Crise du Covid-19: comment éviter que mon banquier ne m’étrangle

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De la suspension de votre prêt hypothécaire à la facilité de crédit pour votre PME, les banques se mobilisent pour donner de l’air aux ménages et aux entreprises frappés par l’épidémie. Mais attention, tout le monde ne sera pas aidé. Qui sera secouru, qui ne le sera pas ? Combien ce coup de pouce vous coûtera-t-il ? Réponse en 15 questions et réponses concrètes.

Restaurants, bars, magasins… De nombreux commerces ont fermé leurs portes. L’épidémie de coronavirus est une crise sanitaire qui frappe de plein fouet l’économie, les entreprises et votre portefeuille. La FEB, la fédération des entreprises de Belgique, évalue la perte à 2,4 milliards d’euros par semaine. Nombreux sont les Belges qui se retrouvent déjà avec des revenus diminués et qui font face à des difficultés pour joindre les deux bouts. Alors, comment faire ? Réponse : en allant voir votre banquier ! Le gouvernement, la Banque nationale (BNB) et les banques du pays ont en effet assuré les ménages et les entreprises de leur soutien. Ils appellent tous ceux qui sont ou risquent de se retrouver dans les problèmes financiers du fait de la crise à discuter avec leur banquier. Le plus tôt possible…

Si l’idée est de voir les banques lâcher du lest, certaines conditions devront toutefois être respectées.

1. Il paraît que les banques peuvent m’aider pour tenir le coup : de quoi s’agit-il exactement ?

Avec le soutien de la Banque nationale, du secteur bancaire et des assureurs, le gouvernement a élaboré un paquet de mesures visant à préserver au maximum l’activité économique. Ce dispositif de soutien comprend deux volets. D’une part, les banques du pays (dont BNP Paribas Fortis, Belfius, ING, KBC, Axa, Crelan, CPH, etc.) s’engagent à soulager les propriétaires qui remboursent un prêt hypothécaire et qui connaissent des problèmes de liquidité à cause de la crise. D’autre part, il prévoit l’activation d’un système de garantie pour les nouveaux crédits bancaires octroyés aux entreprises faisant face à des problèmes de trésorerie. Quelques facilités sont également offertes par les assureurs pour le paiement des primes d’assurance relatives au solde restant dû liées à des emprunts hypothécaires.

2. Qui est dans la cible ?

Le deal négocié par le ministre des Finances Alexander De Croo et la BNB avec la fédération du secteur bancaire (Febelfin) concerne tant les particuliers que les indépendants et les entreprises. La BNB s’est notamment engagée à garantir les prêts octroyés aux entreprises à hauteur de 50 milliards d’euros. Concrètement, si une entreprise ne parvenait pas à rembourser son crédit, ce serait alors aux banques et à l’Etat d’éponger les pertes.

L’objectif est de stabiliser le système financier belge et d’inciter les banques à prêter un maximum pour assurer la liquidité des PME et ainsi éviter les déconfitures en cascade. Tandis que le nombre de chômeurs temporaires explose, une entreprise sur deux en Belgique ne disposerait en effet pas des réserves suffisantes pour traverser la tempête.

3. Quel est le timing de ces nouvelles mesures ?

Au moment de boucler cet article, Febelfin travaillait encore avec le gouvernement sur une sorte de charte reprenant toutes les modalités pratiques de report des prêts hypothécaires, à commencer par la date d’entrée en vigueur du dispositif, en principe fixée au 1er avril.

Pour ce qui est du délai accordé aux ménages et aux entreprises qui rencontrent des difficultés liées à la crise du coronavirus et qui souhaitent obtenir un report de remboursement, il est fixé à six mois, soit un délai courant normalement jusqu’au 31 octobre prochain.

Quoi qu’il en soit, ” les citoyens auront suffisamment de temps pour discuter d’un report de paiement avec leur banque “, indiquait en début de semaine Febelfin. Un conseil, néanmoins, si vous êtes dans le besoin : n’attendez pas trop longtemps ! Si vous demandez par exemple un report seulement dans trois mois, celui-ci ne portera normalement plus que sur les échéances dues avant la fin de la période de report autorisée, soit le 31 octobre.

