Shanghai 2010, vitrine du “Made in Belgium”

© Conix Architects

Depuis 10 mois, Tanguy de Lophem (Interbuild) et Benoît Greindl (Realys) pilotent la construction du pavillon belge à l’Expo Shanghai 2010. L’édifice devrait attirer entre 8 et 10 millions de visiteurs. Et assurer le savoir-faire de nos entreprises et artisans.

Plus que 50 fois dormir et l’Exposition universelle Shanghai 2010 ouvrira ses portes dans la mégalopole chinoise. Et ce jusqu’au 31 octobre. Placée sous le thème “Better City, Better Life”, elle sera la plus grande exposition universelle jamais organisée avec la présence de 192 Etats et de 50 organisations internationales. Et des investissements records : 3 milliards d’euros. Entre 80 et 100 millions de visiteurs y sont attendus.

A six semaines de cet événement, des milliers d’ouvriers s’activent sur le site. Dans le pavillon belge, qui hébergera aussi l’espace de l’Union européenne – une première dans l’histoire de l’UE ! -, c’est également le branle-bas de combat. “Nous avons terminé les travaux de gros oeuvre avec 15 jours d’avance sur le calendrier, s’enorgueillit Benoît Greindl, le Belge à la tête de Realys, la société chinoise avec laquelle la société anversoise Interbuild s’est associée pour construire le pavillon belge. Les aménagements intérieurs battent leur plein.”

En mai 2009, les deux entreprises, qui collaborent avec le bureau d’architectes anversois Conix, ont été choisies parmi une vingtaine de candidats par le gouvernement belge. Leur mission : concevoir, réaliser, entretenir et démolir le pavillon, rebaptisé”pavillon Belgique-Europe”.

Un consortium belgo-chinois très complémentaire

“Nous connaissions Benoît Greindl qui avait été actif sur le marché immobilier belge pendant une quinzaine d’années via la société DB Associates (Ndlr : société qu’il avait cofondée avec Frédéric Dawans, administrateur délégué d’Air Energy)“, précise Tanguy de Lophem, le directeur du projet Shanghai 2010 chez Interbuild. Après avoir revendu DB Associates au groupe français AOS, Benoît Greindl s’est installé à Shanghai en 2005 pour y développer la filiale chinoise (AOS China) avant de la racheter avec un associé et de la rebaptiser Realys.

La société emploie aujourd’hui 25 personnes (des architectes et des ingénieurs) et est spécialisée dans le conseil en immobilier d’entreprise. “Nous nous chargeons de tous les aspects de la construction d’immeubles professionnels pour le compte de sociétés européennes ou américaines qui veulent installer des usines, des bureaux, des centres de recherche en Chine. Cela concerne l’architecture, le design et l’ingénierie technique des bâtiments”, détaille Benoît Greindl. Realys compte parmi ses clients des sociétés comme Porsche, Rhodia, Sodexo, Clariant, China Floors (une société belge implantée sur place), Saint-Gobain ou encore Kraft Foods.

Forte de son expertise du marché chinois de la construction, Realys est très complémentaire avec son partenaire Interbuild. Filiale à 100 % du groupe néerlandais BAM, un des ténors de la construction en Europe, la société anversoise (280 personnes) maîtrise parfaitement le petit monde belge des marchés publics et n’en est pas à la réalisation de son premier pavillon belge. “Nous avions déjà construit le pavillon belge à l’Exposition 2000 de Hanovre”, souligne Tanguy de Lophem. Quant au bureau d’architecte Conix, c’est à lui que l’on doit la rénovation de l’Atomium.

Un budget de 14 millions d’euros

Le budget initial de la construction du pavillon Belgique-Europe avait été fixéà 7,4 millions d’euros. “Mais comme l’Union européenne s’est ajoutée, nous avons dû agrandir l’espace de 400 m2. Le coût final de la construction du pavillon approchera donc plutôt les 10 millions d’euros”, confie Leo Delcroix, le commissaire général de Shanghai 2010, chargé de coordonner la construction, l’animation et la gestion du pavillon. Si l’on inclut les frais d’exploitation, et notamment l’engagement de quelque 350 personnes sur place pour la durée de l’Expo, le commissaire table sur un budget de 14 millions d’euros, financé à hauteur de 5,5 millions d’euros par le gouvernement fédéral et de 4,8 millions par les Régions. Les 4 millions restants seront financés par 70 sponsors privés. Objectif de l’investissement : accueillir “au minimum 10 %” des 80 à 100 millions de visiteurs attendus, soit quelque 50.000 par jour, espère Leo Delcroix.

A quoi ressemblera “notre” pavillon qui aura une surface de 5.650 m2 ? “Nous avons voulu un bâtiment qui soit sobre et intrigant à la fois. Sobre de l’extérieur, il capte l’attention grâce à sa façade en verre qui montre un décor intérieur extravagant et ludique”, résument Tanguy de Lophem et Benoît Greindl. L’édifice est conçu autour de la structure d’un neurone qui en est l’élément-phare. Selon ses promoteurs, la cellule cérébrale symbolise l’environnement mondialisé, complexe et interconnecté dans lequel nous évoluons. Le neurone renvoie aussi à la position de la Belgique au coeur de l’Europe, au croisement des cultures latines, germaniques et anglo-saxonnes. Par ailleurs, l’éclairage et les couleurs changeantes du neurone s’incrustent naturellement dans l’univers baigné de lumière artificielle de Shanghai.

Les lieux accueilleront des espaces d’expositions consacrées à l’Europe (1.000 m2), à la Belgique et à ses entités fédérées. Il abritera, en outre, un centre d’affaires, des espaces de rencontres et de séminaires ainsi qu’un Belgian Beer Café, qui mettra à l’honneur les bières et les plats traditionnels belges et un restaurant gastronomique. De nombreuses délégations fédérales, régionales et provinciales y sont attendues. La journée belge, à laquelle participera le prince Philippe, est prévue le 13 juin.

Le projet est tombé à pic

Pour mener à bien ce projet, le consortium Interbuild-Realys a constitué une équipe de cinq personnes présente sur le site, et dirigée par le Belge John Rollier. Celle-ci s’est chargée de tous les aspects du chantier : l’obtention des permis de bâtir, la certification des plans par un bureau d’étude chinois (une obligation en Chine), le choix de l’entrepreneur local (CJI), etc. La construction du pavillon a mobilisé 200 ouvriers chinois. “Ce projet représente un beau défi car le délai était très court (moins de 12 mois), le budget limité (Ndlr : bien moindre que celui des autres pays européens), le nombre d’intervenants important. Une autre contrainte était de respecter la réglementation belge (Régie des Bâtiments), la réglementation chinoise et celle propre à l’Expo”, fait remarquer Benoît Greindl. Tanguy de Lophem a, lui, joué le rôle d’interface entre les autorités belges et les responsables du chantier en Chine.

Pour les deux partenaires, la construction du pavillon belge à Shanghai est un formidable outil de marketing. “C’est une belle référence pour l’image de marque d’Interbuild”, relève Tanguy de Lophem. Pour Realys, le projet est tombé à pic car, précise son patron, quand nous avons reçu la commande au printemps 2009, les affaires marquaient le pas en Chine. “Il va accroître notre visibilité auprès des entreprises belges et européennes qui souhaitent s’implanter ou se développer en Chine”, complète Benoît Greindl qui voit une très nette reprise des activités depuis l’été 2009. Le pavillon, qui a été construit avec des matériaux réutilisables, sera démonté et recyclé après la clôture de l’événement. Des négociations sont actuellement en cours pour le revendre sur place.

Sandrine Vandendooren

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