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Il y a-t-il un pilote aux commandes de l’entreprise?

Voilà en tout cas une proposition qui ne manque pas de charme même si elle semble bizarre à première vue ! L’idée est d’autant plus intéressante à creuser qu’elle est recommandée par Nicolas Bouzou, un économiste de profession et par Jérome Schimpff, un commandant de bord d’A320 dans le cadre d’un article publié dans Les Echos.

En principe, ces deux personnes savent de quoi elles parlent. Pour comprendre l’intérêt de s’inspirer des pilotes de ligne, il faut d’abord faire un bref retour dans la réalité des entreprises d’aujourd’hui.

Très clairement, aujourd’hui, les entreprises sont souvent tiraillées entre 3 forces opposées : d’un côté, les actionnaires de l’entreprise qui sont surtout intéressés par le profit et les dividendes, ensuite, par la direction de l’entreprise qui se focalise davantage sur le chiffre d’affaires et puis, in fine, les salariés qui sont surtout braqués sur l’évolution de leurs salaires.

C’est assez schématique, donc forcément réducteur comme vision de l’entreprise, mais cela permet de faire comprendre que les intérêts sont parfois divergents… et peuvent mener par exemple à des tensions entre la direction, d’un côté, et les actionnaires, de l’autre.

Mais comment peut-on faire en sorte d’aligner les intérêts des uns avec celui des autres ? L’une des réponses pourrait se trouver du côté des dispositifs de sécurité mis en place avec beaucoup de succès par les compagnies aériennes tout au long de ces 30 dernières années. En effet, les compagnies aériennes ont identifié plusieurs sources d’erreurs humaines dont les fameux biais cognitifs. Les biais cognitifs désignent en quelque sorte les illusions du cerveau ; c’est par exemple le pilote qui voit la piste d’arrivée plus longue qu’elle ne l’est en réalité ou c’est Kodak qui découvre la photo numérique bien avant ses concurrents mais qui persiste (à cause de ces biais cognitifs) à rester dans l’argentique jusqu’à la faillite !

Et pour lutter contre ces biais cognitifs, cette déformation du cerveau, il y a une méthode classique : celle de la rencontre entre plusieurs points de vue, bref, du recours au conseiller externe. Vous me direz que ce n’est pas très neuf ? Oui, sauf que à en croire cet article des Echos, les pilotes de ligne sont révolutionnaires dans leur démarche, car avec eux, tout second, autrement dit, tout copilote est responsabilisé au maximum !
Pourquoi ? Parce que les boîtes noir ont révélé, que dans de nombreux accidents, ce n’était pas le commandant de bord qui n’écoutait pas le copilote, mais c’était plutôt le copilote qui n’osait pas faire part de ses doutes !

Et donc, depuis lors, la sécurité aérienne impose le contrôle mutuel. Si on appliquait cela au monde de l’entreprise, il faudrait faire en sorte que la direction puisse dire ce qu’elle pense à son conseil d’administration en toute franchise et sans peur d’être mal vue ou d’être dégommée comme c’est encore le cas aujourd’hui. Ce n’est, bien entendu, qu’un élément parmi d’autres pour mieux gérer une entreprise, mais il faut reconnaitre qu’au vu du très faible taux d’accident aérien, la tentation est forte de s’inspirer des pilotes de ligne pour apprendre à codiriger une entreprise.
Et qui sait, les faillites seraient peut-être moins nombreuses ?

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