Govrn: aider les conseils d’administration à prendre les bonnes décisions

Jean-Louis Van Houwe et Xavier Pansaers, fondateurs de Govrn Le duo d'entrepreneurs a imaginé une plateforme en ligne capable d'assurer un lien permanent et efficace entre le conseil d'administration et l'entreprise. © PG - T. Blairon
Gilles Quoistiaux Journaliste Trends-Tendances

Govrn est une plateforme en ligne qui ambitionne d’améliorer les performances des administrateurs. Cet outil immersif accompagne au jour le jour le travail des conseils d’administration et leur fournit de l’aide à la décision.

Ils veulent faire souffler un vent nouveau sur les conseils d’administration. Jean-Louis Van Houwe et Xavier Pansaers viennent de lancer Govrn, une nouvelle plateforme numérique active dans un business pointu: le board management. Leur solution vient en appui au travail des conseils d’administration. Elle vise à organiser et fluidifier les échanges entre les administrateurs. Govrn propose également aux membres du board des fonctionnalités avancées d’analyse de données afin de les aider à prendre des décisions éclairées. Créée en janvier dernier, la start-up bruxelloise fait actuellement ses premiers pas avec une série de clients “alpha”, qui testent l’outil en ligne.

Le tarif commence à 390 euros par mois. Un prix qui peut grimper en fonction des options demandées, mais aussi en fonction des revenus de l’entreprise.

A la manoeuvre, on retrouve deux entrepreneurs aguerris de la scène numérique belge. Jean-Louis Van Houwe est le fondateur et CEO de Monizze, société spécialisée dans les chèques électroniques pour employés (chèques-repas, écochèques, chèques-sport, etc.) et poil à gratter des gros acteurs du secteur comme Sodexo. L’entrepreneur, qui est également président de Fintech Belgium, est associé pour l’occasion avec Xavier Pansaers. Directeur opérationnel d’Odoo entre 2010 et 2018, ce dernier a contribué au développement exponentiel de la success story wallonne, aux côtés du CEO Fabien Pinckaers. “Une aventure exceptionnelle”, témoigne Xavier Pansaers.

Depuis qu’il a quitté Odoo, le serial entrepreneur a rejoint une série de conseils d’administration (CA) d’entreprises numériques, comme Easyvest, Skwarell ou Proxyclick. Cette expérience professionnelle qui lui permet de se frotter à la pratique quotidienne des CA est un atout pour le projet Govrn. “En tant que board member, j’ai identifié quelques points d’attention”, avance Xavier Pansaers. Pour avoir une vision exhaustive de la manière dont fonctionnent les conseils d’administration, les deux entrepreneurs ont également conduit une centaine d’interviews auprès d’administrateurs et de chefs d’entreprise actifs en Belgique.

Activer et reconnecter les administrateurs

En ressort un premier constat: le mode de fonctionnement des conseils d’administration doit être mis au goût du jour. “La plupart des CA fonctionnent de manière passive et réactive, estime Xavier Pansaers. L’intensité du travail est forte quelques jours avant et après la réunion. Le reste du temps, cela a tendance à s’estomper.” Le cofondateur et CEO de Govrn plaide pour des conseils d’administration plus actifs qui soient aux côtés de l’entreprise au jour le jour. “Un administrateur doit agir pour le bien de la société et pour assurer sa pérennité, pointe Xavier Pansaers. Au sein d’un CA, on a parfois l’impression que c’est le risque pris par l’administrateur qui est au centre des décisions alors que ce qui compte en premier lieu, ce sont les risques que court l’entreprise.” En résulterait une certaine déconnexion du conseil d’administration par rapport au quotidien de l’entreprise. “L’administrateur donne parfois l’impression d’être seul dans son monde. Il est quelque part intouchable. Aujourd’hui, il faut dépoussiérer ce mythe”, avance Xavier Pansaers.

