Streaming : Spotify vs Deezer

© Reuters

La concurrence entre Spotify et français Deezer est à son paroxysme. Spotify a levé 100 millions de dollars jeudi, via des investissements de Coca-Cola et Goldman Sachs. Si les deux européens dominent le marché, ils risquent de souffrir de l’arrivée des mastodontes américains.

Spotify et Deezer attirent les investisseurs. Jeudi, le suédois a réussi une nouvelle levée de fonds de 100 millions de dollars (78 millions d’euros) auprès de Coca-Cola ou encore de Goldman Sachs. Soit la même somme récupérée par Deezer au début du mois d’octobre. En attendant l’arrivée de nouveaux concurrents, ils se livrent une bataille sans merci. Alors, lequel des deux compte le plus d’abonnés ? Qui est le plus solide économiquement ?

Au nombre d’utilisateurs, c’est Deezer qui l’emporte

Le français Deezer mise aujourd’hui sur l’internationalisation. Asie, Afrique, Amérique du Sud, il veut être partout. Déjà présent dans plus de 130 pays, Deezer prévoit d’arriver à 200 d’ici à la fin de l’année 2012. Avec une telle présence dans le monde, le service de streaming musical peut se targuer de compter plus de 26 millions d’utilisateurs. Mais seuls 2 millions d’entre eux sont abonnés à l’offre payante Deezer Premium.

Le suédois Spotify dispose, lui, d’une base de 15 millions d’utilisateurs actifs. Une belle performance quand on sait qu’il n’est présent que dans 17 pays. En nombre d’abonnés payants en revanche, c’est le suédois qui domine. Quelque 4 millions de personnes paient pour bénéficier du catalogue et du service de Spotify.

Aucun des deux n’est rentable, Spotify dégage 4 fois plus de revenus

Selon le cabinet Privco, Spotify aurait enregistré en 2011 une croissance de 150% de son chiffre d’affaires, à 244 millions de dollars (plus de 191 millions d’euros). Soit près de quatre fois les ventes de son concurrent sur la période (50 millions d’euros).

Mais la forte croissance des revenus n’est pas un gage de rentabilité. Spotify aurait en effet accusé parallèlement une perte de 59 millions de dollars (un peu plus de 46 millions d’euros). Deezer, lui, était devenu rentable fin 2010. Mais il est retombé dans le rouge depuis, du fait “d’une période d’investissements”, avait précisé son PDG Axel Dauchez. Il espère redevenir rentable en 2014.

Des difficultés qui découlent en partie de la spécificité du marché de la musique en ligne, relève CNN.

Les catalogues des majors coûtent cher, très cher

Pour inclure de nouveaux titres dans leur catalogue, Deezer et Spotify doivent au préalable négocier avec les labels, les éditeurs ou plus rarement les artistes indépendants, qui peuvent se permettre d’imposer plus ou moins leurs conditions. “Dans la plupart des autres secteurs, si un fournisseur impose des conditions qui ne sont pas raisonnables, un revendeur peut se tourner vers des concurrents”, écrivait Michael Robertson, dirigeant et fondateur du site MP3Tunes.com, dans un post publié sur le site GigaOM. Avant d’ajouter : “Depuis que la loi confie aux labels un monopole garanti par les gouvernements, une telle option n’est plus envisageable avec la musique […] Reste deux options : accepter les termes ou renoncer à inclure les titres des ayants droits dans le catalogue”. Une logique qui accroît considérablement les coûts. En 2010, le New-York Times révélait ainsi que la rétribution des majors par Spotify dépassait son chiffre d’affaires. D’où la nécessité de trouver le bon modèle économique.

Le choix de l’abonnement, et des partenariats

Aujourd’hui, ils misent à la fois sur la publicité et sur la vente d’abonnements. Selon le Syndicat National de l’édition Phonographique (Snep), ces derniers ont généré deux fois plus d’argent: soit 23 millions d’euros contre 12,7 pour la publicité. S’il a compris aujourd’hui que les abonnements sont plus rémunérateurs, Deezer a mis longtemps avant de croire à ce modèle. Il faut dire qu’à l’origine, lorsqu’il s’appelait encore BlogMusik, le service exploitait les titres musicaux sans l’accord des majors.

Pour faire cohabiter ces deux modèles économiques, Deezer a instauré une limitation d’écoute de 5 heures pour les utilisateurs simplement authentifiés et non abonnés. Spotify a lui opté pour un seuil de 10 heures. Sauf qu’en plus il a maintenu une limitation de 5 écoutes maximum par titre, dans certains pays (dont la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne).

Le problème, c’est que les abonnements ne représentent pas encore un marché de masse. D’où la nécessité de collaborer avec des sociétés capables de faire venir des clients. Deezer a ainsi gagné de nombreux abonnés via les forfaits proposés par Orange, qui est aussi l’un de ses actionnaires. Comme le rappelle PC Inpact, il a mené la même stratégie dans 14 autres pays. Et les partenariats conclus avec Facebook leur permettent de profiter de la viralité du réseau social pour attirer d’éventuels nouveaux clients.

Trends.be avec l’Expansion

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content