“Le coronavirus ne va pas mener à un effondrement du marché de l’immobilier”

KOEN DE LEUS © n/a

La récession liée au coronavirus n’entraînera pas un crash sur le marché immobilier, affirme Koen De Leus (économiste en chef chez BNP Paribas Fortis) dans un rapport publié il y a quelques jours par le Forum financier belge. L’insuffisance de l’offre, les taux d’intérêt hypothécaires bas, la stabilité du pouvoir d’achat et la forte demande soutiennent les prix de l’immobilier.

La récession économique entraînera-t-elle une forte diminution des prix de l’immobilier ?

KOEN DE LEUS. “Pas selon nos prévisions. Nous prévoyons une contraction économique de 7,1% en 2020. Cette baisse sera en partie compensée par une augmentation de 7,6 % l’année prochaine. Le chômage passera de 5,4% à 7,5% cette année. Le pouvoir d’achat des Belges diminuera de 2% en 2020, mais se stabilisera l’année prochaine. En d’autres termes, les Belges ne vont pas s’appauvrir massivement. Nous prévoyons une baisse des prix sur le marché de l’immobilier de 1 à 2% cette année et une stabilisation en 2021.”

La baisse du pouvoir d’achat n’aura-t-elle pas un effet négatif sur les prix des logements ?

“L’impact sera limité. Au cours des années qui ont suivi 1996, les prix de l’immobilier n’ont baissé qu’en 2012 et 2013, respectivement de 0,4 et 1,3%. Il s’agit donc d’une dévaluation limitée. La dernière baisse importante des prix dans le secteur remonte à 1981-1984, lorsque les prix réels ont chuté de pas moins de 40%. C’est arrivé parce que, dans la période précédente, les taux d’intérêt ont augmenté de 5% pour atteindre près de 14%. C’est loin d’être le cas actuellement.”

“Autre aspect positif : à la demande de la Banque nationale, les banques ont cessé de réclamer des intérêts hypothécaires aux familles en difficulté financière. Toute personne gagnant moins de 1.700 euros par mois en raison du chômage temporaire n’est pas en mesure de verser ces intérêts. En relâchant ainsi la pression, le gouvernement évite les ventes forcées. Celles-ci auraient pour conséquence de déséquilibrer le marché de l’immobilier.”

En ces temps d’incertitude économique, les ménages ont-ils gardé leur brique dans le ventre ?

“Le redressement économique s’accompagne d’un retour de la sécurité. Les jeunes familles qui prévoyaient d’acheter une maison et conserveront leurs revenus après la quarantaine vont se remettre à chercher cette année. Ce type d’acheteur représente un tiers de la demande. J’entends déjà dire que les agences immobilières auront un planning chargé dans les semaines à venir, vu le nombre de particuliers à la recherche d’un logement.”

“Par ailleurs, les investisseurs qui achètent une maison pour la louer consolident le marché. Après le coup porté aux marchés boursiers, beaucoup se sont inquiétés, et l’immobilier est devenu plus que jamais la valeur refuge. Il reste encore beaucoup de capitaux en Belgique et ceux-ci recherchent des rendements acceptables. Le fait que la Banque centrale européenne continue à injecter des liquidités sur le marché soutient également l’immobilier. Les taux d’intérêt restent à un niveau très bas, ce qui stimulera l’achat de logements.”

“Alors que la demande reste stable, l’offre diminue. L’année dernière, le nombre de permis pour les nouvelles constructions d’appartements en Belgique a diminué. Cette année, le secteur de la construction a été pratiquement au point mort pendant deux mois et aucun nouvel appartement n’a été mis sur le marché. De plus, lors du redémarrage du bâtiment, la chaîne de production va se trouver ici et là ralentie, de sorte que la nouvelle offre tardera à se mettre en place. Toutes ces données soutiennent les prix.”

Traduction : virginie·dupont·sprl

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