“On sera heureux si 5 à 10 % des start-up parviennent à percer”

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Le fonds d’investissement W.IN.G. mis en place par le gouvernement wallon pour soutenir l’éclosion de start-up du numérique a deux ans. Le point avec son président, Pierre Rion.

Le W.IN.G. communique ses chiffres concernant ses deux premières années d’activité : sur 367 dossiers introduits par les entrepreneurs du numérique, le W.IN.G a prévu de financer 50 start-up pour un total de 6,92 millions d’euros. Mais votre budget était de 10 millions d’euros par an. Une preuve qu’il n’y a pas assez de start-up de qualité en Wallonie ?

Non, pas du tout. Sur les quelque 300 dossiers refusés, certains n’étaient simplement pas assez mûrs et donc, nous les avons renvoyés vers des structures d’incubation. D’autres ont été réorientés vers des fonds plus spécialisés comme celui de Wallimage ou certains, encore, n’étaient pas éligibles car non situés en Wallonie. Quant au fait que nous n’avons pas utilisé 10 millions d’euros par an, c’est simplement de la bonne gestion ! Quand nous avons lancé le fonds, le cabinet Marcourt avait estimé que 50 millions d’euros sur cinq ans était le bon montant. Mais il partait d’une page blanche et on ne peut pas lui en vouloir d’avoir surestimé le besoin. J’insiste aussi sur le fait que nous investissions au départ en pre-seed ( amorçage, Ndlr), soit des montants jusqu’à 50.000 euros… Ce n’est que plus récemment qu’on a monté le plafond à 500.000 euros pour soutenir des deuxièmes tours. L’écosystème a énormément évolué en deux ans. Nous avons servi de ” Zip dans le barbecue ” et cela a bien fonctionné : le numérique et les start-up sont de plus en plus connus et attirent plus d’entrepreneurs.

L’argument du nombre d’entreprises financées et des montants investis n’est-il pas un peu réducteur ? La levée de fonds n’est pas une fin en soi. D’autres indicateurs ne seraient-ils pas plus pertinents pour juger du succès de l’écosystème ?

Vous avez raison : lever de l’argent n’est que le début de l’aventure. Et nous sommes d’ailleurs en train de mettre en place des indicateurs pour suivre nos start-up, tels que la valeur ajoutée créée, le nombre d’emplois créés, etc. Mais deux ans, c’est encore tôt pour tirer des conclusions : nous allons seulement commencer à voir celles qui s’arrêtent et celles qui percent. Si on a entre 5 et 10 % des boîtes qui percent, on sera heureux. Mon objectif est, idéalement, d’arriver à rendre au gouvernement l’argent qu’il a investi dans le W.IN.G grâce à quelques beaux projets qui compensent les échecs.

De manière générale, êtes-vous satisfait du type de dossiers que vous recevez ?

La seule chose que je peux regretter, pour l’instant, c’est de voir arriver encore beaucoup de projets du type économie collaborative ou réseaux sociaux et pas assez de vraies technologies avec des brevets et une vraie barrière à l’entrée. On voit aussi pas mal de projets B to C ( business to consumer, Ndlr) qui sont généralement plus difficiles à faire percer. Quand on regarde les start-up dans lesquelles le W.IN.G a investi, on constate que 60 % de nos projets sont B to B. J’espère que les étudiants et les jeunes entrepreneurs wallons nous proposeront plus de projets purement technologiques !

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