L’objectif du studio ØPP ? 20 start-up d’ici 2022!

Dominique Mangiatordi, fondateur d'ØPP. © pg

Faisant le pari de la montée en puissance de la “gamification” et de l’expérience utilisateur, le “serial entrepreneur” liégeois Dominique Mangiatordi lance un nouveau start-up studio. Baptisé ØPP, il bénéficie du soutien financier de Meusinvest et Nethys. Et voit déjà grand !

Si elle regorge d’incubateurs, d’accélérateurs et de toute une série d’initiatives d’encadrement de start-up, la Wallonie n’avait encore aucun véritable start-up studio sur son sol. C’est désormais réglé avec le lancement du studio ØPP. Nous évoquions déjà le projet dans notre édition du 12 octobre 2017, et c’est en ce début du mois de septembre qu’ØPP inaugurera ses bureaux flambant neufs place de la cathédrale à Liège, destinés à accueillir une équipe qui ” jusqu’ ici ne s’était pas encore rencontrée “. Son fondateur, Dominique Mangiatordi a, en effet, passé l’été à recruter les bons profils pour ce nouveau projet et ce n’est qu’en ce début septembre que la dream team va prendre possession de ses locaux et faire connaissance. Un démarrage singulier qui tient à la genèse d’un projet dans lequel Meusinvest et Leansquare ont chacun investi 500.000 euros.

Car le studio ØPP ne part pas réellement de zéro. A la base, le Liégeois Dominique Mangiatordi avait lancé ØPP comme une start-up spécialisée dans l’élaboration d’applications de gamification, c’est-à-dire axée autour du jeu. En effet, après avoir vendu au groupe Efficy son projet Peak Me Up, une appli de motivation des forces de ventes inspirée des jeux vidéos, le serial entrepreneur a monté une nouvelle entreprise. Le but était d’encadrer deux de ses projets d’application, HappyFormance et Hunterz. Le premier est spécialisé dans la gestion des performances au sein des équipes et l’autre incite, par le jeu et par des avantages, les employés des entreprises à recommander des candidats pour des postes vacants. Mais le spécialiste de la gamification n’est jamais à court d’idées. Aussi, pour structurer la démarche et ” avoir un impact positif en région liégeoise “, l’idée est née de développer un véritable start-up studio. Son ADN sera naturellement la gamification mais aussi l’expérience utilisateur (UX dans le jargon).

Un million levé et neuf personnes engagées

Le concept est en vogue et le succès d’eFounders, pionnier franco-belge du créneau, suscite des vocations. L’idée est simple : encadrer le lancement de nouvelles idées, financer leurs premiers développements puis les laisser vivre, tout en conservant une partie du capital. Avec l’espoir d’une revente à bon prix lorsque la firme cartonne et trouve preneur. C’est tout à fait ce que souhaite faire le studio ØPP qui s’est structuré autour des capitaux de son fondateur Dominique Mangiatordi – qui reste actionnaire de référence avec 41 % de ØPP -, de son ami Christophe Chatillon – patron de l’agence Tapptic – et du financement de Meusinvest et du groupe Nethys à concurrence de 500.000 euros chacun. Des montants qui doivent permettre au studio de se structurer avec neuf personnes et de démarrer de nouveaux projets.

