Guerre, endettement, immigration: les leçons d’économie de Game of Thrones

Extrait de la saison 7 de Game Of Thrones

Banque toute puissante, question migratoire. Au-delà de son intrigue épique, le monde de Westeros dans Game of Thrones s’appuie sur un système économique réaliste qui s’inspire de l’histoire médiévale, tout en lançant des clins d’oeil aux problèmes contemporains.

Attention, cet article contient des spoilers

Avant le lancement de l’ultime saison, le 14 avril, voici un état des lieux de l’économie sur ce continent imaginaire.

Une banque toute puissante

“La banque de fer obtient toujours son dû”. La devise de cette mystérieuse institution financière donne le ton: il s’agit du véritable lieu de pouvoir dans l’univers de la saga.

Sorte d’hybride entre Goldman Sachs, le FMI et les premières banques privées italiennes du Moyen-Age, elle a le pouvoir de faire et de défaire les rois par ses prêts de plusieurs millions de dragons, la monnaie locale.

Dans la saison 4, alors qu’elle doute de la capacité de remboursement de la famille Lannister au pouvoir, elle n’hésite pas à soutenir financièrement une intervention militaire pour tenter de les renverser.

“La Banque de Fer n’est pas motivée par l’aide au développement, elle se contente de prêter à celui qui a le moins de risque de faire défaut”, résume à l’AFP Matthew McCaffrey, économiste à l’université de Manchester.

Connue pour son froid réalisme économique, elle fait peu de cas de la situation de ses débiteurs, comme lorsqu’elle exige des remboursements des Lannister alors que les coffres du royaume sont à sec, les obligeant à des alliances de circonstances.

Pour l’heure, la banque a décidé de soutenir Cersei Lannister, la reine actuelle, dans la grande bataille pour le trône qui se profile contre Danaerys Targaryen.

Un choix pragmatique de la banque, probablement échaudée par la libération de nombreux esclaves décidée par Danaerys qui a tari une de ses sources de revenus.

Un Etat guerrier endetté

L’argent ruisselle très verticalement à Westeros avec au sommet de la pyramide, la couronne occupée par les Lannister.

Pour remplir ses coffres, elle taxe les grandes maisons des différents royaumes qui eux-mêmes récupèrent des impôts sur des maisons moins prestigieuses et ainsi de suite jusqu’au bas de l’échelle avec les paysans.

“C’est un système de caste. Chacun exploite celui qui se trouve en-dessous de lui et il est très difficile de sortir de la classe où l’on est né”, pointe Matthew McCaffrey.

Mais face à l’assèchement des mines d’or du royaume et à une faible diversification économique, les Lannister creusent jour après jour leur endettement.

La faute notamment à une politique militaire expansive, avec la reconstruction de la flotte royale et à leurs somptuaires dépenses en festivités et tournois.

En monarques autoritaires, les Lannister matent dans le sang les tentatives de soulèvement d’une population, engluée dans la pauvreté et utilisée comme chair à canon.

“Ils s’accaparent les richesses et sont plus intéressés par le maintien de leur pouvoir politique que par la prospérité du peuple”, explique Matthey McCaffrey.

Des problèmes migratoires

Le modèle économique de Game of Thrones est plutôt protectionniste, avec l’immense mur de glace qui séparent les terres les plus au nord, réputées hostiles, du reste de Westeros.

Gardé par une armada hétéroclite de mercenaires, ce mur a pour but de repousser les migrants qui voudraient le franchir. Une mission appliquée à la lettre dans la saison 4 lors de la bataille de Chateaunoir.

Côté nord, un agrégat de tribus, à l’organisation quasi anarchiste, tente de fuir l’exécrable météo qui s’annonce, et le déferlement des Marcheurs Blancs, monstres belliqueux qui anéantissent tout sur leur passage.

Une brèche dans cette stricte politique migratoire viendra plus tard, grâce à l’humaniste Jon Snow qui renoncera à la violence pour leur ouvrir les portes du Mur.

“Les gens étaient très inquiets d’ouvrir leurs portes aux +sauvageons+ mais au final ils se révèleront être d’une grande aide”, explique M. McCaffrey.

Une économie féodale peu développée

Gouvernée par des familles qui concentrent la richesse depuis des siècles, Westeros n’a pas connu d’avancée technologique majeure.

L’environnement de la saga rappelle le Moyen-Age européen avec des infrastructures inexistantes où il faut des jours de marche ou de charrette sur des chemins défoncés pour rallier deux villes.

L’arrivée d’un long hiver menace en outre l’agriculture, principale ressource de la population. Les multiples guerres de succession et l’instabilité politique qui en découle n’encouragent pas le développement économique.

La menace des Marcheurs Blancs pourrait néanmoins obliger les royaumes à adopter une logique d’action collective pour mettre de côté leurs querelles face à cet ennemi commun.

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