Airbus s’offre un Bombardier

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Airbus met, par surprise, la main sur une nouvelle génération d’avions. Et pour pas cher. L’avionneur européen a obtenu, pour 0 dollar, 50,01 % de la société canadienne qui produit entre autres le Bombardier C Series, un tout nouvel avion moyen courrier de 100 à 150 places. L’opération va rassurer les quelques sociétés belges impliquées dans le programme, dont la Sonaca et Asco, fournisseurs des bords d’attaque des ailes.

Le programme des C Series a traversé plusieurs crises : l’avion a eu beaucoup de retard et de soucis commerciaux. Et au moment où les nuages semblent s’en aller, Boeing réussit à ce qu’une pénalité de 300 % soit infligée pour l’importation des C Series aux Etats-Unis (Delta en a commandé 75). Boeing accuse Bombardier de bénéficier d’aides publiques canadiennes. Airbus, de son côté, espère écarter cette pénalité en assemblant certains modèles dans une usine en Alabama. ” C’est une nouvelle rassurante, avoue Bernard Delvaux, le CEO de la Sonaca. L’opération montre aussi qu’Airbus veut se développer aux Etats-Unis. ”

Les C Series devaient introduire une concurrence dans les avions de 100 à 200 places, un gigantesque marché où le duopole Boeing/Airbus règne en maître, avec d’un côté les 737, et de l’autre, les A320. Les deux constructeurs avaient savonné la planche à Bombardier en baissant les prix de vente réels de leur entrée de gamme. Le programme C Series, en difficulté, a survécu grâce à une injection d’un milliard de dollars US par le Québec, devenu actionnaire du programme. Une fois Airbus à bord, Bombardier et la Province du Québec détiendront 31 % et 19 % de la société CSALP, qui fabrique les C Series. Airbus pourra racheter la totalité du capital s’il le souhaite. Le programme restera basé au Canada, Airbus prenant en charge le marketing de l’avion et s’occupant aussi des fournisseurs et du support. Il s’offre ainsi un avion bien plus moderne que l’Airbus 320, dont la conception remonte à plus de 30 ans. En rassurant du même coup les acheteurs potentiels qui auraient été inquiets de l’avenir d’un avion vendu à seulement 350 exemplaires.

Robert van Apeldoorn

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