Comment RockMelt veut révolutionner les navigateurs Web

Entretien avec les fondateurs de RockMelt, le nouveau navigateur qui intègre les fonctionnalités de Facebook et Twitter dans son interface.

Si Facebook avait créé un navigateur Web, il ressemblerait à RockMelt. Et ce n’est sans doute pas une coïncidence. Marc Andreessen, inventeur du premier navigateur Web (Mosaic) et membre du conseil d’administration de Facebook, est aussi le principal investisseur dans cette jeune pousse de 30 personnes.

Le navigateur Web de RockMelt a été développé à partir d’une version de Chromium, le projet Open Source de Google lancé il voici deux ans et qui sert de base à son propre navigateur, Chrome. La principale innovation de la start-up est l’intégration de Facebook au sein même du navigateur, facilitant l’échange d’informations avec ses amis présents sur le réseau social. Il est aussi possible d’ajouter à l’interface de RockMelt son compte Twitter ainsi que d’autres fils d’informations (RSS).

“Le navigateur social de RockMelt est vraiment étudié pour les fans de Facebook, ce qui représente un marché potentiel énorme : environ un quart des gens sur le Web !”, apprécie Charlene Li, analyste chez Altimeter Group.

Une idée simple qui a pourtant suffi à RockMelt pour lever près de 10 millions de dollars en deux ans et s’installer dans la capitale des navigateurs Web, Mountain View, où sont aussi Google (Chrome), Microsoft (Internet Explorer), Mozilla (Firefox) et Opera.

Pour L’Expansion.com, les fondateurs, Eric Vishria (CEO) et Tim Howes (directeur technique), s’expliquent sur leur stratégie de conquête du marché des navigateurs Web, aujourd’hui archi-dominé par Internet Explorer et Firefox.

Pourquoi avoir choisi de développer votre propre navigateur Web et non ajouter ces nouvelles fonctions sociales aux navigateurs existants ?

Eric Vishria. Tout simplement pour une question de contrôle. Il aurait été impossible d’offrir une telle intégration avec Facebook et d’autres réseaux sociaux, ainsi que la synchronisation de vos préférences et la facilité de partager des informations sur Facebook ou Twitter, avec un simple plug-in pour Firefox ou Chrome. RockMelt est aujourd’hui le seul navigateur qui se connecte automatiquement à Facebook au démarrage et qui est mis à jour en temps réel.

Ce côté social suffira-t-il pour faire basculer les utilisateurs vers RockMelt ?

EV. Je pense que oui. A commencer par les plus de 500 millions d’utilisateurs Facebook qui seront tentés par une expérience plus intégrée à leur réseau social. Ensuite, sur les trois dernières années, 500 millions d’utilisateurs ont changé de navigateur selon Nielsen. Ce n’est donc pas une idée si farfelue.

Comment cela fonctionne-t-il ?

Tim Howes. Nos serveurs se connectent à vos comptes (Facebook, Twitter, etc.) et communiquent en temps réel l’activité de vos amis au navigateur. C’est une fonction de push classique, comme le fait par exemple BlackBerry sur ses smartphones, mais cette fois pour la navigation sur le Web. Grâce à cette architecture client-serveur, RockMelt est finalement le parfait logiciel client pour Facebook et Twitter. Vous n’avez plus besoin d’aller sur le site Web de Facebook pour converser en direct avec vos amis et partager vos informations. Tout est fait à partir du navigateur, quelle que soit la page Web où vous vous trouvez.

La recherche Google semble aussi plus rapide. Comment faites-vous ?

TH. C’est parce que nous fournissons uniquement les résultats de votre requête, et non toute l’interface et les options qui vont autour, lorsque vous allez sur le site de Google. Cette simplification permet d’être plus rapide.

Comment assurez-vous la confidentialité de cet énorme flux d’informations personnelles qui est diffusé à travers votre système ?

TH. D’abord, tout est crypté. Ensuite, nous ne stockons rien sur nos serveurs qui se connectent à ceux de Facebook, via l’interface Facebook Connect, puis renvoient ce flux au navigateur RockMelt. C’est un système qui requiert énormément de puissance de calcul. C’est pourquoi, dans notre phase de démarrage, nous limitons le nombre de gens qui peuvent accéder à notre service.

Quel est votre modèle économique ?

EV. Comme tous les navigateurs Web, nous comptons sur les partenariats avec les moteurs de recherche pour générer nos premiers revenus. Par la suite, on réfléchit à des services additionnels payants, directement accessibles sur le navigateur, comme les jeux sociaux par exemple.

A quand une version française ?

EV. C’est prévu pour l’année prochaine. Comme Chromium est déjà disponible en français, la majorité de RockMelt l’est aussi automatiquement. En revanche, les fonctions que nous avons développées en interne, comme l’intégration à Facebook et Twitter, devront être adaptées.

Jean-Baptiste Su (dans la Silicon Valley), L’Expansion.com

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content