Zuckerberg préfère envoyer un adjoint devant une commission britannique

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Le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, ne souhaite pas se présenter devant une commission parlementaire britannique qui veut l’interroger sur le détournement de données personnelles récoltées par le réseau social, et propose à la place d’envoyer un de ses adjoints, selon un courrier dévoilé mardi.

Cette proposition a immédiatement été rejetée par les députés britanniques. Le président de la Commission sur le numérique, la culture et les médias Damian Collins a estimé qu’il était “approprié” pour M. Zuckerberg de s’expliquer lui-même au vu de la gravité des accusations.

Facebook est dans la tempête depuis les révélations sur les pratiques de la société Cambridge Analytica (CA), accusée d’avoir récupéré à leur insu les données de 50 millions d’utilisateurs du groupe californien et de les avoir utilisées pour appuyer la campagne présidentielle de Donald Trump en 2016.

Dans une lettre adressée à Damian Collins, la responsable de la politique publique de Facebook au Royaume-Uni, Rebecca Stimson, indique que “M. Zuckerberg a personnellement demandé à un de ses adjoints de se rendre disponible pour témoigner en personne devant la Commission”.

Elle y précise que le directeur technique Mike Schroepfer ou le responsable produit Chris Cox pourraient être présents “directement” après la suspension des travaux parlementaires de Pâques, soit le 16 avril au plus tôt.

“Nous serions très heureux d’inviter M. Cox à témoigner”, a déclaré M. Collins au début d’une séance de sa commission dont l’invité est le lanceur d’alerte Chris Wylie, ancien directeur de recherche de Cambridge Analytica.

“Toutefois nous voudrions toujours entendre M. Zuckerberg également”, a-t-il ajouté, précisant qu’il pouvait témoigner “en personne” ou “via visioconférence si c’est plus pratique pour lui”.

Dénonçant “un abus de confiance”, Facebook a affirmé ignorer que les données récoltées par CA via une application de tests psychologiques développée par un chercheur universitaire étaient utilisées à des fins politiques.

Dans le courrier, Rebecca Stimson indique que le réseau social collaborait avec les régulateurs à travers le monde pour évaluer le nombre de personnes touchées dans chaque pays. “Nous pouvons maintenant confirmer qu’environ un pour cent des téléchargements mondiaux de l’application proviennent d’utilisateurs dans l’UE, dont le Royaume-Uni”, a-t-elle dit.

Bruxelles veut des réponses d’ici “deux semaines”

Par ailleurs, la Commission européenne a demandé à Facebook d’apporter des réponses “dans les deux prochaines semaines” aux questions soulevées par le scandale Cambridge Analytica, pour savoir notamment si les données personnelles d’Européens ont été touchées.

L’exécutif européen souhaite également que le réseau social américain l’informe des mesures envisagées pour éviter qu’une telle affaire puisse se reproduire, indique un courrier envoyé lundi soir par la commissaire en charge de la Justice, Vera Jourova, et dont l’AFP a vu des extraits mardi.

Malgré ses excuses, Facebook n’a pas réussi à faire retomber la polémique sur la protection jugée insuffisante de ses utilisateurs, mise au jour dans les révélations sur l’exploitation à des fins politiques des données de 50 millions de personnes par la firme britannique Cambridge Analytica.

“Je vous écris pour mieux comprendre comment les données d’utilisateurs de Facebook, y compris potentiellement celles de citoyens de l’UE, sont tombées dans les mains de tierces parties à leur insu et sans leur consentement”, a indiqué Mme Jourova dans sa lettre adressée à la numéro deux de Facebook, Sheryl Sandberg.

“Je voudrais aussi savoir quels sont vos plans pour faire face aux récentes révélations”, a ajouté Mme Jourova, précisant qu’elle voudrait une réponse “dans les deux prochaines semaines” à ses questions.

La commissaire demande notamment comment Facebook compte appliquer les règles européennes sur la confidentialité des données et si “des données de citoyens européens ont été affectées par le récent scandale” lié à Cambridge Analytica.

“Si c’est le cas, comment comptez-vous en informer les autorités et les utilisateurs?”, interroge Mme Jourova.

“Avez-vous l’intention de changer quoi que ce soit dans votre approche de la responsabilité sociale de l’entreprise, en particulier lorsqu’il s’agit de transparence vis-à-vis de vos utilisateurs et des autorités de réglementation?”, demande-t-elle également.

Les récentes révélations sur l’utilisation des données d’utilisateurs de Facebook a poussé les dirigeants des 28 pays de l’UE à se saisir du dossier lors d’un sommet jeudi et vendredi dernier à Bruxelles.

“Les réseaux sociaux et les plateformes numériques doivent garantir des pratiques transparentes et une protection totale de la vie privée et des données personnelles des citoyens”, ont-ils insisté dans les conclusions du sommet.

Le président du Parlement européen, Antonio Tajani, a de son côté invité le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, à venir s’expliquer devant les eurodéputés.

Le scandale Cambridge Analytica a déjà fait partir en fumée des dizaines de milliards de dollars de capitalisation boursière au groupe, qui s’est offert une pleine page de publicité dimanche dans la presse britannique et américaine pour présenter de nouveau des excuses.

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