A la veille d’une percée majeure

AUDI Q4 Ce modèle est actuellement le plus vendu chez Audi en chiffres absolus dans notre pays. © Photos PG

Parmi les 20 véhicules de société apparus sur la route au premier trimestre de cette année, on compte à peine quatre modèles entièrement électriques. Un retard parfaitement explicable.

Au premier trimestre de l’année dernière, la voiture entièrement électrique (ou VE) représentait 5,5% des immatriculations des véhicules de société. Au cours du même trimestre de cette année, cette part est passée à 13,1%. Plus du double. Les chiffres concernant les indépendants et les professions libérales confortent cette croissance. De 2,5 à 9% sur un an: plus de trois fois plus.

Cette tendance confirme que la part des voitures entièrement électriques est en augmentation. Assez rapide, mais pas fulgurante: si vous regardez l’ensemble du marché, vous verrez que les 13% électriques des flottes d’entreprises continuent de faire pâle figure face aux moteurs à essence (35,2%) et même face au diesel. Dans notre pays, ce carburant honni par l’Europe représente en effet encore 24,4% des voitures neuves immatriculées par les entreprises.

Les immatriculations ne sont pas des commandes

Le fait que l’essence et surtout le diesel n’ont pas encore quitté les flottes d’entreprise se confirme à l’examen des 20 voitures de société les plus fréquemment immatriculées ( flottes et indépendants confondus, voir tableau). Avec la BMW X1, la Peugeot 5008 et l’Audi A4, le diesel est encore représenté à trois reprises sur 20. Et ce, alors que seule une voiture de société sur quatre parmi les plus immatriculées est entièrement électrique. On peut donc penser que le tout électrique n’a pas encore vraiment percé.

La réalité est différente. “Les immatriculations du premier trimestre ne correspondent pas aux commandes pour le moment, déclare Jeroen Lissens de BMW Belux. Si vous deviez voir les 20 premiers véhicules de société que nous vendons actuellement, l’iX3 serait bien plus haut. C’est de loin notre modèle électrique le plus populaire.”

Le porte-parole de Volkswagen, Jean-Marc Ponteville, confirme. “En effet, il n’y a pas de Volks- wagen parmi les 20 premières immatriculations, mais cela s’explique par le retard avec lequel les nouvelles voitures sont livrées. L’effet de la pandémie et la pénurie de semi-conducteurs se font toujours sentir, auquel il faut rajouter la guerre en Ukraine. Cela ne se répercute pas sur les ventes car pour l’instant, les commandes du monde des flottes pour l’ID. 4, notre modèle électrique le plus vendu, tournent comme une horloge. Si chaque voiture commandée était immatriculée immédiatement, elle se situerait dans le top 20.”

Les longs délais de livraison ne semblent pas entraver le choix pour un véhicule de société électrique. L’Audi Q4 en est un parfait exemple: ceux qui commandent ce modèle maintenant ne le recevront pas avant 2023, mais là aussi les commandes arrivent très vite. Qui plus est, le Q4 est actuellement le modèle Audi le plus vendu en chiffres absolus dans notre pays.

Les jeunes starters

Une raison pour ne pas passer à l’électrique reste actuellement le côté pratique. “Notre Corolla hybride se comporte très bien en tant que voiture de société, explique Ellen De Wilde de Toyota. Il est très souvent choisi par les commerciaux et autres profils amenés à beaucoup se déplacer, mais aussi et surtout par les starters: ce sont souvent des jeunes qui vivent en appartement et pour lesquels il n’est pas encore évident de trouver l’infrastructure de recharge nécessaire.”

Robrecht Van den Broeck, expert en conseil stratégique auprès de la société de leasing Alphabet, partage cet avis. “En l’état actuel de l’infrastructure de recharge dans notre pays, tous les employés disposant d’une voiture de fonction n’ont pas un accès optimal aux installations de recharge, que ce soit à domicile ou dans un lieu public. Bien sûr, nous y travaillons, mais les fournisseurs doivent suivre le mouvement. En raison de la croissance rapide de la demande, les installateurs de bornes de recharge sont surchargés. De plus, la pénurie de semi-conducteurs se fait également fort sentir.”

