L’euro à son plus haut niveau en trois ans

L’euro a atteint son plus haut niveau en trois ans par rapport au dollar américain. C’est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Désormais, les Européens peuvent voyager moins cher aux États-Unis et acheter moins cher en dollar. Pour les entreprises importatrices, la dépréciation du dollar est également une bénédiction. Elles peuvent acheter à des prix nettement plus bas, ce qui accroît mécaniquement leurs marges bénéficiaires. Les entreprises qui vivent en partie des exportations vers les États-Unis sont en revanche pénalisées. Le prix de leurs produits va automatiquement augmenter pour les clients américains.

Trop cher ?

L’euro est actuellement qualifié de ” cher ” par rapport au dollar américain. Il fluctue déjà aux environs de 1,20 dollar. Début 2014, c’est-à-dire il y a à peine trois ans et demi, il se négociait pourtant à… 1,36 dollar. À l’époque, nous recevions plus de 10 % de dollar en plus qu’aujourd’hui pour la même somme en euro. Il faudra donc que la monnaie unique s’apprécie encore beaucoup avant de pouvoir parler de ” sommet historique “.

La Banque centrale européenne (BCE) a commencé à racheter des obligations en juin 2014. Simultanément, elle a accru la masse monétaire en circulation en faisant tourner la planche à billets à plein régime. Les conséquences se sont rapidement fait sentir. La valeur de l’euro a chuté. À la fin de l’an dernier, la monnaie européenne est même retombée à son plancher du printemps 2015 (1,04 dollar pour un euro). Mais elle a opéré un net rebond depuis cette année.

” America first ”

Le président Donald Trump (slogan ” America first “) dénonce depuis longtemps un euro trop bon marché. Il accuse l’Europe de maintenir artificiellement un cours de change trop bas. Les monnaies ont commencé à converger lorsque la reprise de l’économie américaine s’est accélérée. Mais alors que les projets d’investissement du président Trump peinent à se concrétiser, l’euro est aujourd’hui plus fort que le dollar.

Peu des promesses que Trump avait faites lors de son entrée à la Maison-Blanche ont été réalisées. Des investissements et autres réductions d’impôts devaient donner un coup de fouet à l’économie américaine. Mais il semble pour Trump difficile de joindre le geste à la parole. Les scandales s’accumulent, comme l’endettement. Et l’on peut se demander si le Congrès votera les mesures de Trump. Ces incertitudes pèsent sur la monnaie américaine. Ce pourrait être une stratégie destinée à réduire le prix des produits américains sur le marché mondial, ce qui profitera à l’économie. Mais ceux qui en sont convaincus surestiment peut-être les capacités de Trump.

Économie européenne

En Europe, l’économie tourne désormais très bien. De plus en plus d’indices suggèrent que la BCE va réduire son programme de rachat d’obligations. Actuellement, la BCE rachète encore pour 60 milliards EUR d’obligations d’État par mois afin de porter progressivement l’inflation en direction des 2 %. Cela devrait encore renforcer l’euro. Récemment, l’inflation dans la zone euro est cependant retombée à 1,3 %. Elle était plus proche de l’objectif fin avril, lorsqu’elle s’établissait à 1,9 %.

L’appréciation de l’euro n’inquiète pas (encore) le président de la BCE Mario Draghi. Au contraire. Lors du forum de la BCE à Sintra (Portugal) fin juin, le président a fait savoir qu’il n’avait pas l’intention de continuer à racheter des obligations. Ses propos ont accéléré la hausse de l’euro. Simultanément, ils ont mis les obligations d’entreprises européennes sous pression. Les résultats sur les Bourses d’actions sont déjà visibles.

Lors de la réunion des dirigeants des banques centrales tenue à Jackson Hole (États-Unis) le 25 août dernier, Draghi n’a pas pris la peine de peser sur le cours de l’euro par ses déclarations. Draghi estime que l’argent du rachat des obligations favorisait l’économie. Il espère que les investisseurs utiliseront les fonds libérés pour pourvoir les entreprises en capitaux à moindre coût en échange d’actions et d’obligations. L’inflation pourrait légèrement augmenter d’ici le début de l’an prochain, pendant que la BCE réduira lentement son soutien à l’euro. Sans doute des marges se libéreront-elles pour une légère hausse des taux d’ici la fin de l’année. Cet argument aussi plaide pour une légère appréciation de l’euro. Un cours de 1,25 dollar pour un euro est envisageable.

Brève échéance

À solvabilité égale du débiteur, le remplacement d’anciennes obligations en euro par de nouvelles entraînera sans doute une baisse du rendement. Les obligations publiques et les obligations d’entreprises de catégorie supérieure ne rapportent presque plus rien (moins de 1 %). Dans le secteur des obligations d’entreprises, il existe encore les high yield bonds. Ce sont des obligations à rendement relativement élevé qui sont cependant émises par des entreprises dont la solvabilité n’est pas toujours garantie. Comme nous tablons sur une (légère) hausse des taux, nous opterions actuellement pour les obligations à relativement brève échéance. En cas de hausse effective des taux, vous pourrez éventuellement prolonger les échéances (résiduelles).

Hertz Holdings Netherlands BV (échéance le 15/01/2019) porte un coupon de 4,375 %. Pour un cours de 101,18, le rendement s’établit à 3,49 %. Pas mal pour un débiteur BB. 3AB Optique Developpement SAS (échéance le 15/04/2019) est notée B et offre un rendement de 5,05 %. Les deux obligations se négocient cependant en coupures relativement élevées (100.000 euros).

Amusementsgroep Studio 100 (échéance le 23/06/2022) verse un coupon de 3,35 %. L’obligation se négocie à 105,75, ce qui ramène le rendement à 2,08 %. Coupures de 1.000 euros.

Ceux qui ne jurent que par les débiteurs les plus sûrs devront se contenter de rendements de moins de 1 %. Quelques exemples : Capital Euro Funding, noté AA- (coupon de 2,625 %, échéance le 15/03/2023), se négocie à 112,58, ce qui ramène le rendement à 0,33 %. Avec coupon de 2,750 % et une échéance le 8/08/2022, National Australia Bank s’échange à 112,84. Le rendement ne dépasse donc pas 0,14 %.

Sans doute des marges se libéreront-elles pour une légère hausse des taux d’ici la fin de l’année.

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