Facebook s’en met plein les poches avec sa monnaie virtuelle

La monnaie virtuelle de Facebook, qui sert surtout à acheter des biens virtuels dans les jeux sociaux, pourrait représenter plus de 10% de son chiffre d’affaires cette année. Explications.

Selon les dernières estimations de eMarketer, Facebook devrait tirer cette année 470 millions de dollars de revenus de sa monnaie virtuelle, les “Facebook Credits”, contre 140 millions en 2010. Cette source de revenus compterait donc pour 11% du chiffre d’affaires, contre 7% l’année dernière. Depuis le 1er juillet, les éditeurs d’applications qui vendent des services à l’intérieur du réseau social sont obligés de proposer ce moyen de paiement. Un bon moyen d’accélérer sa croissance.

30% du juteux marché des jeux sociaux

Pour l’instant, le développement de la monnaie virtuelle made in Facebook repose sur le marché des jeux sociaux, qui sont gratuits mais dans lesquels on achète des biens virtuels pour progresser dans le jeu. Facebook prélève 30% sur chaque transaction réalisée avec les Facebook Credits, que l’on peut se procurer dans les jeux eux-mêmes, ou dans l’onglet “Paiements” des paramètres de son compte. Le règlement se fait soit par carte bancaire, soit par PayPal, soit par virement, soit par téléphone mobile. Il reste possible d’acheter des biens virtuels par un autre biais, mais les Crédits doivent absolument faire partie de la palette d’outils proposés.

Une contrainte plutôt bien vécue par le leader français des jeux sociaux, Kobojo, qui a vu son chiffre d’affaires sur Facebook augmenter de 20% après avoir abandonné les autres solutions de paiement sur son jeu PyramidVille (2 millions de joueurs par mois). Avant d’abandonner tout autre moyen de paiement environ deux mois avant que les Facebook Credits deviennent obligatoire, Kobojo utilisait les solutions de Rentabiliweb, dont les reversements peuvent être inférieurs ou supérieurs à ceux de Facebook, suivant le moyen de paiement utilisé (Audiotel, SMS…). Guillaume Berthet, directeur marketing de la société, voit plusieurs avantages aux Credits : “L’utilisateur achète un portefeuille de Credits, qu’il peut dépenser en plusieurs fois et sur plusieurs jeux tout en sortant sa carte bancaire une seule fois. L’homogénéité de l’expérience quels que soient les jeux est intéressante, et la solution a l’avantage d’être rassurante pour le consommateur du fait de la notoriété de Facebook.” La start-up française en forte croissance, qui a levé 5,3 millions d’euros cette année, ne s’est même pas posé la question de conserver d’autres moyens de paiement. “Cela aurait compliqué la vie des joueurs”, explique Guillaume Berthet.

En capitalisant sur la croissance du marché des jeux sociaux, Facebook a parié sur le bon cheval. Selon Inside Network, le chiffre d’affaires du secteur devrait atteindre 1,6 milliard de dollars en 2012. Soit près de 60% de croissance, si l’on en croit les prévisions d’eMarketer pour cette année. Un marché dont Facebook capte 30%.

Le Graal du micropaiement pour l’industrie du divertissement ?

Pour stimuler l’adoption des Facebook Credits, le réseau social ne s’en remet pas qu’aux développeurs de jeux. Il fait jouer les synergies. Ainsi, les marques présentes sur Facebook qui l’utilisent pour communiquer sont de plus en plus nombreuses à offrir des Credits pour un achat (La Redoute, Yves Rocher, La Poste, Fnac, Carrefour…), ou pour une inscription à une newsletter, par exemple. Aux Etats-Unis, Bing récompense même en Credits la découverte de certains de ses services.

Du côté des dépenses, là encore, Facebook joue la diversification. Désormais, aux Etats-Unis les Credits servent à acheter de la VoD sur l’application Facebook de Warner, des retransmissions live de concerts, à voter pour des candidats dans des émissions de télé-réalité… Facebook aimerait que cette solution de micropaiement s’applique à toute l’industrie du divertissement, ainsi qu’aux médias.

Une diversification bienvenue

La diversification des revenus qu’apportent les Credits est une aubaine pour Facebook, car la croissance de ses revenus publicitaires devrait se tasser à l’avenir, explique le site Advertising Age. Un tassement dû, pour partie, à la maturité grandissante du site, mais aussi aux taux de clic assez bas généré par les bannières. “De nombreux annonceurs pensent toujours que les publicités ne sont pas efficaces pour générer du clic et d’autres actions”, justifie une analyste d’eMarketer.

Raphaële Karayan (L’Expansion.com)

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