Comment les stars se font payer pour tweeter

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La publicité commence à débarquer sur Twitter, notamment sous forme de messages sponsorisés. Mais les gains ne sont pas toujours au rendez-vous, à moins d’être une célébrité. Entretien avec Ted Murphy, le PDG-fondateur de Sponsored Tweets.

Le Web l’a rendu millionnaire

De programmeur à l’un des twitterers les mieux payés, Jeremy Schoemaker est l’archétype de l’entrepreneur Web. Après avoir blogué pour de l’argent, maintenant, il tweete. “En un mois, j’ai gagné plus de 15.000 dollars, alors que je n’avais que 70.000 fans sur Twitter”, déclare ce marketeur Internet auto-proclamé. “Twitter est le nouveau AdWords”. D’après Schoemaker, les annonceurs sont prêts à payer plus cher pour le trafic venant de Twitter que de Google. “La conversion est tout simplement meilleure”. Prochaine étape? Facebook. “La valeur d’un clic Facebook est encore plus élevée que sur Twitter. Cela va créer des opportunités pour les premiers qui en profiteront, comme ce fut le cas pour AdWords à l’époque et maintenant les tweets sponsorisés”, résume-t-il.

Le tweet qui vaut 10.000 dollars. Si Twitter cherche encore un modèle économique viable pour monétiser ses 75 millions d’utilisateurs (selon RJMetrics), certains ont déjà flairé le bon filon pour tirer des revenus publicitaires de Twitter. En tête, des sociétés comme Ad.Ly, MyLikes, Sponsored Tweets ou TwittAd qui cherchent à inonder le site de micro-blogging de publicités.

Une aubaine pour des célébrités comme l’héroïne de télé-réalite Kim Kardashian ou encore le rappeur Soulja Boy Tell ‘Em: ils perçoivent des dizaines de milliers de dollars pour un “tweet”, ce petit message de 140 caractères ou moins, diffusé aux fans qui les suivent sur Twitter.

Des sommes mirobolantes qui suscitent l’inquiétude de la FTC (Federal Trade Commission). Au point de pousser l’autorité américaine en charge de la concurrence et de la répression des fraudes à mettre a jour, en octobre dernier, son guide de bonne conduite pour la diffusion de messages publicitaires, afin d’y inclure les réseaux sociaux (Facebook et Twitter) et les blogs. Les “twitterers” et blogueurs doivent désormais indiquer clairement toute connexion à un annonceur (rémunération, produits gratuits, etc), sous peine d’une amende de 11.000 dollars par infraction.

Les explications de Ted Murphy, le PDG-fondateur d’Izea, le groupe à l’origine de Sponsored Tweets, lancé en juillet 2009.

Est-il vraiment possible de gagner des dizaines de milliers de dollars pour un tweet?

Ted Murphy. Absolument, le plus que l’on ait payé est 20.000 dollars pour un tweet. Mais cela reste une exception plus que la règle. Pour espérer toucher ce montant, il faut avoir des millions de “followers”, comme Kim Kardashian qui en a plus de 2 millions [selon Sysomos, seul 0,68% des utilisateurs de Twitter ont plus de 1.000 followers, NDLR]. Nous avons aussi un algorithme, une sorte de Google PageRank mais pour Twitter, qui nous permet de classer les meilleurs “twitterers” pour nos annonceurs. Mais en général les sommes sont très inférieures à celles que perçoivent les célébrités.

Combien vaut un tweet ?

En moyenne, un twitterer peut espérer gagner à partir de 50 cents par tweet, soit quelques centaines de dollars par mois.

Quels sont les annonceurs qui font de la publicité sur Twitter?

Je pense que toutes les marques sont représentées, d’une manière ou d’une autre. Soit pour voir ce qui se dit sur elles, soit pour créer du buzz autour de leurs produits et générer de la demande. Ce qui n’est pas possible avec de simples liens sponsorisés. Chez Sponsored Tweets nous comptons plus de 3.500 annonceurs comme Black & Decker, Disney, Microsoft ou Universal Music.

En quoi vous différenciez-vous de concurrents comme Ad.Ly ou MyLikes?

Nous avons commencé en 2006 dans le sponsoring de blogs et utilisons la même plateforme marchande pour relier les blogueurs et les twitterers à nos annonceurs. Nous avons donc plus d’expérience, plus d’annonceurs et plus de campagnes (environ 10.000 par mois) que la dizaine d’autres concurrents qui existent sur ce marché des “conversations sponsorisées”. Nous sommes aussi financièrement solides puisque nous avons levé 10 millions de dollars auprès de sociétés de capital risque.

Quelles différences faites-vous entre le sponsoring de blogs et de tweets?

Il est beaucoup plus difficile d’écrire un bon billet qu’un message de 140 caractères. Et ça se ressent au niveau des prix pratiqués, puisqu’un billet sponsorisé est payé environ 35 dollars, contre quelques centimes pour un tweet. Mais la croissance du marché des tweets sponsorisés est bien plus rapide que pour le blogging, tout simplement parce-qu’il y a beaucoup plus de tweets.

Ne craignez-vous pas de mécontenter les utilisateurs avec cet afflux de publicité?

Il est important que chacun y trouve son compte. Par exemple, si vous êtes fan de Mac, il serait contre-productif de faire de la pub pour Windows. Vos fans ne comprendraient pas. Nous conseillons aussi de ne pas diffuser plus de deux tweets sponsorisés par semaine. Enfin, il est important d’être transparent et de signaler clairement que ce sont des publicités. Car on peut perdre ses fans très rapidement sur Twitter: d’un clic ils peuvent se désabonner de votre flux. Ce qui est pour moi le meilleur mécanisme contre le spam!

Propos recueillis par Jean-Baptiste Su, dans la Silicon Valley

Trends.be,L’Expansion.com

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