Cinq choses à savoir sur DuckDuckGo

Gabriel Weinberg, fondateur de DuckDuckGo. © GETTY IMAGES

DuckDuckGo fait encore de la figuration face à Google, ce qui ne l’empêche pas de s’afficher dans la capitale, jusque dans les abribus. Quel est le “business model” de ce moteur de recherche au verbe vertueux et que vient-il faire à Bruxelles ?

1. Qui est DuckDuckGo ?

Tirant son nom du jeu du mouchoir ( Duck, Duck, Goose, pour les enfants anglo-saxons), DuckDuckGo est né en 2008 à Paoli, en Pennsylvanie. Son fondateur, Gabriel Weinberg (41 ans) est un ancien du MIT. Financé sur fonds propres jusqu’en 2011, le moteur a attiré cette année-là l’intérêt d’Union Square Ventures. Le total des levées de fonds s’élève aujourd’hui à 11,85 millions d’euros. L’entreprise compte une septantaine de collaborateurs, dont un quart en Europe, mais aucun siège social publiquement répertorié.

En mai 2019, DDG recherchait un juriste pour être représenté auprès des institutions européennes et britanniques. Depuis lors, la présence bruxelloise se fait plutôt discrète, lobbying oblige, notamment dans les affaires d’antitrust qui frappent Google. La plupart des postes à pourvoir le sont en télétravail.

2. Quelle est sa part de marché ?

Soyons réalistes, dans l’univers des moteurs de recherche, il y a Google et puis… les miettes. Le dernier rapport de Statscounter (avril 2020) crédite Google d’une part de marché de 94,37% en Belgique. Le plus proche ” concurrent ” s’appelle Bing (Microsoft) avec 3,43%. Le reste se situe sous le pour cent : Ecosia à 0,88%, Yahoo ! à 0,75% et DuckDuckGo avec 0,39%. Un score plutôt honorable quand on analyse le piètre rang de Qwant, véritable gouffre à subsides européens : 0,04%.

DuckDuckGo jouit désormais d’une meilleure visibilité sous nos latitudes : depuis le 1er mars, il fait partie des rares moteurs de recherche à être proposés par défaut à l’installation du système d’exploitation Android en Europe, avec Qwant et Info.com, mais au nez et à la barbe de Bing.

3. Est-ce un moteur de recherche ?

La question fâche et divise. Il faut décortiquer les éléments de langage pour y répondre. Réponse : pas vraiment. DuckDuckGo renvoie des résultats de recherche compilés sur la base de 400 sources, allant de Yahoo ! à Bing en passant par Yandex, Yelp, Wikipedia et Apple Maps. Au-delà de cette compilation, le moteur dispose de son propre ” robot ” (DuckDuckBot), dont le travail consiste à ” parcourir le Web ” pour améliorer les résultats de recherche.

4. Que signifient les termes : ” qui ne vous traque pas ” ?

Tout comme le français Qwant ou Apple, DuckDuckGo se positionne sur le créneau éthique de la défense de la vie privée de ses utilisateurs. Le site n’enregistre pas les requêtes, offrant ainsi un relatif anonymat dans les recherches. Se refusant à créer une bulle comportementale (faute de données personnelles recueillies), il prétend ne pas dégrader les recherches en enfermant l’internaute dans une bulle, mais présenter le Web tel qu’il est, quitte à offrir des résultats moins personnalisés (et pertinents). Depuis mars 2020, le service Tracker Radar intégré au moteur et à ses navigateurs partenaires (dont Vivaldi) permet de lutter contre le pistage sur le Web.

5. Comment DuckDuckGo gagne-t-il de l’argent ?

Le dernier chiffre d’affaires annuel rapporté (2019) s’élève à 22,8 millions d’euros pour une valorisation totale de 821 millions d’euros (source : Worth of Web). Le site tire ses revenus de commissions publicitaires avec des sites affiliés comme eBay ou Amazon, en lien avec les recherches effectuées. Trente-sept pour cent des requêtes sur le moteur se font encore aux Etats-Unis. Une campagne de promotion auprès des utilisateurs et des décideurs européens à Bruxelles ne peut qu’accompagner l’enviable réveil du petit canard : une croissance au fil des ans estimée à 50 %.

Par Cédric Godart.

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