Impérial de keyzer

© PHILIPPE CORNET

Le Gantois de chez Magnum expose ses photos au Botanique : une réussite, pas seulement esthétique.

Carl De Keyzer (1958) a taillé son CV en une douzaine de livres dont plusieurs consacrés aux pays de l’Est, Russie en tête. Que ce soit dans Homo Sovieticus où il traquait la mémoire de l’ancienne Union soviétique en pleine perestroïka ou dans Zona, portrait terrifiant des anciens goulags de Sibérie devenus camps de prisonniers, la dimension humaine de son approche photographique au long cours, a marqué également son ouvrage consacré à la RDC, Congo (Belge).

Les deux livres qui sont au coeur de son actuelle installation de 75 images au Museum du Botanique, Moments Before The Flood et Higher Ground, prennent en compte l’hominidé mais aussi les paysages de notre Terre en danger. Pour le premier volume, De Keyzer a parcouru plus de 100.000 kilomètres à la recherche de toutes les traces d’érosion européenne, montrant la montée des eaux, plus rapide que les pronostics les plus pessimistes. Sur ce constat terrifiant qui s’épanouit dans des photos de noble beauté, le titulaire de chez Magnum (depuis 1994) a imaginé que des populations entières devraient migrer vers les hauteurs si elles veulent éviter d’être les pieds, et davantage, dans l’eau. D’où ces clichés de montagnes et de leur drôle d’appareillage hors saison, les skieurs sans ski ressemblant alors à de possibles réfugiés climatiques.

Il y a un peu de Martin Parr dans cette vision catastrophiste d’autant plus troublante que la nature, le cadrage et les passants, sont saisis avec un maximum de perfection technique. Comme de fausses cartes postales venant d’un territoire refuge qui reste une fiction. Pour combien de temps ?

Carl De Keyzer Higher Ground, jusqu’au 30 avril au Botanique, www.botanique.be

Par Philippe Corent

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