Economie en berne Nombre de commerces subissent de plein fouet la crise et demandent un ballon d'oxygène à leur banquier.
Economie en berne Nombre de commerces subissent de plein fouet la crise et demandent un ballon d’oxygène à leur banquier.© BELGAIMAGE

4. Qui va pouvoir suspendre son prêt hypothécaire ?

En principe, tous les ménages qui ont des difficultés financières à cause de la crise peuvent introduire une demande pour bénéficier de l’aide proposée. Concrètement, cela devrait non seulement comprendre les ménages frappés par une perte d’emploi temporaire ou définitive mais aussi ceux dans lesquels un indépendant fait face à une perte importante de revenus à cause de la diminution ou de l’arrêt de ses activités.

Notons que la plupart des banques pratiquent déjà couramment ce type de suspensions temporaires. Chez Axa par exemple, même en temps normal, il est possible de trouver une solution sur mesure en cas de difficultés financières. ” Les clients ayant un crédit hypothécaire peuvent demander une suspension du capital de six mois standard en cas de chômage temporaire ou de pertes de revenus. Après six mois, la situation du client est réévaluée et cette période peut être prolongée si nécessaire “, explique Lisa Pieters, responsable des relations avec la presse chez Axa Bank Belgium, où un numéro spécial (0800 15314) a été mis en place pour répondre aux questions des clients touchés par la crise économique en cours.

5. A qui s’adresser pour bénéficier du coup de pouce ?

Les banques demandent de prendre rendez-vous en agence, soit de les contacter par téléphone, e-mail ou via leurs applications mobiles.

” Afin d’aider nos clients le plus efficacement possible via les canaux à distance, les équipes ont entamé toutes les préparations nécessaires pour assurer un suivi fluide et efficace des clients qui envisagent de bénéficier des mesures de report “, indique Valéry Halloy, porte-parole de BNP Paribas Fortis.

De son côté, ING Belgique a par exemple créé une adresse e-mail unique (coronamortgage.fr@ing.com) pour permettre à ses clients d’introduire une demande de moratoire sur les paiements.

6. De quels documents ma banque a-t-elle besoin ?

Si l’idée est de voir les banques lâcher du lest, certaines conditions devront toutefois être respectées. Autrement dit, ” le report n’est pas automatique, souligne Alain Declercq, CEO de la banque CPH où l’on n’a pas attendu les mesures du gouvernement pour répondre aux demandes concernant les crédits hypothécaires. Il faut en effet pouvoir prouver que les problèmes de paiement sont dus à la crise du Covid-19 et, par ailleurs, que le client ne sait pas faire face lui-même à cette crise. ” Donc non seulement illustrer la perte de revenus mais aussi le fait que celle-ci est bien liée à l’épidémie.

Certaines banques, comme BNP Paribas Fortis, ont toutefois déjà fait savoir que les clients qui avaient des antécédents négatifs ne pourraient pas bénéficier du système. Pareil pour les personnes qui disposent de solides économies pour combler un éventuel trou. Comme l’a déclaré le président de Febelfin (et CEO de KBC) Johan Thijs lors de l’annonce des mesures prises par le secteur bancaire face à la crise du coronavirus, votre banquier regardera également votre capacité totale de remboursement. Le ménage qui dispose par exemple de 25.000 euros sur son compte épargne n’a aucune chance d’obtenir la suspension, selon Johan Thijs.

7. Tous les crédits hypothécaires sont-ils visés ?

Toutes les formules sont concernées, peu importe leur durée (15 ans, 20 ans, etc.) et le type de taux d’intérêt (variable ou fixe). Techniquement, le contrat est simplement prolongé du nombre de mois pendant lequel le remboursement est suspendu. Il est bien évidemment possible d’arrêter la suspension après deux ou trois mois.

Ne sont toutefois pas inclus dans le mécanisme les crédits à la consommation (les prêts auto, certains prêts à la rénovation, etc.). Du moins pour le moment. Motif ? ” Nous avons voulu viser en priorité la plus grande partie des engagements financiers des ménages, qui sont constitués essentiellement par les remboursements de crédits hypothécaires “, soutient le porte-parole de Febelfin, Rodolphe de Pierpont. Dans une lettre adressée à la Première ministre Sophie Wilmès, Test-Achats plaide néanmoins pour un aménagement de la loi relative au crédit à la consommation, à l’image de ce que le gouvernement a prévu jusque fin septembre pour les crédits hypothécaires.

Un restaurant qui battait de l’aile avant la crise a peu de chances de se voir aidé.

8. Ce gel des mensualités concerne-t-il les intérêts et/ou le capital ?

Si des discussions étaient toujours en cours à l’heure de rédiger ces lignes, l’idée reste de permettre de reporter aussi bien la partie du capital que les intérêts de la mensualité. ” Les clients confrontés à des difficultés budgétaires en raison de la crise du coronavirus pourront en effet demander un report du remboursement du capital et des intérêts jusqu’au 31 octobre “, selon Valéry Halloy, indiquant par ailleurs que cela s’appliquera aussi bien aux clients de BNP Paribas Fortis que de Fintro, Hello bank ! ou Demetris.