Pour y parvenir, le duo d’entrepreneurs a imaginé une plateforme en ligne capable d’assurer un lien permanent et efficace entre le conseil d’administration et l’entreprise. “Govrn est un logiciel intelligent de gestion de board“, explique Jean-Louis Van Houwe. Un des problèmes identifiés par les deux entrepreneurs est très pratico- pratique. Les échanges entre administrateurs se font de manière peu structurée, via différents canaux: e-mails, SMS, Slack, groupes WhatsApp, etc. La plateforme simplifie le tout et sert d’interface unique aux membres du conseil d’administration afin de gérer les agendas, les communications et l’accès aux documents importants. “C’est un outil immersif, très facile d’utilisation. Toutes les actions doivent s’y faire sans efforts”, précise Jean-Louis Van Houwe. Bonus: la plateforme permet au conseil d’administration de travailler de manière efficace en distanciel, un mode de fonctionnement qui est devenu la norme depuis la crise sanitaire.

Big data

Au-delà de cet aspect pratique de gestion quotidienne, les initiateurs de Govrn développent des outils avancés d’analyse de données. Ceux-ci doivent fournir aux administrateurs un accès intuitif et pertinent aux informations les plus essentielles de l’entreprise: chiffres annuels mais aussi analyses concurrentielles, empreinte carbone de la société, audits, outils de gouvernance… “Le travail d’un conseil d’administration moderne ne se résume pas au contrôle des aspects financiers, commente Jean-Louis Van Houwe. Il doit aussi s’occuper des aspects sociétaux, environnementaux, de la diversité, etc.”

Pour permettre aux administrateurs de prendre des décisions éclairées intégrant l’ensemble de ces paramètres, l’équipe de Govrn travaille au développement de fonctionnalités avancées de son logiciel, en utilisant une technologie de pointe: l’intelligence artificielle (IA). La start-up planche sur le sujet avec plusieurs partenaires: Benoît Macq, spécialiste en IA à l’UCLouvain, le centre de recher- che Sirris, et Innoviris, l’organisme public bruxellois de soutien à l’innovation. L’idée du projet est d’utiliser l’IA pour extraire des informations utiles à partir de bases de données concernant l’entreprise (comptes annuels, rapports, analyses de marché, etc). “Les administrateurs ont accès à un énorme corpus d’informations, qu’elles soient internes ou externes à l’entreprise. Notre outil devra en extraire la substantifique moëlle.” Cet outil utilisera la technologie NLP ( Natural Langage Processing ou traitement automatique du langage) qui navigue dans des bases de données textuelles pour y détecter les éléments pertinents. Avec comme objectif d’aider les administrateurs à prendre les meilleures décisions possibles pour la société.

Coeur de cible

La start-up teste actuellement sa solution auprès d’une série de clients “alpha”. La commercialisation proprement dite commencera dans les prochains mois. Govrn compte offrir sa plateforme gratuitement aux jeunes sociétés qui réalisent moins de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires. Mais son coeur de cible, ce sont les entreprises qui dégagent au minimum 25 millions d’euros de chiffre d’affaires et qui comptent au moins six à huit membres dans leur conseil d’administration. Les sociétés technologiques sont les premières visées.

Le tarif commence à 390 euros par mois. Un prix qui peut grimper en fonction des options demandées mais aussi en fonction des revenus de l’entreprise. La tarification se base sur un calcul relativement simple: pour être attractif, le prix ne peut pas dépasser un certain pourcentage du coût annuel du conseil d’administration. “Nous nous basons sur des études qui ont été faites sur le coût d’un CA. Par exemple, un administrateur d’une entreprise qui fait plus de 40 millions d’euros de chiffre d’affaires coûte environ 40.000 euros par an”, explique Xavier Pansaers. C’est comme ça que la start-up a identifié son coeur de cible: les sociétés réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 25 millions d’euros. Pour celles-ci, le tarif proposé par Govrn ne dépasse pas 3,5% du coût annuel global que représente leur conseil d’administration. “Nous sommes convaincus que l’investissement dans notre plateforme représente un faible investissement en regard des performances accrues qu’elle générera dans le chef des administrateurs.”

La start-up compte actuellement sept personnes dans l’équipe. Elle est soutenue par des investisseurs français et prévoit une première levée de fonds d’ici un an. Dans sa phase de lancement, Govrn se destine aux marchés belge et français. Elle prévoit de s’internationaliser dès 2022.

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