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Quand les opérateurs télécom commercialiseront… vos pensées !

Donald Trump vient de faire tomber un des rares derniers remparts de la vie privée de ses concitoyens en autorisant les opérateurs télécom à commercialiser leurs données… sans leur consentement. La prochaine étape concernera-t-elle vos pensées ?

Notre vie privée est devenue toute relative. Le Web lui donne, depuis des années déjà, de sérieux coups de griffe. Apple, Google et Facebook en tête, en répandant et en utilisant non seulement, les informations que chaque internaute partage volontairement (sur les réseaux sociaux, les blogs, etc)… mais également les multiples traces numériques que nous laissons chaque jour. Pour s’en rendre compte, il suffit de consulter ses propres historiques Google (ici ou ici).

Les géants du Net, comme les opérateurs télécoms, disposent sur nous d’une gigantesque bibliothèque d’informations. Ils savent tout de nous : notre localisation à chaque instant, notre historique de recherche, nos navigations, nos achats, nos déplacements, les applis qu’on utilise, nos centres d’intérêts, notre configuration familiale, nos problèmes de santé, etc. Très peu d’infos leur échappent. Tout est scrupuleusement stocké et décortiqué pour enrichir nos profils d’internautes et pour alimenter la machine à intelligence artificielle que chacun d’eux développe.

Les frontières de nos vies privées reculent chaque jour un peu plus sous les coups de butoirs des géants de la Silicon Valley

Bien sûr, les gendarmes de la vie privée partout dans le monde veillent au grain tant bien que mal. Mais leur tâche est compliquée. Et, avouons-le, les frontières de nos vies privées reculent chaque jour un peu plus sous les coups de butoirs des puissants géants de la Silicon Valley…au point de ne quasi plus exister.

Récemment, Donald Trump a signé l’arrêt de mort de la vie privée des américains en détricotant des mesures prises par la FCC (Federal Communication Commission)… en octobre dernier sous l’ère Obama. En gros, les opérateurs télécoms comme Verizon, AT&T ou Comcast pourront désormais revendre les informations de leurs abonnés… sans leur consentement. Comme l’écrit L’Usine Digitale, “l’historique de navigation, les données de navigation, les applications utilisées ou encore les informations sur la santé des abonnés sont autant de données intimes qui peuvent maintenant être monnayées par les fournisseurs d’accès au Web (FAI).” Une mesure qui a notamment pour but de mettre les opérateurs sur un pied d’égalité avec les GAFA qui, eux, ne sont pas soumis à la même règlementation. Reste que Trump fait ainsi tomber l’un des derniers murs protecteurs de notre vie privée.

Quelle protection restera-t-il alors lorsque la technologie, et notamment l’intelligence artificielle, aura atteint les prochains sommets qu’elle nous promet ? Voici moins de 10 jours, on apprenait qu’Elon Musk, l’emblématique patron de Tesla, SpaceX, etc avait pour ambition, avec sa firme Neuralink, de connecter notre cerveau… au Web. Rien que cela. Un projet qui paraît fou… mais pour lequel Musk compte déployer des millions de dollars et recruter les plus brillants scientifiques. Son objectif ? Placer une nouvelle couche qu’il appelle “neural lance” au-dessus du cortex, qui sera connecté et qui doit augmenter nos capacités intellectuelles… à volonté, pour (version officielle) permettre à l’humain de faire face à l’intelligence artificielle.

Outre les bugs et piratages éventuels (tout objet connecté au Web devient potentiellement piratable, y compris notre cerveau !), cette connexion de nos neurones au réseau laissera inévitablement de nouvelles traces auprès des opérateurs et des géants du Net. Les GAFA disposeront d’un accès direct à ce que l’on peut encore avoir de plus intime. Non plus à notre vie privée qui n’existe déjà plus vraiment, ni à notre image qui se répand, même malgré nous, sur la Toile… mais bien à nos pensées ! Ils y auront accès parce cela constituera le prix qu’on acceptera de payer pour nous rendre plus intelligents et garder une place à côté des machines intelligentes. Et les opérateurs comme les géants du Net pourront, à loisir, monétiser nos pensées comme n’importe quelle donnée nous concernant… alors qu’il s’agit, pour l’instant, du dernier bastion d’intimité et de vie privée…

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