Et si on nous imposait aussi le temps de cuisson de la dinde?

Amid Faljaoui

Drôle de fin d’année,selon que l’on porte son regard ici ou là, on peut être à la fois irrité, positivement étonné ou inquiet. Irrité parce qu’on voit bien qu’en Belgique ou en France, le discours de nos dirigeants sur le Covid-19 vise à nous culpabiliser. Volontairement ou involontairement, peu importe. Si les chiffres ne s’améliorent pas, c’est de notre faute, à cause de notre comportement. Comme l’écrivait ironiquement l’entrepreneur Eric Verhaeghe dans Le Figaro: ” C’est parce que nous ripaillons trop, nous folâtrons trop, nous jouissons trop. Vivons en ascète, et l’ordre reviendra “.

Le Covid-19 a beau être représenté avec une couleur rouge, ce virus n’est ni de gauche ni de droite. A l’évidence, il frappe tout le monde.

En clair, au lieu de nous expliquer qu’il faut confiner la Belgique en hiver pour ralentir la contamination, nos gouvernants et nos experts donnent l’impression d’attribuer l’essentiel de cette épidémie sur le mauvais comportement des citoyens. Mais on oublie juste de rappeler qu’un virus se propage plus vite en hiver et que l’épidémie a repris partout y compris en Allemagne où les citoyens sont supposés être plus rigoureux! Et donc, comme avec les enfants indociles, on nous menace de nouvelles mesures encore plus drastiques. Comme l’écrivait l’essayiste Marc Fiorentino, à l’allure où ça va, le gouvernement nous imposera bientôt aussi le temps de cuisson pour la dinde de Noël.

L’étonnement positif, lui, vient de l’Europe qui s’est enfin mise d’accord sur la constitution de ce fameux plan de relance de 750 milliards d’euros. Comme vous le savez, notre pays aura droit à 5,15 milliards d’euros. Mais quand on compile tous les projets de la Flandre, de Bruxelles et de la Wallonie, on arrive à un montant de plus de 20 milliards d’euros, soit quatre fois plus. Autrement dit, nous allons devoir nettoyer et faire le tri pour proposer à l’Europe des projets qui rentrent dans l’enveloppe de ces 5 milliards. Le boulot de sélection ne sera pas simple car la Flandre a déjà préempté le débat en indiquant qu’elle estimait avoir droit à 3 milliards. Thomas Dermine, le jeune secrétaire d’Etat à la Relance, n’aura pas un boulot simple du haut de ses 34 ans pour faire ce tri de la manière la plus efficace possible. Mais au moins, on avance et c’est notre avenir qui se dessine avec ce plan de relance.

Et puis, j’en viens au troisième sentiment: l’inquiétude. Pour une fois, elle ne vient pas des indépendants, du secteur horeca ou de l’événementiel mais des salariés. Plus précisément des commerciaux et des managers. Personne n’y avait pensé quand a éclaté cette crise, mais selon le cabinet Eight Advisory, 43% des employés ont droit à une rémunération variable qui peut représenter de 5 à 30% de la rémunération globale dans certains cas. Mais ce bonus, cette prime – vous l’appelez comme vous voulez -, il faudra l’oublier pour cette année. Motif? Comme les objectifs ont été définis en début d’année, c’est-à-dire avant l’arrivée de la pandémie, ils ne seront pas rencontrés dès lors que la plupart des entreprises auront connu une baisse de leur chiffre d’affaires. Les commerciaux, je parle des hunters et pas des farmers, vont hélas connaître une baisse de leur pouvoir d’achat en 2021. Ironie picturale, le Covid-19 a beau être représenté avec une couleur rouge, ce virus n’est ni de gauche ni de droite. A l’évidence, il frappe tout le monde.

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