Les challenges de Spotify pour défier Apple

Face à iTunes, de nombreux acteurs espèrent tirer leur épingle du jeu sur le marché de la musique numérique. Les services d’écoute en ligne se sont multipliés et Spotify, valorisée à 4 milliards de dollars, fait parler d’elle. La “start-up” fait pourtant face à trois grands défis.

Dans leurs supermarchés, les Américains pourront bientôt se procurer des cartes prépayées pour Spotify, le service d’écoute de musique en ligne. Ils auront donc le choix entre ces cartes d’écoute ou des cartes de téléchargement iTunes. Si la nouveauté n’a l’air de rien, elle démontre la montée en puissance de cette nouvelle consommation de musique numérique (le streaming) et témoigne d’une volonté de Spotify d’imposer son modèle face à la suprématie d’Apple.

Fondée en Suède en 2006, Spotify a déployé un modèle “Freemium” : elle propose soit un accès limité (mais gratuit) à la musique, en obligeant l’utilisateur à entendre de la pub, soit un abonnement de 5 ou 10 euros par mois, donnant accès illimité à toutes les chansons du catalogue (les abonnés “premium” peuvent écouter leurs playlists hors connexion).

26 % d’utilisateurs payants

Spotify est désormais présente dans 15 pays depuis ses différents lancements, dont les Etats-Unis (et la Belgique) en 2011. Et elle fait le forcing en matière de marketing et de promotions. Elle a, par exemple, développé une appli (populaire) sur Facebook et a noué des partenariats marketing avec Coca-Cola, Yahoo !, The Independant, etc. Tout cela se traduit concrètement dans ses résultats. En effet, Spotify enregistre une forte progression : 15 millions de personnes seraient actives sur Spotify dont 4 millions souscriraient à des solutions payantes. Et, d’après son CEO, le chiffre d’affaires devrait atteindre près de 900 millions de dollars en 2012…contre 71 millions en 2010 ! Pas étonnant que des investisseurs se soient montrés intéressés lors du précédent tour de table, cette année, valorisant Spotify à 4 milliards de dollars, d’après le New York Times.

Des coûts énormes

Pourtant, la firme devra relever plusieurs défis pour parvenir à s’imposer. D’abord, Spotify devra démontrer que son business model tient la route. En effet, l’an passé la firme a perdu 60 millions de dollars. Rien que les coûts d’exploitation des catalogues des maisons de disques sont énormes ; en 2010, ils étaient supérieurs de 30 millions de dollars aux revenus de la start-up. Ennuyeux. En 2012, certains estiment que les coûts vont plus que doubler pour Spotify qui serait déjà, aux Etats-Unis, la deuxième source de revenus pour les maisons de disques, (loin) derrière iTunes.

Deuxième challenge : apaiser ses relations (pour le moins ambiguës) avec l’industrie du disque et les artistes. Beaucoup d’artistes se plaignent des trop maigres revenus que Spotify leur permettrait de tirer des écoutes en streaming et certains (comme Coldplay) ont boycotté la plateforme. En 2009, Lady Gaga se serait, elle, étonnée de ne recevoir de Spotify que 167 dollars pour 1 million d’écoutes de son titre Poker Face ! Ce seraient, en fait, les majors (Universal, Sony et Warner, par ailleurs actionnaires de Spotify) qui tireraient l’essentiel des revenus du streaming. Bonne nouvelle toutefois : d’après Olivier Maeterlinck, directeur de la Belgian Entertainment Association, la croissance des sites de streaming se ferait au détriment du piratage et pas des ventes physiques ou numériques.

Enfin, si elle veut réellement concurrencer iTunes, Spotify devra aller très vite pour prendre de vitesse ses concurrents, car les offres sont déjà nombreuses dans le streaming. Deezer compterait 20 millions d’utilisateurs dans 200 pays et certains marchés comptent de puissants acteurs locaux ; comme Saavn qui toucherait 10 millions d’utilisateurs en Inde.

Christophe Charlot

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