L’alternative est à gauche

Jeremy Corbyn, chef de file du Labour © Belgaimage

Dix ans plus tard, nous sommes encore sous le coup de la grande crise économique. Mais si tout le monde ou presque s’accorde à dire que quelque chose de fondamental a changé en 2008, un grand déni demeure quant à la réponse politique à y apporter. Dans de nombreux pays, la volonté de puissants groupes d’intérêt de s’accrocher à une orthodoxie économique défaillante se traduit par un fossé grandissant entre, d’un côté, les espoirs et les besoins du peuple et, de l’autre, les préceptes obsolètes de la classe politique. Dans ce fossé se sont engouffrés les faux populistes de l’extrême droite, tout disposés à mettre en pièces notre tissu social sans apporter la moindre solution aux crises auxquelles sont confrontées nos sociétés.

Nous sommes donc à la croisée des chemins. D’un côté, il y a la politique de xénophobie et de haine. De l’autre côté, une voie différente.

La leçon à en tirer est évidente. Si les partis de centre gauche apparaissent comme des tenants de l’establishment et s’évertuent à défendre un système économique en faillite, ils seront rejetés, offrant ainsi un boulevard vers le pouvoir à cette droite dure qui fait la chasse aux migrants.

Avant même 2008, la vieille orthodoxie brillait déjà par son inefficacité pour le plus grand nombre. Le cocktail délétère associant déréglementation, privatisations, avantages fiscaux pour les riches et endettement pour les autres creusait déjà des inégalités extravagantes et fut l’une des causes de la crise elle-même. Pourtant, dans bien des endroits du monde, l’establishment politique a répondu à l’échec de ce modèle par la surenchère, avec l’application de plans d’austérité ravageurs qui ont décuplé ses effets nocifs. Comment s’étonner des conséquences ?

Dans la sixième économie du monde, le Royaume-Uni, plus de 4 millions d’enfants vivent dans la pauvreté, et des centaines de milliers de familles doivent recourir à des banques alimentaires. Alors qu’une part croissante du revenu national revient à ceux qui détiennent le capital, les rémunérations progressent moins vite que la croissance, et en 10 ans le salaire réel a dégringolé de 800 livres (environ 900 euros).

Voilà le contexte dans lequel, en 2016, une majorité de Britanniques ont voté pour la sortie de l’Union européenne. Dans ces villes, petites et grandes, sinistrées par le déclin industriel et laissées à l’abandon, ils sont nombreux à avoir voté pour le Brexit dans un mouvement de protestation contre un système politique qui, tout simplement, ne tient pas ses promesses.

Nous sommes donc à la croisée des chemins. D’un côté, il y a la politique de xénophobie et de haine telle qu’on la voit monter en puissance partout en Europe, aux Etats-Unis et ailleurs, qui cherche à faire des minorités et des étrangers les boucs émissaires de tous les mécontentements de l’électorat. Ses partisans cajolent les riches et les entreprises à coups d’allégements fiscaux et se révèlent incapables de proposer des solutions viables au désastre économique et social.

De l’autre côté, le Labour (le Parti travailliste) montre une voie différente : il existe bien une alternative populaire à l’austérité en politique économique et au conflit en politique étrangère. Nous proposons un vrai changement : redonner sa place à l’Etat dans une économique vraiment mixte, placer les travailleurs dans les conseils d’administration, augmenter les impôts des plus riches afin d’investir pour le bénéfice de tous dans les services publics et les secteurs d’avenir, bâtir un nouveau cadre pour les entreprises. Et ces politiques ont le soutien de la population. Loin d’être extrémistes, elles sont le vrai courant dominant, elles incarnent le nouveau terrain d’entente de la vie politique et de l’opinion publique en Grande-Bretagne.

Le Labour renoue avec ses racines et avec sa vocation. Nous allons à contre-courant des partis sociaux-démocrates et socialistes qui, partout en Europe, subissent la désaffection de l’électorat pour avoir consenti aux politiques d’austérité et s’être révélés incapables de protéger les citoyens. Au Royaume-Uni, ces idées en faveur d’une société plus égalitaire et plus prospère bâtissent un consensus nouveau et poussent nos adversaires sur la défensive. Je suis convaincu qu’elles peuvent en faire autant partout dans le monde. Dans le cas contraire, d’autres ne manqueront pas de venir combler le vide.

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