Mais attention : le fait de reporter les intérêts ne les fait bien sûr pas pour autant disparaître. ” Il faudra aménager le crédit afin de permettre ultérieurement le paiement des intérêts relatifs à la période de suspension, précise Rodolphe de Pierpont. Pour cette raison, un report uniquement de la partie ‘capital’, qui concerne dans la plupart des cas une grosse partie de la mensualité, peut être suffisante et nettement plus simple à organiser. ”

9. Y a-t-il des frais supplémentaires ?

Pour répondre à l’appel de Test-Achats qui leur demandait de faire preuve de souplesse, les banques ne réclameront aucun surcoût. ” Il est très clair qu’il n’y aura ni frais de dossiers ni frais administratifs pour les demandes de report qui tombent dans le cadre de ces mesures de crise “, confirme Rodolphe de Pierpont. Ce sera le cas chez BNP Paribas Fortis, leader du marché hypothécaire, ” où aucun frais de dossier ne sera facturé ” mais aussi chez Belfius ou encore chez Axa. ” Exceptionnellement, aucun frais ne sera réclamé pour un tel report et ces demandes seront traitées en priorité “, assure la porte-parole de cette dernière, Lisa Pieters.

10. Le report de paiement vaut-il aussi pour les indépendants et les PME ?

Oui. Et aussi bien pour vos crédits personnels que pour vos crédits professionnels. Si vous êtes dans les conditions d’éligibilité (chiffre d’affaires en baisse à cause de la crise) et si vous en formulez la demande auprès de la banque, le report (uniquement du capital) sera autorisé. ” L’idée est que cela soit aussi simple et rapide que possible “, nous confie Rodolphe de Pierpont. Par ailleurs, ” ce moratoire sur les crédits existants s’applique tant pour les clients privés que pour ceux de la banque des entreprises pour leur crédit habitation “, spécifie pour sa part Valéry Halloy chez BNP Paribas Fortis.

11. En tant qu’indépendant ou PME, qui sera éligible et qui ne le sera pas ?

Un restaurant qui battait de l’aile avant la crise a peu de chances de se voir aidé. Pour éviter les effets d’aubaine, ” seules les entreprises en bonne santé seront soutenues “, soulignait en effet le CEO de BNP Paribas Fortis Max Jadot voici deux semaines dans notre magazine.

Qu’est-ce qu’une entreprise viable ? Selon nos informations, les termes de l’accord conclu par le gouvernement avec les banques considèrent comme viable toute entreprise qui n’affiche aucun retard de paiement en matière d’impôts (TVA, etc.) ni d’ONSS ni auprès des banques en date du 1er février 2020. Voire, au pire, accuse un retard de paiement de maximum 30 jours au 29 février 2020, mais n’est pas en restructuration de crédit.

Au-delà de ces premiers critères, votre banquier procédera bien sûr à sa propre analyse de fournisseur de services et s’assurera que chaque crédit accordé pourra être remboursé. En clair, comme pour les particuliers, les banques agiront au cas par cas.

Notons également qu’on parle ici de crédits d’une durée maximum de 12 mois. Le système a en effet pour objectif principal d’aider les entreprises à résoudre leurs problèmes de trésorerie et qui font face à l’arrêt de certaines de leurs activités, à des problèmes d’approvisionnement, etc.

Une action coordonnée Le ministre des Finances Alexander De Croo, le président de Febelfin Johan Thijs et le gouverneur de la Banque nationale Pierre Wunsch lors de l'annonce des mesures prises par le secteur bancaire face à la crise.
Une action coordonnée Le ministre des Finances Alexander De Croo, le président de Febelfin Johan Thijs et le gouverneur de la Banque nationale Pierre Wunsch lors de l’annonce des mesures prises par le secteur bancaire face à la crise.© BELGAIMAGE

12. Pour un nouveau crédit professionnel, combien puis-je emprunter dans le cadre de ce plan d’aide des banques ?

Un montant maximum de 50 millions d’euros par entreprise a été fixé. La preuve que le gouvernement et la Banque nationale veulent ainsi surtout aider les PME. Il serait paraît-il possible d’emprunter plus que 50 millions d’euros, à condition toutefois de demander l’accord au SPF Finances.

