Faut pas prendre les cons pour des gens

© PG

Avec un titre pareil, on s’attend à un certain décalage. Cela tombe bien, Emmanuel Reuzé et Nicolas affectionnent particulièrement ce qui sort de la route tracée. Leurs décalages, ils les glissent dans leurs histoires courtes en BD qui composent ce recueil de planches parues il y a quelques années dans feu Psikopat, auxquelles s’ajoutent des trouvailles tout aussi hilarantes. Le concept ? Un gaufrier en six cases, un dessin assez froid sur des photos de base issues de la publicité ou trouvées sur Internet. Et dans les phylactères, des dialogues qui fleurent bon l’absurde et frôlent le politiquement incorrect. Des exemples ? Une discussion en terrasse de deux mères de famille s’émerveillant de voir leurs enfants collectionner les images dissuasives des paquets de cigarettes. Ou encore ce patron despotique s’énervant de voir la femme de ménage laisser traîner les quelques collaborateurs suicidés. Non sense ? Au contraire, les auteurs trouvent ici le moyen de pointer les quelques travers de notre société, ne s’empêchant pas quelques détours par une science-fiction réaliste, une uchronie malaisante. Leur talent : jouer avec la limite et ne jamais sacrifier le bon goût sur des sujets touchy tels que la mort, le racisme ou l’intégrisme religieux. Un jeu graphique et langagier sur la distanciation, en somme. C’est drôle, glaçant, parfois cruel et pas si loin de la réalité. Et terriblement addictif.

Emmanuel Reuzé & Nicolas Rouhaud, ” Faut pas prendre les cons pour des gens “, éditions Fluide Glacial, 58 p., 12,90 euros.

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