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Trouvé un dimanche allongé sur le mobilier d’église, Banc hérite de ce nom parce que son silence empêche le révérend et la famille qui l’ont recueilli de l’assigner à une case. Age, race, sexe, toute donnée qui définit une personne tient ici du brouillard. “Il semblerait que je sois quelque part dans ce tas de peau de muscles d’os de gras et de poils”, confie cette créature aux lecteurs. Quand leur interrogatoire tourne à l’échec, les paroissiens se mettent à confesser l’étroitesse de leur vie dans une société américaine régie par le bien et le mal. Cette injection d’une altérité fluide dans une communauté engluée dans son code moral hypocrite générera son lot d’éclatements de secrets. Banc est une fable troublante, qui nous évoque tantôt les frictions avec la société de Robert Walser tantôt ce pas de côté du Bartleby de Melville face à la machine du travail. Heureux les indéfinis car ils échappent à toute récupération aliénante?

Catherine Lacey, “Banc”, Actes Sud, 240 pages, 22 euros.

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