Les Galler: des passionnés de père en fille

A l'image de son chocolat dans lequel il n'y a pas une goutte d'huile de palme, la famille Galler est également très attentive à la qualité du vin qu'elle produit et a opté dès le début pour le bio. © ISOPIX

Le nom Galler est aujourd’hui une référence en chocolaterie mais Jean Galler, fondateur de l’entreprise éponyme, et sa fille, Justine, se sont lancés en 2010 avec Septem Triones dans un autre défi : la vigne. Un mariage entre chocolat et vin qui ne peut que ravir les amateurs de produits du terroir.

A vol d’oiseau, un kilomètre à peine sépare la chocolaterie Galler des vignes de Septem Triones, situées à Vaux-sous-Chèvremont. C’est dans ce cadre champêtre que Jean Galler et sa fille Justine se sont lancés dans la production de vin bio. Mais avant de passer au vin, revenons brièvement au chocolat qui a valu à Jean Galler la notoriété et le succès notamment récompensé par le titre de Manager de l’Année (1994). En quatre décennies – la chocolaterie a été fondée en 1976 -, Galler s’est imposée sur le marché et est devenue une référence dans le métier. Tant en Belgique qu’à l’international.

L’entreprise liégeoise dispose encore de belles potentialités de croissance. D’autant qu’elle peut s’appuyer sur la famille royale du Qatar qui est présente depuis 10 ans dans son capital. Elle en détiendrait aujourd’hui la majorité via Galler Holding dont Jean Galler est administrateur délégué. Dans cette dernière, lui-même dispose de 13 % via Septem Triones, nom que porte le vignoble de Justine et Jean Galler. La boucle est bouclée, nous voilà de retour dans les vignes.

Vignoble liégeois

Un retour qui s’inscrit dans une tendance plus large que l’on observe en Belgique depuis maintenant quelques années avec la création de multiples vignobles. Rien qu’en province de Liège, on en compte une petite dizaine.

Les Galler s'attendent à une production de l'ordre de 800 bouteilles.
Les Galler s’attendent à une production de l’ordre de 800 bouteilles.© ISOPIX

“L’aventure de la vigne était en nous depuis toujours. A l’origine, nous l’imaginions dans le Rhône, mais nos racines sont de plus en plus profondément ancrées en terre liégeoise… Cette terre se prêtant merveilleusement à la vigne, c’est là que nous avons décidé de réaliser nos rêves, soulignent Justine et Jean Galler sur le site de Septem Triones. Ces termes sont à l’origine du mot septentrional. En latin, cela signifie “les sept boeufs de labour” qui ne sont autres que les sept étoiles de la Grande Ourse. Cette constellation, comme on le sait, indique le nord. Notre vignoble est situé en région septentrionale, il est géré selon les rythmes planétaires et stellaires, son appellation devient alors une évidence.”

Tombée toute petite dans la chocolaterie, Justine Galler s’y est naturellement retrouvée en 2004 après ses études de gestion à l’ULg. “Pour tout le monde, il semblait évident qu’il fallait que je reprenne la chocolaterie même si mes parents m’ont toujours dit que je ne devais pas me sentir obligée et que je pouvais faire ce que je voulais. J’y ai créé le service marketing et me suis occupée des relations presse.”

Au fil des mois, elle s’aperçoit qu’elle n’est pas carriériste et qu’elle souhaite davantage privilégier sa vie de famille. Elle se sent en outre intéressée par l’écologie. Fin des années 2000, elle démissionne. A la même époque, Jean Galler commence à planter ses vignes, réalisant ainsi un rêve vieux de 30 ans. “Il a toujours suivi des cours d’oenologie, explique Justine Galler. C’est sa deuxième passion. Il a fait analyser le sol et il se fait qu’il se prêtait parfaitement à la vigne. Il n’imaginait toutefois pas que cela prenait autant de temps et il m’a alors demandé de le rejoindre. Je suis tout de suite tombée amoureuse du contact avec la terre. De plus, le vignoble est proche de chez moi et je peux ainsi m’occuper de ma petite fille qui a aujourd’hui 7 ans.”

