4G : La proposition d’Huytebroeck ne règlera pas tout

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La ministre de l’Environnement présente son projet au gouvernement bruxellois. Il est reçu avec circonspection par les opérateurs télécoms.

Pressée par les opérateurs télécoms et par les autres partis politiques, la ministre Ecolo a rendu public – un peu plus tôt que prévu – son projet pour la 4G à Bruxelles. On le sait, selon Belgacom, Mobistar et Base, le développement en région bruxelloise de l’Internet mobile ultra-rapide (la fameuse 4G) est compromis par des normes d’émission d’ondes GSM beaucoup trop strictes. Evelyne Huytebroeck a donc planché sur un aménagement des règles. Mais elle ne souhaite pas céder sur l’essentiel : elle ne transigera pas sur la norme de 3V/m (volts par mètre), la plus sévère au monde d’après les opérateurs. “Pourquoi pas la plus sévère de l’univers”, ironise la ministre.

Dans la proposition de la ministre mise sur la table du gouvernement bruxellois, la norme de 3V/m est donc conservée, mais elle n’est plus cumulative pour l’ensemble des technologies mobiles. Elle est en quelque sorte scindée en deux parties : d’une part la 4G ne pourra pas émettre plus de 3V/m, d’autre part la 2G et la 3G ne pourront pas émettre ensemble plus de 3V/m. La ministre estime que ce projet pourrait être adopté par le Parlement bruxellois à l’automne 2013. C’est en tout cas une mini-concession qui devrait donner un peu de mou aux opérateurs pour le déploiement de la nouvelle technologie 4G. “Cela signifie qu’à certains endroits très limités, les émissions pourraient atteindre maximum 4,2 V/m, estime la ministre. Cette proposition concilie les impératifs de santé publique, environnementaux, économiques et technologiques.”

Une solution durable ?

Pas sûr que les opérateurs soient sur la même longueur d’ondes. Pas de commentaires, pour l’instant, chez Belgacom. Chez Base, on salue le fait que le dossier bouge enfin, après plusieurs mois de discussions infructueuses. Mais sous réserve d’une analyse en profondeur, on doute que la solution soit “durable”. Le développement de la 4G favorisera en effet l’augmentation du trafic sur l’Internet mobile, ce qui aura pour effet des émissions plus importantes. Chez Base, on craint d’être “à nouveau bloqués dans quelques années”. Même chose chez Mobistar : “Cela ne correspond pas vraiment à ce qu’on demandait. Cette proposition ne résout pas les problèmes existants pour la 2G et la 3G”, avance le porte-parole de l’opérateur.

C’est bien là le noeud du problème. Si le déploiement de la 4G devrait être facilité par la “nouvelle” norme, les réseaux 2G et 3G risquent quant à eux de souffrir. D’après une récente analyse de l’IBPT, le gendarme du secteur télécoms, 88 % du trafic mobile passe actuellement par la 2G. C’est donc là que se concentrent aujourd’hui les émissions. Du côté du cabinet de la ministre, on espère un transfert de technologie de la 2G, jugée plus “polluante” en termes d’émission d’ondes GSM, vers la 4G. Ce transfert pourrait même évoluer vers un abandon progressif de la 2G.

La qualité du réseau 2G/3G en question

Mais cela ne se fera pas en deux coups de cuillère à pot. En attendant, les opérateurs ont besoin des “vieilles technologies” 2G et 3G pour assurer les communications téléphoniques et le trafic de données (Internet mobile). Or, les opérateurs assurent qu’ils éprouvent déjà des difficultés à se conformer à la norme de 3V/m pour le couple 2G/3G. En septembre prochain, les conditions prévues par certains permis d’environnement imposeront aux opérateurs de modifier l’orientation de certaines de leurs antennes, ou d’en baisser la puissance. Dans son rapport, l’IBPT évoque des dégradations possibles dans la qualité du réseau (coupures d’appel, problèmes de qualité de son…) si la norme n’est pas adaptée. Piste de solution évoquée par le cabinet Huytebroeck : les délais pour implémenter ces permis d’environnement pourraient être allongés au-delà de septembre 2013.

Evelyne Huytebroeck estime quant à elle que les opérateurs “n’ont pas été très proactifs” au moment d’installer de nouvelles antennes sur le territoire bruxellois, ce qui leur aurait permis de se conformer plus rapidement à la norme de 3V/m tout en assurant une bonne couverture réseau. “Quand je vois les bénéfices qu’ils dégagent, je ne comprends pas ce qui empêche les opérateurs de déployer 300 nouvelles antennes”, grince la ministre. Les opérateurs rétorquent qu’il est compliqué de trouver des sites disponibles mais aussi d’obtenir des permis d’urbanisme, ce qui peut prendre jusqu’à 400 jours. Le cabinet Huytebroeck reconnaît les difficultés mais avance une solution. “J’ai proposé au gouvernement que l’on puisse installer de nouvelles antennes sur des bâtiments publics”, répond la ministre.

Grain de sable

La ministre de l’Environnement tient aussi à rappeler qu’elle ne travaille pas pour les opérateurs, et qu’elle cherche à imposer des normes de régulation, ce que les opérateurs ont du mal à accepter. “Cette norme, c’est un grain de sable dans le système des télécoms”, explique-t-elle. Un grain de sable qui n’en a pas fini de compliquer les relations entre la région bruxelloise et les opérateurs télécoms.

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