L’icône de la bourse consomme beaucoup (trop)

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Sans raison clairement démontrable, l’action Tesla Motors a gagné 40 % entre début décembre et la mi-février. Effet Trump ou statut de star de son fondateur Elon Musk ? Impossible à dire. La valeur boursière de Tesla se rapproche ainsi de celle de géants du secteur automobile comme GeneralMotors ou Ford. Ce qui peut sembler assez absurde si l’on compare les volumes de ventes de Tesla à ceux des grands constructeurs, mais le marché a toujours raison.

Les résultats trimestriels et surtout un nouveau rapport d’analystes de Goldman Sachs ont cependant jeté le trouble. Le moment de la vérité s’approche peu à peu pour Tesla, et chez Goldman, on n’est manifestement pas serein. Le lancement très attendu du Model 3 est prévu pour cette année. Mais le constructeur automobile est également actif sur d’autres fronts et doit par exemple intégrer SolarCity, le plus grand producteur de panneaux solaires des États-Unis, racheté en novembre. Et un grand flou subsiste sur la manière dont tout cela sera financé. Au quatrième trimestre, le CA a progressé de 88 % sur une base annuelle, à 2,28 milliards de dollars. Sur l’ensemble de l’exercice 2016, Tesla a réalisé un CA de 7 milliards de dollars, contre 4 milliards de dollars un an plus tôt. Environ 60 % du CA provient du marché domestique. Les ventes réalisées en Chine ont triplé à plus de 1 milliard de dollars l’an dernier, soit environ 15 % du CA du groupe. Mais la perte nette s’est encore creusée à 820 millions de dollars. Et à nouveau, Tesla a été incapable d’atteindre son objectif de production. Les ventes n’ont pas dépassé 76.233 exemplaires, alors que les prévisions faisaient état de 80.000 à 90.000 véhicules. Elon Musk table sur 47.000 à 50.000 ventes des Model S et Model X existants au premier semestre, et veut écouler 500.000 voitures l’année prochaine. Il devra alors s’agir du Model 3, appelé à concurrencer les classes moyennes de luxe d’autres constructeurs. La production commencera en juillet et au moins 5000 exemplaires doivent sortir des usines chaque semaine à partir du quatrième trimestre. Le rythme sera ensuite porté à 10.000 voitures par semaine l’an prochain.

Mais l’extension du réseau de Superchargers (stations de rechargement) et les investissements dans la Gigafactory (qui produit des batteries) exigeront également d’importantes ressources financières. Sans compter SolarCity, dont l’acquisition a porté la dette du groupe a 8,6 milliards de dollars. Tesla prévoit un budget de 2 à 2,5 milliards de dollars rien que pour le Model 3 au premier semestre. Et ce montant ne comprend même pas l’extension de la capacité de production. Il est clair que la position de trésorerie actuelle (près de 3,4 milliards de dollars) sera largement insuffisante. Pour nous, l’annonce d’une augmentation de capital n’est donc pas une surprise, même si le montant de l’opération, 1,15 milliard de dollars, est en deçà de nos prévisions et des craintes du marché.

Conclusion

Objectivement, Tesla présente actuellement de très grands risques à la fois techniques (opérationnels) et financiers (dilution). Le fait que Goldman Sachs revoie sa copie après des années d’optimisme – et avec de très bons arguments – est un signal que les investisseurs ne devraient pas négliger. Nous conseillons de jouer la sécurité et de vendre.

Conseil : vendre

Risque : élevé

Rating : 3C

Paru sur initiedelabourse.be

le 17 mars

TESLA A MANQUÉ SON OBJECTIF DE PRODUCTION L’AN DERNIER ÉGALEMENT.

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