Cela ne change rien, selon Robrecht Van den Broeck: “Le passage à la conduite électrique est bel et bien en cours. Et je pense qu’il percera complètement dans la seconde moitié de l’année prochaine”. Le conseiller en flotte stratégique d’Alphabet y voit plusieurs raisons. “C’est une question d’obligation, dit-il. A partir de 2026, les voitures avec des émissions, c’est-à-dire avec un moteur à combustion interne, ne seront plus déductibles. Le marché des véhicules commerciaux n’a donc pas d’autre choix que de passer au tout électrique. La seule alternative est l’hydrogène, mais il n’y en a pratiquement pas encore. Un autre facteur est le coût. La décision de passer au tout électrique n’est pas simple: il faut faire une analyse coûts- avantages. Après tout, une voiture électrique est plus chère à l’achat qu’une voiture à essence ou au diesel. Une différence que vous devriez pouvoir récupérer grâce à des avantages fiscaux. Vous devez analyser cela au cas par cas. De nombreuses entreprises sont encore engagées dans cet exercice.”

RENAULT MÉGANE E-TECH Le poids supplémentaire, typique des voitures électriques, est moins perceptible.
RENAULT MÉGANE E-TECH Le poids supplémentaire, typique des voitures électriques, est moins perceptible.© Photos PG

Il s’agit d’un processus qui ne sera accéléré que par des choix politiques plus généraux. “Il n’y a pas que l’aspect fiscal, souligne Jeroen Lissens de BMW. La voiture peut aussi être le signe dis- tinctif d’une entreprise. Regardez le choix de Mini électriques chez Deloitte. De plus en plus d’employeurs adaptent leur politique automobile dans une optique écologique. Nous le remarquons dans les commandes: les véhicules électriques ont le vent en poupe…”.

13,1%

de toutes les immatriculations de voitures de société au premier trimestre 2022 sont des véhicules électriques.

VW ID.3 Un modèle réussi dont la commercialisation est malheureusement freinée par la crise des semi-conducteurs.
VW ID.3 Un modèle réussi dont la commercialisation est malheureusement freinée par la crise des semi-conducteurs.© Photos PG

Nos coups de coeur

La gamme de voitures électriques se développe très rapidement, non seulement chez les marques dites “de masse”, mais aussi chez les constructeurs haut de gamme. Par exemple, d’ici 2023, BMW comptera pas moins de 13 modèles entièrement électriques. Nous avons fait le tour des show-rooms et choisi les quatre VE qui figurent dans le top 20 mentionné par ailleurs ainsi que les modèles qui, selon nous, méritent une place dans ce classement. Nous ne mentionnons pas systématiquement l’autonomie car la plupart des voitures électriques sont disponibles dans plusieurs versions de batterie.

1. Renault Mégane E-Tech

Gamme de prix: à partir de 35.200 euros

En tête de la liste des exigences des ingénieurs figurait la nécessité de rendre le modèle aussi léger que possible. Le poids supplémentaire, typique d’une voiture électrique, est moins perceptible dans l’expérience de conduite. La voiture est très maniable et assez spacieuse pour un modèle compact. Son prix de départ est tout à fait démocratique pour une voiture électrique. Elle est toute neuve mais souffre de la combinaison de la crise des semi-conducteurs et de la guerre en Ukraine: la chaîne de production a récemment dû être arrêtée en raison d’un manque de pièces.

2. Volkswagen ID. 3

Gamme de prix: à partir de 43.900 euros

L’un de nos VE préférés depuis son lancement en 2020. Pas de sensation de conduite lourde non plus, contrairement à l’ID. 4 plus grand (beaucoup plus populaire dans le monde des flottes). Malheureusement, la crise des semi-conducteurs fait que dans notre pays, Volkswagen ne propose actuellement que la version avec une batterie de 58 kW. Des versions dont le prix avoisine les 35.000 euros étaient également prévues.

VOLVO C40 Plus sportive, cette voiture se conduit mieux que la XC40 dont elle est dérivée.
VOLVO C40 Plus sportive, cette voiture se conduit mieux que la XC40 dont elle est dérivée.© Photos PG

3. Dacia Spring

Gamme de prix: à partir de 17.890 euros

Limité en termes d’accélération et de vitesse de pointe. Egalement limité en termes de capacité de charge. Mais c’est de loin le choix le plus rationnel du marché pour une journée de travail qui se limite à des déplacements domicile-travail. Parce qu’en tant que l’un des seuls véhicules électriques, il atteint réellement la distance promise (200 kilomètres).

4. BMW I4

Gamme de prix: à partir de 60.800 euros

Chez BMW, l’expérience de conduite figure en tête de liste des exigences. Avec cette i4, les ingénieurs ont très bien réussi leur pari. Une des rares voitures électriques qui nous a fait oublier notre nostalgie du V8 rugissant.

