la banqueroute en 2011, et le pays a récemment été confronté à une rébellion au sein de l’armée. Ils sont tout aussi vulnérables sur le plan économique. La Côte d’Ivoire, par exemple, dépend énormément du cacao (qui représentait 43 % de ses exportations totales en 2015), dont le prix est retombé à son plus bas niveau en dix ans. Bien que le chocolat affiche d’excellentes perspectives à long terme – la consommation moyenne de chocolat par habitant en Chine et en Inde est très inférieure à ce qu’elle est en Occi- dent – , la Côte d’Ivoire ne devrait pas en profiter énormément. Dans la filière du chocolat, la majeure partie de la création de valeur revient aux chocolatiers, alors que les cultivateurs de cacao ne perçoivent que 6 à 7 % du prix de vente.

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