L’art d’être aborigène

Le Musée Art & Histoire du Cinquantenaire expose le talent plastique des aborigènes, faisant remonter le rêve d’une Australie à la fois ancestrale et contemporaine. Magique.

En 1977, dans son film La dernière vague, le cinéaste australien Peter Weir met en scène un avocat, joué par Richard Chamberlain, aspiré malgré lui dans un crime rituel chez les aborigènes. Dans ce long métrage impressionnant, la réalité d’intempéries fortes et bizarres se mélange avec les songes, l’imaginaire et le rêve. C’est précisément ce dernier élément qui est au coeur de la proposition du musée du Cinquantenaire.

Après des expos tactiles, entre autres consacrées aux richesses de l’Egypte ancienne ou aux estampes japonaises, le Art and History Museum prolonge son décryptage des civilisations culturellement riches. Dès l’entrée dans les salles, le visiteur est doublement accaparé: visuellement par une déferlante de couleurs et de motifs qui font penser que Keith Haring a dû s’inspirer de ce primitivisme, mais aussi par une bande-son combinant de l’ ambient mystérieux et des bribes musicales semblant venir de la nuit des temps. D’où, peut-être, le titre de l’événement: Before Time Began, avant que le temps n’ait commencé.. . Ruminations étranges, échos caverneux, parasites d’outre-monde, bouts de mélodies millénaires: on est d’emblée plongé dans une ambiance unique et déconcertante. Impression confirmée par les peintures montrées dans une pénombre voulue, aux côtés de quelques sculptures et assemblages, dans le dédale des salles du musée. Elles se placent toujours dans une perspective de ” rêve“, avec un graphisme particulier. Cette production, construite au long de centaines d’années, semble aussi totalement contemporaine. Ce décalage entre un héritage multimillénaire et l’évidente modernité de peintures parfois très récentes, donne une impression forte et durable. Et rêveuse.