5. Hyundai Ioniq 5

Gamme de prix: à partir de 48.499 euros

Pas pour les amateurs de sensations fortes. Ne serrez pas trop les virages, car son poids élevé – typique des voitures électriques – se fera alors sentir. C’est un VE pour conduire calmement. En clair: en respectant les limites de vitesse. Dans ce cas, il vous immerge dans un niveau de confort très décent. Il est dommage que les ingénieurs de la marque soeur Kia aient reçu l’ordre de donner à leur EV6 (beaucoup plus belle), génétiquement presque identique à cette Ioniq 5, un comportement de conduite sportive. Le résultat est une voiture beaucoup plus belle mais moins confortable que cette Hyundai.

PORSCHE TAYCAN Une expérience unique...
PORSCHE TAYCAN Une expérience unique…© Photos PG

6. Volvo C40

Gamme de prix: à partir de 49.550 euros

C’est un mystère pour nous de savoir comment ils y sont parvenus. Lors de la conférence de presse, ils n’ont pas pu répondre à cette question non plus. Mais la C40, plus sportive et légèrement plus chère, se conduit beaucoup mieux que la XC40 dont elle est dérivée. Elle offre une sensation de direction beaucoup moins encombrante. Ce véhicule électrique aux allures de coupé se dirige de manière très agréable.

7. Cupra Born

Gamme de prix: à partir de 38.360 euros

En termes d’ADN, ce modèle est presque identique à l’ID. 3 de la marque soeur Volkswagen. Mais il a l’air plus sportif et dynamique, et se conduit comme tel. Avec la Taycan et la i4, c’est notre préférée pour les sensations de conduite.

8. MG 5

Gamme de prix: à partir de 33.985 euros

DACIA SPRING Le meilleur choix pour ceux qui se limitent aux trajets domicile-travail.
DACIA SPRING Le meilleur choix pour ceux qui se limitent aux trajets domicile-travail.© Photos PG

Enfin un break “normal”, en ces temps de folie des SUV. Nous n’avons pas pu (encore) le tester, mais nous l’attendons avec impatience. Après tout, un break reste la voiture la plus rationnelle. Grâce à une structure de base parfaite pour une bonne sensation de conduite (plus c’est bas, mieux c’est…) et un espace de chargement très pratique.

9. Toyota BZ4X

Gamme de prix: à partir de 49.920 euros

Le géant japonais a attendu longtemps avant de construire son premier véhicule électrique car la marque a continué à miser sur sa technologie hybride éprouvée, mais elle y arrive maintenant. Il s’agit du premier véhicule électrique de la marque. Et nous le sélectionnons à l’instinct car nous n’avons pas encore pu le conduire. En matière de gestion de l’énergie, il ne faut jamais attendre de Toyota de faire la moitié du travail.

10. Porsche Taycan

Gamme de prix: 86.186 euros

Nous pouvons être brefs ici. La meilleure voiture électrique que nous ayons jamais essayée. Quelle machine!

TCO tout-puissant

Nous fournissons un prix catalogue pour les modèles dont il est question ici, mais dans le monde du leasing, il ne s’agit évidemment que d’une indication. Le TCO ( total cost of ownership) est beaucoup plus important. Ce prix est déterminé non seulement par le prix catalogue mais aussi par les coûts d’entretien (moins élevés pour un véhicule électrique) et surtout par la valeur résiduelle.

Cette valeur résiduelle est le résultat de tout un calcul mais reste un pronostic. Les indicateurs de ce pronostic sont bons dans le cas du véhicule électrique. Tout d’abord, la durée de vie de la voiture.”La batterie d’un VE a une garantie beaucoup plus longue que la durée de leasing classique d’une voiture de société, indique Jeroen Lissens de BMW. Chez nous, c’est huit ans. Cela élimine une grande part d’incertitude et c’est bénéfique pour la valeur résiduelle. L’analyse de modèles électriques qui ont déjà huit ans, comme la i3, le confirme: on constate à chaque fois que cette batterie est toujours aussi performante. Ce n’est donc pas comme un smartphone dont la capacité de la batterie peut diminuer très rapidement après quelques années. Beaucoup de gens pensent que cela s’applique également aux voitures, mais ce n’est pas vrai.”

A la veille d'une percée majeure
BMW iX3 Pas bon marché mais un rapport qualité-prix intéressant.
BMW iX3 Pas bon marché mais un rapport qualité-prix intéressant.© Photos PG
TESLA MODEL 3 Le plus petit modèle de la gamme a abaissé le seuil de prix.
TESLA MODEL 3 Le plus petit modèle de la gamme a abaissé le seuil de prix.© Photos PG

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