13. Quels crédits aux entreprises sont couverts par la garantie d’Etat d’urgence ?

Tous les nouveaux crédits et toutes les nouvelles lignes de crédit d’une durée maximale de 12 mois (hors refinancement) sont couverts par le régime de la garantie fédérale. Mais encore faut-il qu’il s’agisse bien d’un crédit dont le but est de soulager la trésorerie des indépendants et des entreprises qui feraient face à l’arrêt de certaines activités, à des problèmes d’approvisionnement, etc., suite à la crise actuelle. En clair, on ne parle pas ici de prêts destinés à financer de nouvelles acquisitions ou de gros investissements immobiliers.

14. Combien ce crédit supplémentaire garanti par l’Etat va-t-il me coûter ?

La garantie de l’Etat sur les nouveaux crédits signés n’est pas gratuite. Elle s’élève à 0,25 % pour les PME (maximum 250 personnes, chiffre d’affaires inférieur à 50 millions d’euros ou bilan inférieur à 43 millions d’euros) et à 0,50 % pour les grandes entreprises. Quant au taux d’intérêt appliqué sur le nouveau crédit, un maximum de 1,25 % a (en principe) été fixé. Au total, le client se verra donc appliqué sur son bois de rallonge un taux annuel de 1,5 % ou 1,75 % maximum (garantie comprise). Cela veut dire par exemple qu’un hôtelier qui demanderait un crédit-pont de 100.000 euros sur 12 mois avec un taux de 1 % (assorti de la garantie fédérale), paiera 1.250 euros d’intérêts.

A noter qu’au moment d’écrire ces lignes, plusieurs questions subsistaient quant à l’articulation de cette garantie fédérale avec les garanties régionales (Sowalfin, etc.). Mais il semblait difficilement imaginable de pouvoir faire jouer plusieurs garanties sur un même crédit.

15. Et si les choses tournent mal ?

En France et en Allemagne, les pouvoirs publics garantiront la totalité des nouveaux crédits aux entreprises. Pas en Belgique, où il a été convenu que la première tranche de 3% de pertes ( first loss, comme on dit dans le jargon bancaire) serait entièrement supportée par le secteur financier, soit un effort minimum demandé aux banques de 1,5 milliard d’euros (3 % x 50 milliards). Pour les défauts compris entre 3% et 5%, la moitié sera supporté par les banques et l’autre moitié par les pouvoirs publics. Pour les pertes supérieures, 80% seront supportées par les caisses publiques et 20% par le secteur financier. Nos banques sont-elles capables d’absorber le choc ? Oui, elles ont considérablement renforcé leurs fonds propres depuis la crise de 2008 et elles prennent des mesures pour supprimer les dividendes prévus (par exemple 1 milliard en cash chez KBC) afin de ne pas voir diminuer ce matelas de capitaux propres.

Les banques ont installé, par le truchement de Febelfin, un point de contact central pour répondre aux interrogations des ménages et entreprises sur le sujet. Adresse mail : corona@febelfin.be.

” Les banques doivent agir en force, mais avec discernement ”

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TRENDS-TENDANCES. Les banques en font-elles assez pour aider les ménages et les entreprises durant cette mauvaise passe ?

ETIENNE DE CALLATA. A priori, il n’y a pas lieu d’attendre une générosité spéciale d’un secteur particulier. On n’attend pas des boulangers qu’ils réduisent le prix du pain ou des pharmaciens qu’ils mettent leur marge à zéro. En même temps, les banques qui ont été aidées par la collectivité en 2008-2009 pourraient ici redorer leur blason, qui en a bien besoin, en particulier en matière de crédit. Mais elles se doivent d’agir avec discernement.

Qu’entendez-vous par là ?

Pour les ménages, il faut en faire beaucoup. Aux mesures prévues par les pouvoirs publics en matière de chômage économique, les banques doivent ajouter leur contribution en permettant de postposer tout ou partie des remboursements de crédits, qu’il s’agisse de crédit hypothécaire ou de crédit à la consommation, et cela sans frais de dossier ni longues démarches. Cette prolongation est bienvenue, et sans que cela coûte réellement aux banques. Dans le contexte actuel de taux d’intérêt bas, on peut même penser que cela leur est bénéfique : mieux vaut prolonger des prêts à un taux de 1 % que devoir les remplacer par des prêts à un nouveau taux, inférieur à 1 %. Et il faut, bien entendu, que cela reste optionnel pour les ménages, pas que ce soit prolongé d’office ou par défaut. Pour les entreprises, en revanche, il ne faut pas ouvrir toutes les vannes et se montrer sélectif.

