L’enfant-mouche

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La faim est le fil conducteur de ce roman tiré de l’histoire familiale de l’auteur. Nous sommes en 1944. Infirmière à Casablanca, Anne-Angèle vient à Paris régler la succession de Mathilde, une soeur qu’elle n’a plus vue depuis des années. Elle découvre à cette occasion que Mathilde s’occupait de Marie, une orpheline au passé trouble, moyennant rétribution. Elle reprend le contrat et se retrouve sans le sou en Champagne où elle tombe malade. Devant subvenir seule à ses besoins, Marie, telle une mouche, se pose partout où il y a de la nourriture. L’occasion pour l’auteur d’évoquer, sans jamais forcer le trait, le côté noir et sordide d’une guerre dans laquelle la quête de nourriture et d’alcool justifie toutes les bassesses. Seuls les Allemands témoignent un peu d’affection à cette enfant qu’ils ont fini par surnommer Die kleine Fliege (” la petite mouche “) et lui confient un rôle dans cette opérette volontairement dérisoire. Avec Hans, son protecteur, Marie développe un langage de sourds-muets qu’eux seuls connaissent. Elle ne parviendra cependant pas à le sauver de l’explosion finale, sur laquelle se referme ce livre dense et riche, qui pourrait constituer une des révélations de la rentrée littéraire.

Philippe Pollet-Villard, L’enfant-mouche, Editions Flammarion, 432 pages, 21 euros.

Par Guillaume Capron

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