Famille Depairon, à la pointe de la technologie

René Depairon Jr: "Ce qui nous permet de tirer notre épingle du jeu, c'est notre flexibilité." © PG

Blanchisserie spécialisée dans la location et l’entretien des vêtements de travail, la société verviétoise Depairon est active sur l’ensemble de la Wallonie, où elle occupe une position de leader.

C’est à la fin du 19e siècle que débute l’histoire de la blanchisserie Depairon. Plus précisément en 1896, quand Henri Depairon, arrière-grand-père de l’actuel administrateur délégué, René Depairon, lance avec son jeune fils une blanchisserie moderne au coeur de Verviers. “A l’époque, c’était un lavoir public qui accueillait les lavandières. Mon grand-père avait fabriqué des cuves en bois dans lesquelles elles venaient laver le linge. La blanchisserie fournissant le savon et l’eau.”

Henri Depairon
Henri Depairon© PG

Le grand-père, Henri, et ses deux fils ont ensuite développé l’entreprise au fil des années comme une blanchisserie traditionnelle. Mais au milieu des années 1960, le père de l’actuel administrateur, également prénommé René, pressent que cette activité doit se remettre en question et innover. “C’est là que mon père a eu cette idée géniale de se spécialiser dans la location et l’entretien de vêtements de travail, poursuit le petit-fils du fondateur. Tout en restant des blanchisseurs, nous avons presque changé de métier. En 1968, il crée la société Depairon et durant les premières années, il est au four et au moulin. Au début, il joue un véritable rôle d’homme-orchestre. Il va progressivement engager une première personne, puis une deuxième, et ainsi de suite.”

Croissance régulière

Après avoir achevé ses études secondaires, René Depairon rejoint son père au début des années 1970. Il y aura dès lors dans l’entreprise un René senior et un René junior. Ils vont travailler de concert pendant plus de quatre décennies. Pour la petite histoire, aujourd’hui âgé de 87 ans, le père n’a fait valoir ses droits à la pension qu’il y a quatre ans, à l’âge de 83 ans, désarçonnant au passage quelque peu les employés du Service fédéral des Pensions.

Famille Depairon, à la pointe de la technologie
© PG

Mais revenons aux premières années de la société familiale, dont le démarrage s’est réellement amorcé au milieu des années 1970. C’est en effet en 1975, avec l’entrée en vigueur de la loi Glinne, que l’entreprise s’engage sur le chemin d’une croissance solide et régulière qui va l’amener en moins d’un demi-siècle à la position de numéro un wallon. Cette loi, unique en Europe, généralise le port du vêtement de travail dans toutes les entreprises et les services. Ce vêtement de travail devant être nettoyé, réparé et entretenu en état normal d’usage par l’employeur. Le vaste marché qui s’ouvre à l’entreprise verviétoise est également rapidement convoité par les groupes étrangers. Ces derniers, toujours présents, constituent actuellement ses principaux concurrents. “Ce qui nous permet de tirer notre épingle du jeu, c’est notre flexibilité, souligne René Depairon. Nous sommes extrêmement réactifs. J’ai coutume de nous comparer à un banc de sardines alors que les multinationales ressemblent davantage à des baleines. Dans une société familiale, la prise de décision est extrêmement rapide. En outre, nous avons l’avantage de concentrer toutes nos activités sur un seul site.”

Un métier de spécialistes

En 2017, la PME wallonne affiche une excellente santé et une belle taille. Elle compte 159 collaborateurs, dont 65 % de femmes, et affiche un chiffre d’affaires de 16 millions d’euros. Elle s’illustre dans une activité qui n’est pas très “sexy” mais qui mérite d’être mieux connue, d’autant que le métier n’a plus rien à voir avec celui exercé à la fin du 19e siècle. La blanchisserie industrielle est non seulement à la pointe de la technologie mais est également très spécialisée. Autrement dit, on ne mélange pas les serviettes, les draps et les vêtements de travail.

