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L’irréaliste “plan B”

Si l’irrémédiable devait se produire avec la Flandre, “faites confiance aux formations politiques francophones : elles sont capables de répondre à une telle situation et nous avons pour ce faire toutes les capacités, les talents, la force de travail, la productivité, l’intelligence et une jeunesse qui ne demande qu’à démontrer ses capacités”.

Si l’irrémédiable devait se produire avec la Flandre, “faites confiance aux formations politiques francophones : elles sont capables de répondre à une telle situation et nous avons pour ce faire toutes les capacités, les talents, la force de travail, la productivité, l’intelligence et une jeunesse qui ne demande qu’à démontrer ses capacités”. Cette déclaration d’Elio Di Rupo quelques jours avant le scrutin du 13 juin, a ouvert la porte au fameux “plan B”. Son objectif était double : gagner un peu de marge dans les négociations avec les néerlandophones en déclarant que le maintien de la Belgique ne se ferait pas à n’importe quel prix. Si les négociations n’aboutissaient pas, les francophones seraient donc prêts à prendre leur destin en main… Second but poursuivi : rassurer la population francophone en mettant l’accent sur le fait que les responsables politiques sont maîtres de la situation et se préparent au scénario du pire.

Le “plan B” est cependant tout à fait irréaliste. Rien qu’en se basant sur les arguments économiques et sans prendre en compte les complexités institutionnelles, géographiques, politiques, cette alternative ne semble pas viable.

Première raison : le coût de la dette étouffera la nouvelle fédération Wallonie-Bruxelles. Si l’on prévoit une répartition de la dette belge sur base de la population – soit 60/40 – la part de la dette fédérale qui reviendra à la Wallonie et à Bruxelles pèsera plus de 144 milliards d’euros. Lorsqu’on sait que le PIB des deux entités, sur base des chiffres 2007, est de 144,9 millions, on perçoit l’ampleur du problème budgétaire et économique que cela générera.

Deuxièmement, la fin des transferts entre le nord et le sud du pays engendrera également un appauvrissement de la nouvelle fédération. Si la note de Bart De Wever était mise en oeuvre, cela coûterait plus de 500 millions d’euros par an à la Wallonie, selon les estimations du sénateur sp.a, Frank Vandenbroucke. Si on en venait à diviser le pays en deux, la baisse des moyens financiers pourrait grimper jusqu’à 20 %, selon certaines estimations.

Enfin, même si “nous avons pour ce faire toutes les capacités, les talents, la force de travail, la productivité, l’intelligence et une jeunesse qui ne demande qu’à démontrer ses capacités” – pour reprendre les termes d’Elio Di Rupo – le profil de la fédération Wallonie-Bruxelles n’est pas très attrayant puisqu’elle ressemblerait fort à l’Irlande. Le taux de chômage s’élèverait, comme en Irlande, à 12,26 % contre 4,9 % en Flandre. Le revenu moyen serait de 13.435 euros, contre 15.067 euros au nord du pays. Le profil de la Flandre serait, par contre, proche du Danemark en termes de population et de PIB, des Pays-Bas pour la richesse et du grand-duché du Luxembourg pour le taux de chômage. Malgré les atouts de Bruxelles et de la Wallonie, les défis seraient gigantesques.

Il faudrait donc oublier le “plan B” et pourquoi pas opter pour un “plan C”, comme le suggère Rudy Aernoudt, ancien cofondateur du Parti Populaire. Pour objectiver le débat, il propose l’application de la notion européenne de “subsidiarité” qui lui est chère. En d’autres mots, les décisions devraient être prises à l’échelon de pouvoir le plus approprié et le plus efficace. Si c’est au niveau régional, qu’il en soit ainsi. Mais il faudra également accepter que certaines matières soient, à nouveau, gérées au niveau fédéral. Notre structure gagnerait ainsi en efficacité.

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