Marissa Mayer, une patronne star au bilan mitigé chez Yahoo!

Marissa Mayer © Reuters

A tout juste 40 ans, la patronne de Yahoo! Marissa Mayer est une des stars de la Silicon Valley, malgré un bilan jusqu’ici mitigé à la tête du groupe internet américain.

Elle est l’un des directeurs généraux les mieux payés des Etats-Unis, avec 42 millions de dollars l’an dernier, stock-options comprises. Forbes la considérait en mai comme la 22e femme la plus puissante du monde et le président du conseil d’administration de Yahoo!, Maynard Webb, qui lui a réaffirmé mardi sa confiance, a assuré n’avoir “jamais rencontré quelqu’un d’aussi travailleur, d’aussi intelligent et qui se soucie autant” de l’entreprise.

Les spéculations sur l’avenir de Marissa Mayer se sont toutefois multipliées ces derniers mois, bien loin de l’enthousiasme suscité à l’été 2012 par cette jeune ingénieure aux yeux clairs et à la chevelure blonde, quand elle avait été débauchée chez Google et propulsée au poste de directrice générale de Yahoo!.

Malgré son manque d’expérience comme chef d’entreprise, les investisseurs avaient vu en elle le sauveur capable de réinventer le groupe pour lui redonner une place de premier plan dans un secteur internet où il est en perte de vitesse face à de nouveaux rois comme Google ou Facebook.

Marissa Mayer arrivait avec une image de passionnée de mode, mais aussi de star montante chez Google dont elle était devenue en 1999 la 20e salariée, et la première femme ingénieure. Elle y avait imposé sa marque sur une centaine de produits, une créativité dont Yahoo! espérait bien profiter.

Elle n’a pas ménagé sa peine ces trois dernières années, avec en particulier une politique très agressive d’acquisitions: Yahoo! a avalé surtout de petites startups lui apportant des “talents” ou des technologies jugées prometteuses, mais a aussi payé plus d’un milliard de dollars en 2013 pour mettre la main sur le site de blogs Tumblr, censé lui redonner la caution des jeunes internautes.

Marissa Mayer a parallèlement modernisé plusieurs produits historiques comme la page d’accueil ou la messagerie, fixé des priorités comme le mobile, la vidéo avec la diffusion en direct en streaming de concerts ou plus récemment d’un match de football américain, ou encore les contenus avec de nouveaux magazines thématiques et le recrutement de journalistes vedettes comme Katie Couric.

La croissance reste toutefois morose, les départs de dirigeants s’accélèrent et la trentaine de milliards de dollars de valorisation boursière du groupe continue de refléter uniquement la valeur des participations dans des sociétés asiatiques comme Alibaba, le coeur de métier étant estimé par Wall Street à moins que rien.

Geek et glamour

Née le 30 mai 1975 dans le Wisconsin, Marissa Mayer a fait preuve de ses talents d’ingénieur dès le lycée, quand elle a été choisie pour représenter cet Etat du nord des Etats-Unis dans une convention nationale de jeunes scientifiques. Elle s’est ensuite spécialisée dans des travaux sur l’intelligence artificielle à l’université de Stanford.

Avant de rejoindre Google, Marissa Mayer avait travaillé dans un prestigieux laboratoire informatique de la banque UBS et donné des cours de programmation informatique à Stanford.

Le magazine Glamour l’avait couronnée “femme de l’année” en 2009, la qualifiant de “visionnaire”. Son parcours professionnel lui a aussi valu plusieurs années une place sur la liste de Fortune des 40 personnes de moins de 40 ans à surveiller dans le monde des affaires: dans l’édition 2014, la dernière avant qu’elle passe la barre fatidique, elle était 6e, derrière Mark Zuckerberg (Facebook) ou Travis Kalanick et Brian Chesky (Uber), mais devant Jack Dorsey (Twitter/Square) ou Evan Spiegel (Snapchat).

Mariée depuis décembre 2009 au financier Zachary Bogue, sa position à la tête de Yahoo! l’a aussi placée plusieurs fois au centre de débats autour de la place des femmes dans le monde du travail.

Habituée des pages des magazines féminins, elle avait pourtant déclenché une mini-polémique en prenant une pose très glamour en 2013, tête en bas et cheveux éparpillés sur une chaise longue, pour une photo de deux pages dans Vogue accompagnant un article explorant notamment en détail le contenu de sa garde-robe.

Si elle a allongé à 16 semaines les congés maternité payés des salariés de Yahoo!, elle n’avait elle-même pris que deux semaines de congé maternité lors de la naissance de son premier enfant en 2012. Et elle a d’ores et déjà annoncé qu’elle recommencerait avec ses jumelles attendues ce mois-ci, “en prenant un congé limité et en continuant à travailler”.

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