René Depairon Sr.
René Depairon Sr.© PG

“Nous sommes exclusivement actifs dans la location et l’entretien de vêtements de travail, explique l’administrateur délégué. En province de Liège, nous avons également deux autres blanchisseries industrielles avec lesquelles nous sommes complémentaires. D’une part, Ardenne et Meuse (A&M Location de linge), dans le parc industriel des Hauts-Sarts, qui est spécialisée dans le secteur de l’horeca, et d’autre part, Servitex, à Battice et Welkenraedt, qui est une blanchisserie hospitalière. La blanchisserie est un métier de spécialistes qui présente de nombreuses facettes. A côté de la production proprement dite, on retrouve de la logistique, du marketing, du relooking de vêtements, etc.”

Palette de services

Sous le vocable de “vêtements de travail” se déploie, en effet, une large gamme d’habits, qui va de la tenue de pompier à celle d’ouvrier des chemins de fer en passant par le boucher de l’atelier de découpe et le technicien aéronautique. Autant dire qu’il n’y a pas deux clients similaires dans le portefeuille de Depairon.

“Jadis, il y avait un bleu de travail et une ou deux paires de chaussures de sécurité que l’on retrouvait un peu partout, poursuit René Depairon. C’est terminé aujourd’hui : les vêtements de travail sont devenus beaucoup plus élaborés. Selon l’activité, les textiles présentent d’autres caractéristiques et propriétés. Nous sommes particulièrement attentifs à ces détails et suivons le vêtement de travail depuis sa prise en charge chez le client jusqu’à son retour dans l’armoire du salarié. Il a été scanné, contrôlé, trié, nettoyé, et éventuellement réparé – nous disposons d’une équipe de 11 couturières. Nous adaptons en permanence nos processus et nos outils afin de répondre aux exigences de notre clientèle, qui est elle-même soumise à des normes de plus en plus strictes en matière d’hygiène. Nous sommes ainsi certifiés ISO 9001 depuis 1995 et EN14065 (maîtrise de la biocontamination) depuis 2010.”

Famille Depairon, à la pointe de la technologie
© PG

Une clientèle que l’on retrouve dans une multitude de secteurs, de l’agroalimentaire à l’aéronautique en passant par la sidérurgie, les services et l’administration.

Les activités et services de Depairon ne se limitent pas à la location et l’entretien de vêtements de travail ainsi qu’à la location d’armoires distributrices, tapis et autres bobines d’essuyage.

L’entreprise dispose ainsi sur son site verviétois de deux showrooms (industriel et horeca/paramédical) et propose également à la vente des articles EPI (équipement de protection individuelle) ainsi qu’une gamme de produits d’hygiène. Le site de production qui s’étend sur 24.000 m2 peut encore être agrandi si le besoin s’en fait sentir. Afin de poursuivre son développement, Depairon vient de consentir un investissement de 6 millions d’euros qui se traduira par un nouveau hall de réception, tri et lavage. “Nous devons toujours être au top pour nos clients, ajoute René Depairon. Par ailleurs, en automatisant certains processus, nous allons pouvoir libérer les opérateurs de certaines tâches fastidieuses pour les diriger vers des fonctions à plus haute valeur ajoutée.”

Au tour de la cinquième génération

Aux côtés de René Depairon junior, âgé de 65 ans, s’épanouit maintenant la cinquième génération. Elle se partage différentes fonctions au sein de la société. Ainsi, ses deux filles se consacrent pour l’une, Emilie, à la direction des ressources humaines, et pour l’autre, Charlotte, à la gestion du point de vente horeca/paramédical.

Les deux enfants de sa soeur Yvonne sont également actifs dans l’entreprise familiale. Fabien est responsable du site de production et de la logistique et Virginie, du point de vente industriel. Autant dire que l’avenir de la société familiale semble assuré dans un secteur qui ne cesse d’innover et de progresser technologiquement dans la plus grande discrétion. Un peu à l’image de la société Depairon.

Depairon en quelques chiffres

• Un site de production de 24.000 m2

• Plus de 12.000 vêtements traités par jour

• Plus de 200.000 articles en stock

• 4.000 points de livraison desservis chaque semaine

• 80 tournées différentes

• 15.000 km parcourus par semaine en Wallonie

Guy Van den Noortgate

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