Ingrid Ceusters, icône de l’immobilier : “Il ne faut pas avoir peur de demander de l’aide”

Ingrid Ceusters © .
Myrte De Decker Journaliste TrendsStyle.be

Dans cette rubrique, nous interrogeons un·e entrepreneur·se sur sa manière de concilier style (de vie) et carrière. Ingrid Ceusters est CEO et directrice générale de CEUSTERS sa. Dans le monde de l’immobilier, elle s’impose avec verve parmi les hommes en costume gris sur mesure. “Mon conseil aux jeunes femmes : affirmez-vous avec vos vêtements et faites la différence. Les gens n’auront alors pas d’autre choix que de vous écouter.”

Il n’était pas écrit dans les astres qu’Ingrid Ceusters, de son nom de jeune fille Luyten, occuperait un poste clé dans le monde de l’immobilier belge. Comme il était de coutume de le faire à l’époque de ses études, elle était destinée à suivre le même chemin que son père : une carrière de médecin. “J’ai opté pour la dentisterie, où j’avais un contact agréablement intense avec les patients”, confie Ingrid Ceusters à propos de sa carrière précédente.

“Je suis alors tombée amoureuse d’un homme passionnant et passionné d’immobilier”, poursuit-elle. Cet homme, c’est Hugo Ceusters, l’icône anversoise de l’immobilier et le fondateur de la société immobilière du même nom. “Nous nous sommes mariés rapidement et avons eu deux fils. La suite, vous la connaissez. J’ai tourné le dos au secteur médical pour rejoindre l’entreprise familiale et en reprendre la direction depuis le décès de mon mari en 2007.”

En tant que CEO et directrice générale de CEUSTERS sa, Ingrid Ceusters poursuit deux objectifs importants : former la prochaine génération (un de ses fils travaille pour l’entreprise depuis plusieurs années et a récemment rejoint le conseil d’administration, NDLR) et continuer à grandir pour être le meilleur prestataire indépendant de services immobiliers dans le Benelux.

Comment conciliez-vous vie privée et vie professionnelle ?

Ingrid Ceusters : “Grâce à une qualité typiquement féminine je pense : une bonne capacité d’organisation. Lorsqu’on a des enfants qui grandissent, il faut savoir fixer des priorités. Or, ce n’est possible qu’en faisant preuve de flexibilité et en ayant des projets clairs.

Mes enfants ont quitté la maison depuis un moment et j’essaie désormais de ménager du temps pour mes petits-enfants. Ils sont très importants pour moi, mais je ne suis pas asservie aux problèmes de garde et autres. Je ne peux pas me libérer pour eux de façon structurelle. Il n’y a en effet que 24 heures dans une journée. Je pense que les mères et les grands-mères ont aussi le droit d’avoir du temps pour elles.

C’est un conseil que je donne aux jeunes femmes. C’est d’ailleurs pourquoi les services de garde d’enfants abordables sont si importants. Sans oublier qu’il faut souvent un jour prendre soin de ses parents. Il ne faut donc pas hésiter à faire appel à une aide extérieure. Ma mère est morte relativement jeune et je me suis régulièrement fait aider. Il y a très certainement dans votre réseau des personnes prêtes à vous soulager, par exemple en prenant en charge des tâches administratives ou en entretenant le jardin.”

Avec la généralisation et la multiplication du numérique, tout le monde parle de se déconnecter. Parvenez-vous à vous offrir des moments hors ligne ?

IC : “Très peu. Je fais régulièrement une détox, tant physique que mentale. Celle-ci comprend également une courte détox numérique d’un jour ou deux. En revanche, je ne me coupe pas pendant deux ou trois semaines du monde numérique. Je me retrouverais alors submergée de messages et d’e-mails à traiter à mon retour. Un entrepreneur doit entretenir ses contacts et relations.

Heureusement, je ne considère pas le travail comme du stress. En réalité, travailler est un véritable plaisir. Quand ce n’est pas le cas, il y a un problème fondamental.”

Quel est le plus grand luxe à vos yeux ?

IC : “Pouvoir tout combiner dans une grande sérénité. J’entends par là trouver la paix en soi et autour de soi. L’affection des gens qui m’entourent me procure cette tranquillité d’esprit. La nature environnante et le chant des oiseaux aussi. C’est la raison pour laquelle j’aime travailler sur mon ordinateur portable à l’extérieur. Cela me permet de voir pousser et fleurir la beauté de la nature.

Le réchauffement climatique me préoccupe beaucoup. La baisse du niveau des eaux, la sécheresse dans les parcs. La nature en Belgique a beaucoup à offrir, nous n’en sommes pas toujours conscients et n’en prenons pas toujours soin. Cela m’attriste.”

Quel sommet professionnel souhaiteriez-vous atteindre ?

IC : “Je trouve cette question très difficile. J’ai envie de donner la même réponse que précédemment : atteindre la sérénité. Être en paix avec moi-même et avec les autres, sans pour autant tomber dans l’ennui et être assommée par ma propre vie. Il est important d’accepter les contretemps. Tout ne se passe pas toujours comme sur des roulettes. Avec les autres, il faut pouvoir célébrer les succès et faire face aux revers.”

Comment retirez-vous de la satisfaction de votre travail ?

IC : “Grâce aux félicitations que je reçois sur notre travail et nos travailleurs. Je trouve aussi qu’il est important que ceux-ci aiment venir travailler. Comment remarquer que c’est le cas ? Quand on voit naître des amitiés sur le lieu de travail. À mes yeux, c’est le signe qu’ils ont du respect les uns pour les autres et pour l’entreprise. Et cela crée une certaine loyauté.

L’objectif ultime d’une entreprise reste bien sûr d’obtenir de bons résultats. Si chacun prend du plaisir à venir travailler, les chiffres s’en ressentent et la sécurité d’emploi est garantie.”

Quelle est la meilleure leçon que vous a enseignée votre carrière ?

IC : “Ne pas être naïve, mais suivre mon mon instinct. Si on a un bon feeling, on n’est pas obligé de prendre une décision dans l’immédiat. Mais cette intuition joue un rôle important à cet instant précis. Lors d’un recrutement par exemple, un candidat peut présenter de meilleures références ou une formation plus appropriée qu’un autre pour lequel j’ai un meilleur feeling. Je vais peser le pour et le contre, mais mon intuition fera assurément partie de l’équation.”

Comment vous habillez-vous pour travailler ?

IC : “Je m’habille toujours confortablement. Je dois surtout me sentir bien dans une tenue. Je l’adapte néanmoins en fonction de mes rendez-vous. Vous ne me verrez pas en baskets à une présentation. En revanche, il m’arrive d’en porter à des réunions internes.

Le networking est également très important dans notre travail. Lors de réceptions, il est essentiel de sortir du lot tout en restant discret. Comme je suis plutôt petite, une touche colorée peut me permettre de me démarquer des costumes gris portés par les hommes. J’ai beaucoup porté une robe de couleur avec laquelle je parvenais à faire la différence. Je continue d’ailleurs de donner ce conseil aux femmes plus jeunes. C’est ainsi que vous vous différencierez et que les autres ne pourront pas vous ignorer.”

Traduction : virginie·dupont·sprl

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