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Le Covid accélère la transformation des entreprises…

Sommes-nous suffisamment prêts à accompagner ces changements afin de conserver ou, mieux, créer des emplois chez nous? On peut en douter.

Ces derniers jours, le couperet est tombé trois fois. Trois restructurations opérées par des multinationales qui débouchent sur des suppressions d’emplois. Solvay revoit ses fonctions de support dans le monde, entraînant la disparition de 800 jobs (mais la création de 350 nouvelles fonctions). En net, il y aura 67 pertes d’emplois au QG belge. Le verrier AGC, gros fournisseur de vitrage pour les trains, notamment en France, va réduire de 47 unités l’emploi dans son usine de Seneffe, en réaction aux réductions de commande du secteur ferroviaire, après en avoir déjà supprimé cet été 95 à son siège de Louvain-la-Neuve. L’Oréal, aux prises avec la baisse de ses ventes dans les magasins et la montée en puissance du commerce digital, réorganise ses effectifs dans le Benelux et regroupe ses équipes dans un siège unique, à Amsterdam, abandonnant la Belgique. Environ 125 emplois belges sont concernés. Et l’on peut penser que ces annonces de restructuration ne sont pas les dernières.

Les raisons avancées diffèrent selon les sociétés, mais il y a un grand point commun: le Covid accélère la transformation des entreprises, soit par baisse de la demande, soit par une modification de celle-ci, soit parce que les exigences de la digitalisation ont rendu obsolètes certaines fonctions, et obligent à en créer d’autres. Notre dossier de couverture sur la révolution que subissent les “cols blancs” vous en dira plus à ce sujet.

Mais ce n’est pas seulement une question de ressources humaines. Sommes-nous suffisamment prêts à accompagner ces changements afin de conserver ou, mieux, créer des emplois chez nous? On peut en douter. “L’écosystème néerlandais a un peu d’avance sur le belge dans la transition digitale”, a diplomatiquement répondu à nos confrères de L’Echo le patron de L’Oréal pour le Benelux afin d’expliquer pourquoi le siège unique de la filiale allait se déplacer à Amsterdam. “Nous comptons davantage de grands clients business aux Pays-Bas qu’en Belgique. Songez notamment aux plateformes d’e-commerce comme bol.com“, ajoutait-il.

Les Pays-Bas, déjà traditionnellement attrayants pour les multinationales classiques, engrangent ainsi la récompense d’efforts menés depuis des années dans l’économie numérique, en favorisant l’hébergement de plateformes, en lançant des “Steve Jobs schools” pour l’apprentissage digital, en numérisant leur administration, en ayant une population dont une bonne part maîtrise l’anglais, en accueillant davantage de jobs dans le numérique que la moyenne européenne.

Et nous ferions bien de nous pencher sur l’exemple néerlandais. Dans les classements internationaux, et notamment le “Doing Business” de la Banque mondiale qui évalue la facilité à faire des affaires en fonction de divers critères (facilité de créer une entreprise, d’avoir un prêt, d’être raccordé à l’électricité ; fiscalité ; protection des actionnaires minoritaires), notre pays se classe 29e sur les 34 membres de l’OCDE. Nos principaux partenaires commerciaux (Pays-Bas, France, Allemagne, Royaume-Uni) sont devant nous. Si nous sommes à la traîne, c’est sans doute parce que la qualité de la gouvernance publique a souffert de ces trop longs mois de gouvernements en affaires courantes qui ont paralysé le pays, mais aussi de ces mesures de compromis alambiquées qui font de la Belgique une terre d’instabilité fiscale qui rebute l’investisseur.

Essayons cette fois d’inverser la vapeur, afin d’offrir des opportunités aux entreprises qui, de toute façon, changeront quoique nous fassions.

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