Ce sera mieux après… Sauf si on est trop cons !

Amid Faljaoui

Où en sommes-nous aujourd’hui ? A question simple, réponse alambiquée. Disons comme Rich Lesser, le patron du Boston Consulting Group qu’après avoir lutté pour aplatir la courbe de la pandémie, la plupart des pays sont entrés dans ce qu’il appelle la phase ” de combat “. Mais qui dit ” combat ” dit aussi ” adversaire “. Et ce combat se joue entre ” notre désir d’un retour à la normale et le risque d’un retour de l’épidémie “.

Prudent, le consultant américain n’ose plus parler d’un retour à la normale, mais plutôt d’une ” nouvelle réalité “. Et cette nouvelle réalité est d’une évidence crasse : la majorité des entreprises sont en train de réduire leurs coûts de manière brutale tout en tentant de retrouver la confiance de leurs clients. Mais la confiance ne se décrète pas et selon le Boston Consulting Group, cette ” phase de combat ” ne sera pas une promenade de santé et risque de durer entre 9 et 24 mois.

En d’autres mots, la reprise a démarré mais comme elle se fait en mode dégradé pour la plupart des entreprises, elle sera longue. Bien sûr, certaines de ces entreprises resteront sur le carreau, mais faut-il pour autant désespérer ? Non, car la pandémie a révélé ” l’ingéniosité de nos entrepreneurs pour trouver des solutions inédites pendant le confinement, malgré l’adversité et la multiplication des obstacles “, écrit Philippe Bloch dans un livre au titre revigorant : Ce sera mieux après… sauf si on est trop cons ! .

Il a raison, cette pandémie a aussi servi de révélateur à de nombreux patrons. ” De la livraison au drive en passant par la mise en place du click and collect, d’innombrables commerçants se sont plus modernisés en 15 jours qu’ils ne l’avaient fait en 30 ans. ” Et ce consultant, ancien fondateur de la chaîne de coffee-shops Columbus Café a encore raison lorsqu’il rappelle ” qu’en remplaçant partout où c’est possible le papier, potentiellement porteur de virus, le numérique est devenu le plus efficace des gestes barrières “.

Il y a soixante-quinze ans, vos grands-parents étaient appelés sur le front. Vous êtes juste invités à rester assis sur votre canapé. Vous devriez pouvoir le faire !

Et c’est vrai que l’exemple est aussi venu ” d’en haut “, si je puis l’écrire ainsi car ” privée de célébrations physiques à l’occasion des fêtes de Pâques, l’Eglise elle-même a sauté le pas et trouvé le moyen de virtualiser les rites religieux, à l’image par exemple des Drive Confessions destinés à tous ceux qui ne pouvaient pas attendre plus longtemps avant de soulager leur conscience ! “. Je vous incite à lire le livre de Philippe Bloch, car c’est un remède contre une éventuelle morosité ambiante.

En fait, ce ” combat “, nous devons le mener pour nous-mêmes, pour nos proches, pour nos employés, pour nos clients, mais aussi en mémoire des générations qui nous ont précédés. Souvenons-nous qu’elles ont dû, elles aussi, affronter des guerres terribles, dont certaines ont duré des années. Philippe Bloch écrit dans son livre que le 27 mars dernier, le journaliste américain Harry Smith rappelait sur la chaîne NBC la nature de l’effort demandé à ses compatriotes pour gagner cette guerre : ” il y a soixante-quinze ans, vos grands-parents étaient appelés sur le front. Vous êtes juste invités à rester assis sur votre canapé. Vous devriez pouvoir le faire ! “. Comme quoi, il faut parfois savoir relativiser.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content