Couleurs de l’incendie

Il y a quelques semaines, nous vous parlions dans cette même page, de Miroir de nos peines du génial Pierre Lemaitre, troisième chapitre d’une trilogie sur les travers humains dans une première moitié du 20e siècle bousculée par deux guerres mondiales. Quasi simultanément paraissait l’adaptation en bande dessinée du deuxième volet, Couleurs de l’incendie. C’est au dessinateur Christian De Metter, qui s’était déjà frotté à l’oeuvre du prix Goncourt 2013 en adaptant Au revoir là-haut, de s’atteler à sa mise en images. Un défi pour un roman qui contrairement à son prédécesseur se déploie plus subtilement dans l’intimité des salons de la bourgeoisie parisienne. Ceux de Madeleine Péricourt, veuve, mère d’un jeune garçon et héritière de par son père d’un empire financier convoité. A l’aube des années 1930, elle assiste avec impuissance, et aussi un peu de négligence, au délitement de la banque familiale qui, une fois reprise en mains par des financiers obscurs, devient l’un des rouages d’un capitalisme sauvage aux accointances autoritaires et fascisantes. Histoire de vengeance de la jeune femme cherchant à récupérer ses biens dévoyés par des hommes (il s’agit aussi d’un récit d’émancipation féminine), Couleurs de l’incendie voyait en Pierre Lemaitre un formidable auteur de suspense historique et politique. Par son dessin ombrageux, aimant les plans rapprochés de ses protagonistes, Christian De Metter en offre une nouvelle lecture fidèle aux mots du romancier et tout en clair obscur. Un autre moyen que d’approcher une oeuvre essentielle.

Christian De Metter et Pierre Lemaitre, ” Couleurs de l’incendie “, éditions Rue de Sèvres, 164 pages, 24 euros.

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