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Croissance en sursis pour la zone euro

On le sait, l’économie de la zone euro n’est pas au mieux de sa forme. En 2018, la décélération continue de l’activité, sur fond de hausse des prix pétroliers et de tensions commerciales, a laissé des traces. Alors que le rythme de croissance flirtait avec les 3% fin 2017, il a diminué de moitié en à peine un an. L’embellie conjoncturelle a donc été de courte durée.

Les prévisions de 2019 des principales institutions internationales ont en conséquence été drastiquement revues à la baisse. Certains craignaient même une récession dès cette année en zone euro.

Ceci étant, la publication des chiffres de croissance économique du premier trimestre dans les pays de la zone euro ont été plutôt rassurants. Avant toute chose, il faut se rappeler qu’en termes de croissance économique, un faible écart sépare une situation catastrophique (disons -0,5% par trimestre pour la plupart des économies) d’une vigoureuse reprise (si on atteint +1% par trimestre, on peut vraiment parler de forte croissance). Pour être précis, ces chiffres devraient encore être déclinés par pays, en fonction de la croissance potentielle de chacun (plus faible en Allemagne qu’en France par exemple), mais ils donnent déjà des balises suffisantes.

La période actuelle s’apparente plus à une espèce de sursis plutôt qu’à l’aube d’une reprise forte.

La France a ainsi connu une croissance de 0,3% au premier trimestre de 2019, et ce par rapport au trimestre précédent. Compte tenu des circonstances économiques et sociales du pays, ce n’est pas mauvais. L’Espagne a surpris plus d’un analyste en progressant de 0,7% sur la même période et l’Italie, qui avait connu deux trimestres consécutifs de croissance négative en 2018, a redressé la tête avec une modeste croissance de 0,2%. La Belgique a également connu une croissance de 0,2% au premier trimestre, mais celle-ci fait suite à une croissance de 0,4% au trimestre précédent, ce qui illustre une situation bien moins préoccupante qu’en Italie.

Il restait donc à connaître la performance de l’Allemagne, qui a elle aussi flirté avec la récession en deuxième partie de 2018. La publication, mercredi dernier, d’un chiffre de croissance de 0,4% par rapport au trimestre précédent peut donc être considérée comme une bonne surprise. On le sait, le secteur industriel allemand est touché par les tensions commerciales et le ralentissement du commerce mondial qui s’ensuit. Il a donc bien du mal à supporter la croissance de l’activité économique et cela n’est d’ailleurs pas près de s’arranger. Mais le secteur des services, en Allemagne comme un peu partout en zone euro, reprend un peu vigueur.

Avec un chiffre global de croissance de 0,4% au premier trimestre, la zone euro respire donc un peu. Cette croissance a des implications très concrètes : le marché du travail de la zone euro continue à créer des emplois. Près de 600.000 nouveaux emplois (nets) ont ainsi été créés durant les trois premiers mois de l’année en zone euro. Sur un an, la progression est de 2 millions d’emplois environ, soit 1,3% d’emplois supplémentaires. Or, l’emploi est un élément essentiel pour maintenir la dynamique de l’activité : l’emploi crée du revenu et le revenu crée de la consommation qui, à son tour, génère de l’activité économique.

En bref, la zone euro tient bon et la récession n’est pas pour tout de suite ! Mais il ne faut pas pour autant s’attendre à des miracles : la dynamique économique européenne reste trop faible et on ne voit pas comment, dans le contexte (géo-)politique actuel, la zone euro pourrait connaître une nouvelle accélération forte de sa croissance. La période actuelle s’apparente donc plus à une espèce de sursis plutôt qu’à l’aube d’une reprise forte.

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