Se montrer sélectif : pourquoi ce darwinisme économique ?

Dans notre système, et même si cela paraît cruel, il est sain que des entreprises fassent faillite. En disparaissant, elles permettent à d’autres, plus efficaces et plus innovantes, de gagner plus facilement des parts de marché. Et c’est aussi le corollaire des profits récompensant la prise de risque. Sans risque de faillite, comment justifier la rémunération du risque ? Il n’y a pas de raison de postposer l’heure de vérité pour un restaurant qui battait de l’aile avant la crise. Autre exemple : celui de Brussels Airlines. Doit-on demander au contribuable ou au secteur bancaire de se mobiliser pour secourir une activité particulièrement polluante comme l’est le transport aérien ? Il y a plus que de quoi en douter. Après-demain, les mêmes avions voleront. Le changement est que, s’il y aura eu faillite, ils voleront sous d’autres couleurs.

6 mois

Les clients concernés peuvent en principe demander un report de remboursement de six échéances.

Seulement sur rendez-vous

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Les banques n’ont pas attendu les nouvelles mesures de confinement annoncées le 12 mars dernier par Sophie Wilmès pour assurer la continuité de leurs services. Renforcement de l’infrastructure IT, solutions pour le personnel, contact avec les clients… Depuis plusieurs semaines déjà, les principales enseignes ont opté pour des équipes séparées qui travaillent en alternance à distance et au siège. Côté agences, celles-ci restent de manière générale opérationnelles et accessibles mais uniquement sur rendez-vous et en semaine (entre 9 et 12 h). ” Notre objectif est de maintenir toutes les agences ouvertes de manière à assurer le service à la clientèle et à la population, explique la porte-parole de Belfius, Ulrike Pommée. Les mesures prises doivent permettre d’offrir au mieux cette garantie tout en limitant le risque de contamination pour les clients et les agences. Les clients sont invités à privilégier les transactions digitales et ne sont reçus en agence que pour des besoins plus spécifiques, et uniquement sur rendez-vous. ” Un conseil, donc, si vous devez absolument aller à la banque : prenez contact auparavant, que ce soit par téléphone ou par voie digitale. A noter que toutes les règles de distanciation sociale restent strictement appliquées en agence, non seulement entre collègues mais aussi avec les clients. Et que les zones où se trouvent les guichets automatiques ( selfbank) ne peuvent être fréquentées que par maximum deux personnes à la fois.

Communication de crise

Etre aux côtés des clients dans les moments difficiles, c’est aussi les informer un maximum. Via leur site web ou via les réseaux sociaux, les banques ont mis les bouchées doubles ces dernières semaines pour rester en contact avec leurs clients. Chez Puilaetco par exemple, ” nous essayons d’être le plus proactifs possible à travers l’utilisation des canaux digitaux et des contacts téléphoniques avec nos clients afin de pouvoir continuer une gestion optimale de leur patrimoine, explique Chloé Dungelhoeff, porte-parole de la banque privée qui conseille les particuliers aisés. Il est important d’être aux côtés de nos clients dans ces circonstances difficiles. Nous leur communiquons des messages sur le fonctionnement de la banque dans cette période particulière mais également, via les avis de nos experts, sur l’actualité des marchés. Nous les tenons ainsi informés tant sur la situation de leur portefeuille que sur celle, globale, de la crise. ”

Même écho du côté de la fintech belge Birdee, qui offre des services de gestion de portefeuille entièrement digitalisés. ” Nous observons une multiplication par cinq et plus du nombre de questions et d’interpellations des clients, signale son CEO Geoffroy de Schrevel. Pour faire face à la généralisation du télétravail, aux sollicitations accrues de nos moteurs de calcul ainsi qu’à l’afflux des demandes, et donc pour garder le contact avec les clients, nous avons d’abord renforcé nos serveurs et acheté de la bande passante supplémentaire. Ensuite, notre priorité a été d’informer quasi quotidiennement nos clients à travers des mails, des news dans l’appli, et en répondant en temps réel aux questions qu’il nous posent. ” Par ailleurs, ” nous continuons bien entendu à utiliser les algorithmes d’optimisation mais nous essayons de les adapter à une situation de crise tout à fait nouvelle. Mais nous disons aussi aux clients que nous ne possédons pas de solution toute faite. Ce qui se passe aujourd’hui est nouveau pour tout le monde et nous apprenons en marchant. Bref, tout en essayant de rassurer, il faut faire preuve d’humilité dans sa communication “, estime Geoffroy de Schrevel.

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