Et la mécanique sera la suivante. D’abord, identifier des bons projets. Tous devraient être des applications dans le domaine de la gamification et de l’expérience utilisateur. ” Il s’agit de l’ADN même d’ØPP, insiste Larry Grutman, le studio manager qui le gérera au quotidien. C’est de cette façon que nous nous positionnons car on assiste à une refonte et une réinvention des logiciels d’entreprises. Nous croyons que la plupart des outils de productivité vont progressivement être présentés de manière plus engageante et plus fun. ” Les projets seront prioritairement initiés par les équipes d’ØPP, même si le studio sera ouvert à accueillir de bonnes idées ou à faire de la co-création. Lorsque la bonne idée sera identifiée, le studio partira à la recherche du bon porteur de projet. Et, tout comme c’est le cas chez eFounders et chez Barefoot, un autre start-up studio, le porteur de projet sera d’abord rémunéré mensuellement par le studio mais ” sera bien le patron, insiste le fondateur. C’est lui qui se chargera de développer l’entreprise et de faire les choix nécessaires, tout en s’appuyant sur les ressources partagées du studio en matière de développement, de marketing ou d’administration “. Le porteur de projet se verra promettre un pourcentage au capital de la future start-up qui sera formellement structurée à partir du moment où le projet ramènera assez d’argent pour payer le CEO. Ce qui, si tout se passe comme prévu, devrait être rapidement possible puisqu’à côté de la thématique gamification, ØPP se spécialisera majoritairement dans les applications B to B et chaque start-up devra vivre des contrats avec ses clients-entreprises. Le pourcentage du capital octroyé au CEO des start-up commencera très bas, à 3 %, mais pourra grimper à 30 % en fonction des étapes et des réalisations. ” Cette manière de travailler est idéale pour des jeunes qui veulent développer un projet entrepreneurial, commente Dominique Mangiatordi, puisqu’il doit relever le challenge du développement mais bénéficie aussi d’un vrai confort grâce au salaire qu’on lui réserve. ”

Larry Grutman, manager du start-up studio ØPP
Larry Grutman, manager du start-up studio ØPP© pg

Cinq pépites sur 20 start-up

ØPP nourrit de grosses ambitions : lancer cinq start-up par an ! Bien sûr, le million apporté conjointement par Meusinvest et Nethys ne suffira pas : cet argent sert à faire tourner l’équipe du studio et à mettre sur rails les premières start-up. Le studio ou les start-up seront donc très certainement amenées à lever des fonds supplémentaires. Mais s’il envisage 20 jeunes pousses d’ici 2022, Dominique Mangiatordi garde néanmoins les pieds sur terre. Il connaît, en effet, le taux de succès des start-up. Aussi, sur les 20 projets qu’il ambitionne de lancer, dans le meilleur des cas cinq devraient être des pépites tandis que cinq vivoteront et 10 auront échoué. Tous les investissements consentis et les plus-values doivent donc être couverts par la vente des pépites qui se négocient, dans ce domaine, entre 5 à 15 fois le chiffre d’affaires pour les plus performantes. En matière de ventes, Dominique Mangiatordi n’en est pas à son coup d’essai. En 2007, il avait vendu son agence web Globule Bleu fondée six ans plutôt, au groupe Proximedia pour 1,5 million d’euros. Et plus récemment, sa première appli destinée à motiver et améliorer les résultats des forces commerciales, Peak Me Up, avait été vendue à Efficy, une firme belge spécialisée dans le CRM, pour un montant dépassant 1,2 million. Si Dominique Mangiatordi concède qu’il a sans doute vendu ” un peu tôt “, cette vente lui a permis de montrer à ses actionnaires, dont (déjà) Meusinvest, qu’ils pouvaient miser sur lui et sur la gamification. Et, naturellement, de financer son studio ØPP.

Doper le nombre de start-up

Mais au-delà d’un pari sur les éventuelles ventes futures pour faire fructifier leur argent, que peuvent espérer les gros actionnaires comme Nethys et Meusinvest ? Du côté de Meusinvest, il s’agit bien sûr de soutenir l’écosystème numérique local. On ne peut pas dire que les initiatives manquent : sous l’impulsion de Meusinvest et de Leansquare, des tas de start-up bénéficient de financement public. Mais aucune n’a vraiment encore décollé. L’idée de Meusinvest est certainement de doper le nombre de start-up et parier sur l’un ou l’autre gros succès. Mais il nous revient que le studio pourrait également être une destination pour tous les jeunes entrepreneurs soutenus par Meusinvest qui nourrissent des projets en lien avec la gamification et l’expérience utilisateur. Avec son expérience et ses équipes de développeurs, ØPP pourrait assurer leurs développements techniques. Pour Nethys, il existerait aussi une autre logique que celle de l’investissement pur. Certains projets innovants du studio pourraient être développés pour le groupe derrière Voo et BeTv. Pour l’instant, le portfolio d’ØPP affiche les applis Hunterz, Happyformance et Seeya, une appli pour rencontres pro lors d’événements business. Les nouvelles pousses se feront probablement connaître avant la fin de l’année.

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