Progression de la chocolaterie

En quatre décennies, la chocolaterie Galler s'est imposée sur le marché et est devenue une référence dans le métier. Tant en Belgique qu'à l'international.
En quatre décennies, la chocolaterie Galler s’est imposée sur le marché et est devenue une référence dans le métier. Tant en Belgique qu’à l’international.© BELGA

Aujourd’hui, Justine Galler se consacre à la vigne. Son père, tout en passant chaque matin dans le vignoble, est pour sa part actif à 100 % dans la chocolaterie, où travaille son beau-fils, Quentin Laezza. “Il abat un travail formidable, intervient Jean Galler. Il est revenu dans l’entreprise il y a trois ans. Outre la gestion qu’il maîtrise parfaitement, il est passé par la qualité, la R&D et la production et lancé un ERP (progiciel de gestion intégré, Ndlr). Nous faisons partie des 5 % d’entreprises en Belgique qui tiennent leurs délais et leurs budgets, c’est un succès colossal. L’objectif, c’est qu’un jour, il me remplace.”

Parallèlement au vignoble naissant, la chocolaterie, qui emploie 180 personnes pour un CA de l’ordre de 30 millions d’euros, continue à se développer. Sur les 18 derniers mois, elle a ainsi ouvert quatre boutiques en Belgique (Anvers, Gand, Charleroi et Bruxelles). Ses premiers marchés à l’export sont la France, le Moyen-Orient et le Japon. A l’image de son chocolat dans lequel il n’y a pas une goutte d’huile de palme, la famille Galler est également très attentive à la qualité du vin qu’elle produit et a opté dès le début pour le bio.

Jean Galler
Jean Galler© BELGA

Au départ, d’autres vignerons belges étaient dubitatifs mais certains se sont convertis au bio et ont délaissé le conventionnel. Le vin est par ailleurs le seul produit alimentaire sur lequel le consommateur ne trouvera pas de composition indiquée. “C’est un scandale, ajoute Jean Galler. Il faut savoir qu’il peut y avoir dans un vin non bio jusqu’à 800 molécules différentes.”

Même si c’est encore une goutte d’eau dans la production viticole, le bio commence doucement à émerger. En France, certaines régions comme l’Alsace et le Languedoc sont pionnières alors que d’autres sont plus réfractaires comme le Bordelais ou la Champagne. Mais même dans cette dernière, cela évolue discrètement. A Vaux-sous-Chèvremont, le choix a été clairement fait et s’inscrit dans le respect de la nature.

Vin bio et haut de gamme

Un choix qui nécessite davantage de travail et d’implication comme en témoigne Justine Galler : “Au début, je travaillais toute seule. Quand nous avions 2.000 pieds de vigne, c’était encore possible. Maintenant qu’il y en a 9.000, je bénéficie de l’aide ponctuelle de personnes qui viennent effectuer les multiples tâches que requiert le vignoble. Chaque année, on ajoute 500 pieds.”

Le vignoble compte cinq principaux cépages : chardonnay et pinot blanc (blanc) et pinot noir, gamay et cabernet franc (rouge) ainsi que 27 autres cépages qui sont testés pour voir ceux qui s’épanouissent le mieux sous le climat liégeois. Outre ses crus mono-cépages, Septem Triones propose également un blanc à 10 cépages et un rouge à cinq cépages.

Jean Galler
Jean Galler© ISOPIX

Cette année, Justine et Jean Galler s’attendent à une production de l’ordre de 800 bouteilles. Une production encore limitée, très sujette aux aléas climatiques – le millésime 2016 a ainsi été catastrophique avec seulement une quarantaine de bouteilles – avec un prix qui oscille entre 35 à 80 euros. Un prix qui s’explique par le soin apporté à la terre et aux vignes. Tout est fait à la main.

En outre, l’absence de pesticides et autres produits chimiques a donné au terroir de Septem Triones une remarquable biodiversité qui contribue à la qualité du vin et a même étonné l’agronome français Claude Bourguignon, fondateur du LAMS (Laboratoire d’analyse microbiologique des sols).

Les bouteilles dont les étiquettes ont été dessinées par l’épouse de Jean Galler sont numérotées et s’adressent “à des passionnés qui ont envie de faire des découvertes et qui sont prêts à mettre le prix pour autant que l’on ne se moque pas d’eux”, concluent Justine et Jean Galler.

Guy Van den Noortgate

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