Les faiblesses du paiement mobile

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Ni les opérateurs télécoms ni les banques ne souhaitent investir dans un système de paiement via téléphone portable. Pourquoi ?

Très populaire sur le continent africain, le paiement mobile est quasiment insignifiant en Europe. Profitant d’un taux de bancarisation peu élevé et d’un taux de pénétration des GSM en hausse constante (42 % de la population en 2010), les paiements sur téléphone portable ont explosé en Afrique. Dans nos contrées, le succès n’est pas vraiment au rendez-vous. Si les solutions existent déjà depuis quelques années, le nombre d’utilisateurs n’affiche qu’une faible progression en Europe de l’Ouest, relève une étude du consultant Kurt Salmon : + 1,7 % en 2010. La plupart des Européens et des Belges étant clients d’une banque, ils disposent déjà à ce titre d’une panoplie de possibilités de paiement. Du coup, les institutions bancaires ne débordent pas d’enthousiasme à l’idée d’investir dans le développement d’un système de paiement dont les retombées financières ne sont pas garanties.

Pourtant, le paiement mobile pourrait rendre de nombreux services aux consommateurs, estime Vincent Fosty, managing partner Communications, Media and Entertainment chez Kurt Salmon. L’outil est ultra-simple : il suffit d’approcher son téléphone portable d’un lecteur pour actionner le système de paiement. Les applications possibles concernent les péages autoroutiers, le ticketing, les paiements de personne à personne, la gestion des points de fidélité, les tickets de transport en commun…

Les jeunes dans le viseur

En Belgique, les banques et les opérateurs télécoms se sont pour l’instant contentés de se mettre d’accord sur une technologie commune : le standard NFC (Near Field Communication). Pour le reste, rien ne bouge… “Les banques ont pourtant un intérêt direct à capter les jeunes clients, assure Frédéric Hertogs, partner chez Kurt Salmon. En Belgique, la plupart des clients sont très conservateurs et ne changent que très rarement de banque. Sauf les jeunes, qui, de plus, sont nés avec un portable dans leur poche.”

Si les banques ne sont pas sur la balle, les opérateurs télécoms seront-ils plus actifs ? Belgacom a lancé sa solution de paiement mobile, PingPing, avec l’objectif notamment de permettre aux élèves d’acheter leur soda au distributeur via leur téléphone mobile. Un premier pas vers les jeunes, justement, qui pourrait servir de porte d’entrée vers une généralisation du paiement mobile. “Le problème est que le paiement mobile n’est pas une source directe de revenus pour l’opérateur”, pointe Vincent Fosty. L’opérateur ne peut espérer se rémunérer que si le paiement se fait via un SMS payant, ou si le service acheté implique le téléchargement d’une application, consommatrice de bande passante et donc de forfait 3G. Un peu faible sans doute pour convaincre les opérateurs de se lancer massivement dans le paiement mobile…

GILLES QUOISTIAUX

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